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À La Une - Ukraine

Plus de 30 morts dans une offensive des séparatistes à Marioupol

Le président ukrainien dénonce un "acte terroriste" et un "crime contre l'humanité".

Des voitures calcinées à Marioupol, dans l'est de l'Ukraine. Photo AFP

Les séparatistes prorusses ont annoncé avoir lancé une offensive contre le port stratégique de Marioupol, dernière grande ville de l'Est ukrainien sous contrôle de Kiev, où trente civils au moins ont péri samedi dans des bombardements.

"L'offensive sur Marioupol a débuté aujourd'hui, a déclaré le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakhartchenko tout en assurant qu'il n'y aurait "pas d'assaut".
La conquête de cette ville industrielle d'un demi-million d'habitants créerait un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, annexée en mars mais très dépendante de Kiev pour ses approvisionnements en eau, électricité et produits alimentaires.

M. Zakhartchenko a nié la responsabilité des rebelles dans les bombardements au lance-roquettes multiples Grad et Ouragan dans la matinée dans un quartier densément peuplé en accusant les forces de Kiev.
Mais, après analyse des impacts sur place, des observateurs de l'OSCE ont conclu que les roquettes provenaient de deux localités contrôlées par les forces séparatistes prorusses. Elles sont tombées à 400 mètres d'un barrage de l'armée ukrainienne, selon eux.

Porochenko convoque son Conseil de sécurité

Le président ukrainien Petro Porochenko a dénoncé un "acte terroriste" et un "crime contre l'humanité" commis par les rebelles et promis que son pays allait se battre jusqu'à la "victoire totale" contre les séparatistes prorusses. Il a écourté sa visite en Arabie Saoudite, où il venait rendre hommage au roi Abdallah mort vendredi, pour présider dimanche une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité nationale et de défense. Cette réunion est convoquée "pour mettre en oeuvre des mesures supplémentaires compte tenu d'une brusque dégradation de la situation dans l'Est", selon un communiqué de la présidence.

La représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a prévenu que l'escalade allait "inévitablement provoquer une grave détérioration des relations entre l'UE et la Russie", déjà lourdement frappée par les sanctions européennes et américaines, Moscou démentant toute implication dans le conflit.

Selon des sources de l'Union européenne, les chefs de la diplomatie des 28 pourrait être convoqués dans la semaine à Bruxelles pour étudier la situation ukrainienne. La Lettonie, qui assure la présidence semestrielle de l'UE, a réclamé de nouvelles sanctions contre Moscou estimant que la Russie était "pleinement responsable de l'attaque des séparatistes contre Marioupol", dans un tweet du chef de la diplomatie lettone, Edgars RinkerOtanvics.

L'OSCE et l'Otan ont condamné le bombardement de Marioupol. Selon l'OSCE, il s'agit d'un acte "téméraire, aveugle et honteux" et l'organisation a réclamé "un cessez-le-feu immédiat". L'Otan, par la voix de son secrétaire général Jens Stoltenberg a une nouvelle fois accusé les "troupes russes en Ukraine orientale (de soutenir) ces opérations offensives avec des systèmes de défense aérienne équipés de missiles avancés surface-air, des appareils sans pilote, des systèmes sophistiqués de lance-roquettes et des équipements électroniques militaires".

A Kiev, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a exigé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a appelé la communauté internationale à "arrêter l'agresseur russe qui menace l'Ukraine, l'Europe et la sécurité mondiale".

Le bilan des bombardements, encore provisoire, a atteint 30 morts, selon la mairie.
Cette attaque survenue quelques jours après l'abandon par l'armée ukrainienne de l'aéroport de Donetsk, site hautement symbolique, marque un tournant dans le conflit qui a fait plus de 5.000 morts en neuf mois.

Escalade du conflit

"Un obus a explosé près de ma maison, un obus a touché la maison de ma copine", a témoigné à l'AFP un habitant de Marioupol.
Un journaliste de l'AFP a vu trois maisons détruites et des vitres brisés dans trois immeubles de neuf étages par une onde de choc. L'asphalte était jonché de verre et de débris, plusieurs voitures ont entièrement brûlé. Des militaires et policiers patrouillaient.

"C'est une nouvelle étape dans l'escalade du conflit. Le but de cette attaque est de discréditer le pouvoir ukrainien et provoquer des protestations dans des villes proches du front", selon Oleksiï Melnik, analyste du centre indépendant Razoumkov.

Pour Olexandre Souchko, directeur de l'Institut de la coopération euroatlantique, Marioupol, qui abrite deux principales usines métallurgiques ukrainiennes et par où passent la plupart des importations et exportations régionales "a une importance stratégique". "Le Kremlin envoie ainsi un message à l'Ukraine et à la communauté internationale que la ligne du front pourrait bouger si Kiev ne faisait pas de concession", ajoute-t-il.

Selon le ministre de la Défense Stepan Poltorak, les rebelles déploient autour de Marioupol des lance-roquettes multiples et la présence militaire ukrainienne a été renforcée. "La situation s'est nettement dégradée au cours des dernières 24 heures" partout dans l'est séparatiste prorusse, a-t-il déclaré.

Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Olexandre Tourtchinov a rendu le président russe Vladimir Poutine "personnellement responsable" de l'escalade du conflit. Kiev dénonce depuis le début de la semaine l'entrée de bataillons russes en Ukraine.


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