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Culture - Photos

Entre clics et flashes, le périple égyptien de Fouad el-Khoury

Le flash et l'œil de la caméra de Fouad el-Khoury au service d'une Égypte éternelle où morts et vivants, entre révolutions, pyramides, palmiers, désert, felouques et flots du Nil, sont captés en un grain net et clair. La galerie Tanit* expose ce périple, en majeure partie en noir et blanc.

« Chevaux et pyramides ».

Des sables et rocailles du désert de Sinaï à la Vallée du Nil avec palmeraies et vestiges des monuments pharaoniques, de l'orientalisme de Maxime du Camp et Gustave Flaubert à un voyage du même itinéraire, entrepris à un siècle et demi d'écart par le photographe, Fouad el-Khoury, à 63 ans, tente de restituer, à travers ses clics (et ses clacs), une « essence » du pays de Néfertiti et de Moubarak. Mélange d'histoire et de remous sociaux, un brin précieux et tiré par les cheveux, pour un bout d'éternité.


Dans le grand hall sont exposées, superbes et imposantes dans leurs grandeurs maximales (3 m x 2,40 m), les sept photos scrutant les détails des paysages de solitude et de désolation. Ces « beautés » du désert que Simone Beauvoir disait qu'il faut savoir regarder... Des arbustes grillés par le soleil, une terre sèche comme un gosier qui n'a pas goûté à l'eau depuis des lustres, des monticules aux dos ronds et chauves comme une monumentale bosse de dromadaire et cet air si chaud et si pur, insaisissable de liberté comme le souffle des dieux.


Dans la section du reportage romans-photos suivant les traces du Camp et Flaubert, dans une réinterprétation animée et non sans une certaine fantaisie et imaginaire, tout en poussant jusqu'au scrupule parfois le sens des détails, des « shots » (plus de 70) de dimension plus réduite. Comme une bande dessinée où se télescopent les images. Gallabia, turbans bien noués, pointes de branches de palmiers, bouts de vestiges entre sarcophages et personnages royaux aux bras croisés sur la poitrine, hiératisme et paysannerie, limon et vieilles pierres sculptées, un monde entre témoignage historique, découvertes, vécu contemporain et états d'âme.


Quarante-sept ans à traquer l'instantané qui inspire et fixe la vie, Fouad el-Khoury a toujours été cet artiste photographe qui emprisonne et prolonge la vie. Plus de 40 000 photos à son actif, de son propre aveu.
Aujourd'hui, avec cette suite égyptienne, hommage à l'Égypte de tous les temps, évocation historique des orientalistes et témoignage sur une civilisation et un passé glorieux, des paysages uniques et fabuleux mais aussi une révolution place Tahrir qui a secoué le monde... voilà un parcours un peu fourre-tout.
Révolution vue non pas à travers le prisme et la lorgnette des foules en hystérie, mais surtout dans la solitude d'un bus bleu où s'inscrit le graffiti d'un péremptoire « Dégage », lancé par le peuple à un président désormais indésirable. Troubles qui persistent jusqu'à aujourd'hui, un caillou jeté dans les ondes dont les cercles se répercutent à l'infini.


Dans le sillage de ce parfum d'un pays en ébullition et éclatement, de furtives percées pour une capitale indolente, des intérieurs au bric-à-brac rangé qu'on a longtemps retrouvés dans les films justement égyptiens, des cafés aux «chichas» gargouillant et empestant de fumée, les enseignes lumineuses criardes, le poster d'Oum Kalsoum, l'astre de l'Orient, lunettes noires sur les yeux...


Des images familières aux touristes et à l'essence parfaitement «baladi». Mais il y a aussi la part de fantaisie qui fait irruption. Telle cette réincarnation de Kuchuk Hanem qu'évoque Flaubert dans ses moments libertins. On la retrouve ici, sous le flash de l'artiste, sur un canapé (tel qu'on l'affectionnait à l'époque du roi Farouk!), pieds en l'air chaussés d'escarpins, taille de guêpe en jupon et éventail grand déployé cachant la tête... Dans une pose quelque peu moderne et surréaliste comme une toile de Magritte.
Dans ce reportage qui n'en est pas un, par-delà un concept embrouillé et un curieux équilibre, s'amalgament histoire ancienne et littéraire, quête personnelle et témoignage moderne. Lyrisme et précision pour un bon ménage.

* Galerie Tanit (Mar Mikhaël) jusqu'au 8 mars.

 

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