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À La Une - Yémen

Tirs et confusion à Sanaa, la réunion du Parlement reportée sine die

Présence houthie renforcée pour empêcher toute manifestation.

Un rebelle houthi chiite menace avec son poignard des manifestants ant-houthis à Sanaa, le 24 janvier 2015. AFP PHOTO / MOHAMMED HUWAIS

Des tirs ont résonné dimanche dans la capitale yéménite, quadrillée par des miliciens chiites, exacerbant la crise dans ce pays allié de Washington où le président et le gouvernement ont jeté l'éponge.

Ajoutant à la confusion, le Parlement, qui devait se réunir en urgence pour discuter de la démission d'Abd Rabbo Mansour Hadi et du cabinet, a de nouveau reporté sa session d'urgence à une date non précisée.

La démission de l'exécutif risque d'affecter les efforts du grand allié américain dans la lutte contre el-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa), branche basée au Yémen et considérée comme la plus dangereuse du réseau extrémiste sunnite.

Dans la capitale Sanaa, contrôlée par les miliciens chiites d'Ansaruallah, dits Houthis, la tension était palpable dimanche matin et une tentative de manifestation de leurs opposants devant l'Université a failli tourner au drame quand des miliciens ont commencé à tirer en l'air à balles réelles pour disperser le rassemblement.

Selon des témoins, les Houthis ont arrêté des participants et s'en sont pris à des journalistes, les empêchant de filmer la fuite de dizaines de manifestants. Pour empêcher toute nouvelle tentative de rassemblement, les miliciens ont renforcé leur présence armée dans le secteur de l'Université. Cette escalade intervient au lendemain d'une grande manifestation contre la présence des Houthis dans la capitale -où ils sont entrés le 21 septembre- et trois jours après la démission du président Hadi et du gouvernement.

M. Hadi, 69 ans, au pouvoir depuis 2012, a jeté l'éponge jeudi soir après avoir constaté que le Yémen était "dans une impasse totale" suite à la prise du palais présidentiel par les Houthis qui ont renforcé leur emprise sur Sanaa. Ils encerclent ainsi plusieurs bâtiments officiels et logements de responsables, et imposent des restrictions de mouvement aux membres de l'exécutif démissionnaire. "Nous sommes en résidence surveillée", a déclaré à l'AFP le ministre d'Etat démissionnaire Hassan Mohamed Zeïd. Les miliciens chiites bloquent aussi un convoi de tribus sunnites armées, arrivé samedi à Sanaa avec l'intention d'évacuer les ministres et hauts responsables assiégés.

 

(Portrait : Abdel Malek al-Houthi, le leader chiite d'Ansarullah au cœur de la crise yéménite)

 

 La crise humanitaire menace

Les députés devaient se retrouver dimanche pour discuter du départ du président, mais cette réunion a été reportée, à "une date ultérieure" non précisée pour permettre de "s'assurer que tous les membres soient informés pour y participer", selon l'agence officielle Saba. La réunion avait dans un premier temps été annoncée pour vendredi, quelques heures après la démission M. Hadi, que le Parlement avait refusée, selon l'entourage du chef de l'Etat.

Le président du Parlement, Yahia Al-Raï, qui représente désormais la seule autorité légitime du pays, a regagné dimanche Sanaa après avoir présenté samedi à Riyad les condoléances de son pays après la mort du roi Abdallah d'Arabie saoudite. Dans la capitale, les habitants redoutent une paralysie de l'administration, et personne ne sait si les salaires des employés de l'Etat seront versés à la fin du mois ou si les services publics continueront de fonctionner.

Outre le chaos politique et les violences, le pays est au bord d'une catastrophe humanitaire. Oxfam a ainsi averti que 16 millions de Yéménites, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d'aide. "Une crise humanitaire aux proportions extrêmes menace le pays si l'instabilité continue", a souligné l'organisation d'aide dans un communiqué. Dans le sud du pays, généralement favorable à M. Hadi, la fronde contre Sanaa ne se passe pas sans frictions entre les forces de l'ordre et des éléments séparatistes. Un accrochage a opposé les deux parties dimanche matin lorsque des séparatistes ont installé un point de contrôle à Crater, dans le centre de la ville. Un soldat a été tué et trois autres ont été blessés, selon une source de sécurité.

 

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