Pharaon lance un cri d’alarme : « Un crime écologique » en cours à Janné

Les députés de Beyrouth ont tenu hier au bureau du ministre du Tourisme, Michel Pharaon, également député d'Achrafieh, une réunion qui a été consacrée à l'examen d'une série de questions intéressant la capitale. Mohammad Kabbani, Michel Pharaon, Serge Ter Sarkissian, Nadim Gemayel, Bassem Chab, Hani Kobeyssi, Ammar Houri et Atef Majdalani ont surtout discuté de l'affaire du quatrième bassin du port et du barrage dont la construction est prévue à Janné.
Entouré de MM. Kabbani et Ter Sarkissian, le ministre du Tourisme a tenu plus tard une conférence de presse au cours de laquelle il a défendu le projet de remblaiement du port de Beyrouth, le présentant comme étant stratégique.
Il s'est aussi longuement étendu sur le barrage de Janné, suivi par Mohammad Kabbani. Les deux ont développé les mêmes idées, soulignant pratiquement l'inutilité du projet, compte tenu des conditions géologiques du terrain. M. Pharaon a stigmatisé « un crime écologique dans la région », à savoir l'autorisation d'abattre près de 400 000 arbres, avant de rappeler qu'avant 2007, le secteur avait été classé et mis sous la protection du ministère de l'Environnement, sur base d'une étude écologique qui avait été menée à l'époque.
En 2012, a poursuivi le ministre, deux compagnies allemande et française ont donné chacune un avis négatif au sujet du barrage, en arrivant à la conclusion selon laquelle, contrairement aux prévisions avancées, il ne pourra pas retenir 30 millions de mètres cubes d'eau. « Il ne pourra même pas contenir sept ou huit millions de mètres cubes et ne permettra pas à l'eau d'arriver au Grand Beyrouth », a-t-il ajouté, en rappelant que les deux avaient jugé que « le volume du barrage était démesuré » et que le projet devait être révisé.
Rattachée au gouvernement de Berlin, la compagnie allemande avait donné le premier avis défavorable, compte tenu de la nature poreuse du sol qui empêche la rétention de l'eau, a renchéri Mohammad Kabbani, en rappelant que, comme ses conclusions avaient été contestées, une deuxième compagnie française avait été sollicitée pour effectuer l'étude de faisabilité et avait abouti aux mêmes conclusions que sa consœur allemande.
« Le site n'est pas propice à un barrage », a martelé le député qui a en outre insisté sur l'absence d'une étude écologique « convaincante justifiant sa construction ». Au niveau juridique, il a souligné que de tels projets relèvent du ministère de l'Énergie et de l'Eau, et non pas des Offices des eaux. « Si l'Office des eaux de Beyrouth possède 200 à 300 millions de dollars, il devra les utiliser pour entretenir le réseau hydraulique et le réseau d'eaux usées », a-t-il dit, en affirmant que les députés de Beyrouth comptent prendre rendez-vous avec le Premier ministre, Tammam Salam, pour soulever ce dossier avec lui.