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Moyen Orient et Monde

La véritable fracture...

Un enfant somalien. Phil Moore/AFP

« Ou le luxe est l'effet des richesses, ou il les rend nécessaires ;
il corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un par la possession, l'autre par la convoitise. »
De Jean-Jacques Rousseau, extrait « Du contrat social »

 

Il n'est pas tâche difficile que d'ignorer la violence silencieuse. Il n'est pas tâche difficile que d'invoquer la fatalité. Mais lorsque les odeurs nauséabondes remontent à la surface, il devient tâche ardue que de faire semblant d'être surpris.


En 2015, les 85 personnes les plus riches du monde possèdent autant de richesses que les 3,5 milliards les plus pauvres, selon un rapport publié par l'ONG Oxfam. En 2016, les 1 % les plus riches de la planète détiendront plus de la moitié du patrimoine mondial, selon la même source. Autrement dit, les 1 % les plus riches possèderont plus que les 99 % restants. Cela ne veut pas nécessairement dire que les pauvres seront encore plus pauvres qu'ils ne l'étaient auparavant, mais cela démontre sans conteste que les très riches n'ont jamais été aussi riches qu'ils ne le sont actuellement. Et que le fossé qui sépare une infime minorité du reste du monde ne cesse de s'agrandir.


Les économistes auront beau évoquer la rentabilité de certaines activités, les fiscalistes auront beau plaider pour l'instauration d'une taxe financière, les sociologues auront beau parler d'injustice sociale et de violence symbolique, et les politologues auront beau dénoncer les carences institutionnelles, rien n'y fera. Rien ne semble pouvoir stopper la marche en avant de l'ultracapitalisme : il touche désormais toutes les régions du monde et tous les domaines. Il dynamite pratiquement toutes les différences politiques et idéologiques sur son passage : ni gauche/ni droite, ni est/ni ouest, ni libéraux/ni réactionnaires. Il n'en conserve qu'une seule, sur laquelle il repose toute sa logique : la différence entre celui qui possède et celui qui ne possède pas. Une différence qui se reflète encore, malheureusement, dans les rapports qu'entretiennent les pays du Nord et les pays du Sud.


L'ultracapitalisme encourage les extrêmes. En Europe, deux courants parallèles se nourrissent des frustrations que produit ce système. Fait extrêmement intéressant : tout en s'opposant sur tous les sujets sociétaux, l'extrême droite et l'extrême gauche se présentent tous les deux comme des farouches opposants à l'idéologie néolibérale. Aujourd'hui, c'est la victoire de Syriza que les Grecs fêtent, demain cela pourrait être celle d'un parti d'extrême droite qu'un pays de l'Europe de l'Ouest fêtera. Sans que le résultat des deux élections ne soit contradictoire.


À la lumière de son développement dans les autres parties du monde, notamment au Moyen-Orient, il semble bien que ce soit finalement là où le capitalisme est né qu'il sera le plus à même d'être remis en question. Mais il reste permis d'émettre quelques doutes sur la capacité des contre-courants, quels qu'ils soient, à résister à cette redoutable vague.


Y a-t-il d'ailleurs fait plus étonnant que de voir un système aussi défavorable à la majorité des gens perdurer avec autant de banalité ? À croire que si l'ultracapitalisme se répand à une telle vitesse, c'est qu'il ne doit finalement pas être si étranger que cela à la nature humaine...

 

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Il n'est pas tâche difficile que d'ignorer la violence silencieuse. Il n'est pas tâche difficile que d'invoquer la fatalité. Mais lorsque les odeurs...

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