Tsipras "n'a pas promis de raser gratis, il a promis de raser pas cher"

Après la large victoire de Syriza aux législatives grecques dimanche, les éditorialistes sont partagés quant à la capacité d'Alexis Tsipras de tenir ses promesses faites aux Grecs alors que "s'il n'a pas promis de raser gratis, il a promis de raser pas cher".

"C'est là que commencent les difficultés pour M. Tsipras. Il a beaucoup promis, il a annoncé +la fin de l'austérité+, +la fin de la troïka+, il a tenu à Athènes des propos parfois différents de ceux qu'il confiait dans ses tribunes aux quotidiens européens. S'il n'a pas promis de raser gratis, il a promis de raser pas cher", ironise Le Monde.
"Tout plaide donc pour un compromis, qui consistera à étaler sur quelques décennies le règlement de la facture", estime Laurent Joffrin dans Libération. "Tout remettre aux calendes grecques : pour une fois l'expression trouve un contenu réaliste et salutaire", ajoute-t-il.
"Les énergies des progressistes européens doivent se mobiliser pour que Syriza soit entendu et les revendications de son peuple satis-faites", souhaite Patrick Apel-Muller dans l'Humanité. "Aide-toi et la Grèce t'aidera", conclut-il.
Dans La Croix, Jean-Christophe Ploquin liste les travaux d'Alexis Tsipras: "réformer l'État, lutter contre la corruption, faire rentrer l'impôt en contrant l'évasion fiscale". "Il y a là une attente convergente entre les électeurs grecs et les gouvernements européens" juge l'éditorialiste qui croit même que "s'il parvenait à transformer son pays et les comportements de certains de ses concitoyens, Alexis Tsipras serait vraiment un héros. En Grèce et en Europe."
"Après les législatives grecques, il faut malheureusement craindre que l'élan dit "réformateur" de François Hollande s'essouffle singulièrement", regrette Paul-Henri du Limbert du Figaro. "On ignore si, en Grèce, Alexis Tsipras découvrira un jour le jardin des Hespérides mais gageons déjà qu'en France, François Hollande jamais ne nettoiera les écuries d'Augias...", pense-t-il.
"Combien de temps faudra-t-il au peuple grec pour s'apercevoir de la supercherie ? En d'autres termes, combien de temps Alexis Tsipras, le nouveau Premier ministre grec, mettra-t-il à enterrer ses promesses ?" s'interroge le très libéral Nicolas Beytout dans L'Opinion .
"Cette redistribution des cartes n'est pas mal reçue par François Hollande et Matteo Renzi, que le défi grec conforte dans leur souci de moduler le sérieux budgétaire afin de ne pas étrangler la croissance," analyse Philippe Waucampt (Le Républicain lorrain).