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Auto

USA : à crédit auto impayé, moteur coupé

Face à l'explosion des crédits automobiles à risques (subprime) aux États-Unis, les prêteurs se tournent vers des appareils coupe-démarrage électroniques commandés à distance, transformés en véritables « huissiers » virtuels.
Les prêts auto « subprime », ces crédits dont les taux d'intérêt flambent très vite à l'image du prêt immobilier de la même nature, sont en forte augmentation depuis trois ans sous la poussée des grandes institutions financières en quête d'actifs à forts rendements dans un contexte de taux d'intérêt bas et d'actions chères en Bourse.
Plus d'un crédit auto sur cinq accordé dans le pays présente un risque (« subprime »), selon le cabinet Experian et cette proportion devrait encore croître dans les prochains mois.
Mais, contrairement aux « subprimes » immobiliers avec leur cortège de maisons abandonnées et difficilement revendables, les institutions financières protègent mieux leur investissement cette fois-ci.
Elles ont notamment recours à des appareils coupe-démarrage (starter interrupt devices) permettant d'immobiliser le véhicule dès le moindre impayé. Auparavant, ces coupe-circuits électroniques étaient destinés aux voitures de luxe, exigés par les assureurs comme moyen de protection contre le vol.

Des « huissiers » virtuels
Aujourd'hui, ces « huissiers » virtuels ont vu leurs ventes exploser. Environ deux millions de véhicules aux États-Unis en sont munis, selon le New York Times.
« Plus il y aura d'emprunteurs fragiles, plus on verra le recours à ces gadgets », met en garde Chris Kukla, vice-président de l'association de défense des consommateurs Center for Responsible Lending en Caroline du Nord.
Fondée en 1992, la société PassTime, leader du secteur, qui commercialise Elite GPS System, pronostiquait entre 14 000 et 15 000 unités vendues par mois il y a encore peu. Elle a augmenté sa production pour satisfaire la demande et prévoit une croissance continue de son chiffre d'affaires qu'elle tient secret.
« S'il est malheureux de voir un consommateur être incapable de payer sa traite au point que son véhicule ne puisse plus redémarrer, il est fort probable que sans l'appareil, ce consommateur n'aurait pas pu bénéficier du crédit », défend Stan Schwarz, le patron de PassTime, sur le site Internet de l'entreprise.
Comme PassTime, la plupart des fabricants de coupe-démarrage n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.
Selon les sites Internet des trois principaux – PassTime, Spireon (Goldstar GPS et LoanPlus CMS) et Sekurus Inc (On Time) – leurs « joujous », qui sont reliés à la transmission, sont installés avec le consentement de l'emprunteur. Généralement, le concessionnaire ou le prêteur en font une condition sine qua non pour octroyer un crédit.
Le système contrôlé à distance peut à tout moment désactiver la voiture dès lors que l'emprunteur est en retard dans ses remboursements. Des alertes sont envoyées au conducteur quelques jours avant. La mise hors circuit du véhicule n'est enclenchée que quand celui-ci est à l'arrêt et immobilisé.

Vie privée
L'appareil dispose également d'un GPS qui permet au prêteur ou au concessionnaire de localiser et récupérer la voiture très rapidement.
Les institutions financières et les concessionnaires font le pari que les emprunteurs choisiront toujours de rembourser en priorité leur crédit auto, car ils ont besoin de leur véhicule pour se déplacer ou se rendre à leur travail, selon les analystes.
Cette pratique est jugée légale dans la plupart des États américains en dépit des craintes soulevées sur son intrusion dans la vie privée. Un prêteur est notamment au fait des moindres déplacements de ses clients. Seul l'État du Wisconsin (Nord), en janvier 2012, l'a interdite.
« Malheureusement, ce sont les plus fragiles qui doivent accepter ces collecteurs de dette », s'inquiète Chris Kukla.
Une plainte, la première du genre, a été déposée à l'été dernier contre un prêteur, C.A.G. Acceptance LLC, basé dans l'Arizona (Sud-Ouest), devant un tribunal de Las Vegas par Mary Gibbs-Bolender.
Cette mère de famille, défendue par un centre d'aide juridique local, Legal Aid Center, accuse la société d'avoir violé la loi du Nevada après qu'elle eut désactivé sa voiture suite à un non-paiement de sa mensualité.
Elle explique que son défaut de paiement procède du fait qu'elle a dû s'acquitter des frais médicaux de sa fille. C.A.G. assure, de son côté, avoir respecté la loi.

Face à l'explosion des crédits automobiles à risques (subprime) aux États-Unis, les prêteurs se tournent vers des appareils coupe-démarrage électroniques commandés à distance, transformés en véritables « huissiers » virtuels.Les prêts auto « subprime », ces crédits dont les taux d'intérêt flambent très vite à l'image du prêt immobilier de la même nature, sont en forte...

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