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Nos Lecteurs ont la Parole - Georges TYAN

Bras d’honneur !

Je vais encore me faire taper sur les doigts. Nul n'est prophète en son pays. De plus, je ne cherche pas à l'être, la plupart ayant fini au bout d'une corde ou sur un bûcher. Je tiens en me tenant dans mon intégralité devant le Juge suprême, d'ici à quelques longues années encore, rien ne presse, à être présentable sous toutes les coutures.
Pourtant il est des choses aberrantes qui se passent. Ne pas les dénoncer serait les cautionner, quoique un léger mieux se fasse sentir. Les pensionnaires de l'hôtel quatre étoiles de Roumieh mis au pas, leurs joujoux confisqués ; les ministres, pour meubler le temps, se sont donné le mot, entre bisbille et chamaillerie, pour tenter d'assurer aux Libanais une meilleure qualité de vie.
Si d'aucuns continueront à mourir de faim, les autres au moins ne partiront pas dans l'au-delà empoisonnés. C'est une bonne chose quand même à l'actif de nos responsables de veiller à ce que ceux qui, situation économique oblige, plongent dans les bennes à ordures à la recherche d'une maigre pitance pour subsister, y trouvent de la nourriture saine.
Ce qui est malsain par contre, c'est l'hémorragie qui frappe notre armée : on ne finit plus d'enterrer des soldats tombés au champ d'honneur, même si c'est en grande pompe et au milieu d'une foule en larmes, de veuves éplorées, de pères, de mères anéantis de douleur, de nourrissons atterrés par le malheur qui les entoure, les yeux écarquillés, ébahis, ne comprenant rien au cataclysme qui les frappe, à leur nouveau statut d'orphelins de la République.
Je ne crois pas que nos vaillants militaires se fassent volontairement tuer pour assister à partir de je ne sais quel nuage, étoile, astre ou paradis à leur petite heure de gloire, passant d'illustres inconnus à héros d'une petite journée, qu'on oublie quand le soleil se couche.
Je me demande jusqu'à quand notre armée va jouer aux pigeons d'argile, se laisser attaquer, se faire étriper, pour tenir une position, une crête montagneuse, la perdre, pour la reprendre après de durs combats, au prix d'une dizaine de morts et de blessés.
Je ne suis ni militaire ni stratège, juste un de ces curieux qui s'interrogent légitimement pourquoi les quatre milliards de dollars généreusement offerts par feu le roi Abdallah d'Arabie saoudite – que son âme repose en paix – n'ont pas encore été utilisés ou si peu, pour équiper en armement décent la troupe.
De grâce, qu'on ne nous prenne plus pour des imbéciles. Les armes nécessaires pour repousser, écraser, éradiquer, extirper à leurs racines les forces du mal qui se bousculent à nos frontières débordent à l'état neuf dans les arsenaux de France, de Navarre et du monde libre. Ce monde qui s'est soit disant ligué pour faire un sort aux nouveaux émirs d'un intégrisme haineux, naviguant à des années-lumière des préceptes contenus dans les livres saints, qu'ils profanent sans vergogne.
L'Europe n'est pas en guerre à ce que je sache, nul conflit planétaire ne menace à l'horizon. Pourquoi diable ces atermoiements, hésitations, lenteurs à nous fournir l'équipement dont nous avons besoin pour nous défendre et clore une fois pour toutes ce chapitre amèrement sanglant de notre existence ?
Nos soldats ne sont pas des pleutres. Qu'on les arme convenablement, surtout qu'on leur lâche la bride. Ils ont montré sans l'ombre d'un doute leur bravoure, leur courage, leur abnégation, leur ténacité, même avec les lance-pierres qu'en toute condescendance et parcimonie on a bien voulu leur assurer.
« La force du Liban réside dans sa faiblesse »... Ce leitmotiv éculé est dépassé depuis des lustres. Sans doute était-il d'actualité au milieu du siècle dernier, quand la tentation totalitaire contaminait la région. Nous en avons chèrement payé le prix en sang, en destructions, en malheurs.
Les politiciens de tous bords restaient méfiants à l'égard de la Grande Muette ; non seulement ils la muselaient, s'arrangeant pour l'équiper chichement, mais plus encore, ils gardaient la haute main sur la promotion de ses galonnés qui, comme il se doit, leur devenaient redevables au titre de clientélisme.
C'est ainsi que sous de fallacieux prétextes – ne pas briser sa cohésion, la tenir loin des zizanies communautaires, préserver son unité –, notre armée nationale a depuis 1975 joué les figurants, assistant impuissante à sa dilution au profit des milices qui, par la force des choses, ont fini par la supplanter sur tous les plans.
Et nous persévérons comme si de rien n'était... La suspicion des politiques à l'égard de l'armée n'a semble-t-il pas baissé d'un cran. Du moins pour le néophyte que je suis, qui en est à se poser des questions qu'il juge pertinentes : quand cette mascarade finira-t-elle, quand les masques vont-ils tomber, quand les marchands du temple donneront-ils le feu vert à l'acquisition de cet armement dont nous avons tant besoin pour bouter dehors les forces du mal, protéger nos frontières, ériger enfin un État dans le plein sens du terme.
J'ai adoré la manchette de L'Orient-Le Jour du lundi 26 courant relative aux élections grecques : « Bras d'honneur à l'austérité ». On ne m'en voudra certainement pas de la reprendre à mon compte, priant de toutes mes forces de pouvoir un jour prochain, des larmes de bonheur aux yeux, faire avec mes concitoyens en liesse un bras d'honneur aux politiciens libanais.

Georges TYAN

Je vais encore me faire taper sur les doigts. Nul n'est prophète en son pays. De plus, je ne cherche pas à l'être, la plupart ayant fini au bout d'une corde ou sur un bûcher. Je tiens en me tenant dans mon intégralité devant le Juge suprême, d'ici à quelques longues années encore, rien ne presse, à être présentable sous toutes les coutures.Pourtant il est des choses aberrantes qui se...

commentaires (2)

ÊTRE TUÉ POUR LE COMPTE D'AUTRUI EST LE NOUVEAU MOT D'ORDRE DE NOTRE ARMÉE ! POURQUOI... COMMENT... ET PAR QUI... SINON POUR LE COMPTE DES INVITANTS DES CANNIBALES ! LE TOUT CHACUN LE CONNAÎT...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 06, le 29 janvier 2015

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Commentaires (2)

  • ÊTRE TUÉ POUR LE COMPTE D'AUTRUI EST LE NOUVEAU MOT D'ORDRE DE NOTRE ARMÉE ! POURQUOI... COMMENT... ET PAR QUI... SINON POUR LE COMPTE DES INVITANTS DES CANNIBALES ! LE TOUT CHACUN LE CONNAÎT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 06, le 29 janvier 2015

  • "La suspicion du héZébbbollâh, Monsieur, à l'égard de l'armée n'a semble-t-il pas baissé d'un cran." ! Vous devriez donc prier de toutes vos forces de pouvoir un jour prochain, des larmes de bonheur aux yeux, faire avec vos concitoyens en liesse un bras d'honneur plutôt à ce héZébbb pseudo-libanais(h).

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 19, le 29 janvier 2015

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