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À La Une - Analyse

Etats-Unis et Arabie saoudite, alliés fragiles dans un Moyen-Orient agité

"Le plus important dans cette relation c'est que chacun des deux pays a besoin de l'autre".

Photo d'archives datant du 29 juin 2010 lors de la visite du roi saoudien à Washington. Saul Loeb/AFP

Les liens entre les Etats-Unis et la monarchie ultra-conservatrice d'Arabie saoudite remontent loin grâce à des intérêts mutuels dans la région, mais plusieurs événements ces dernières années ont fragilisé leur relation.

Etats-Unis et Arabie saoudite ont initié des relations diplomatiques en 1940, durant la Seconde guerre mondiale. Celles-ci ont été scellées cinq ans plus tard lors d'une rencontre entre le roi saoudien d'alors, Abdelaziz Ibn Saoud, et Franklin Delano Roosevelt à bord du navire USS Quincy sur le canal de Suez.
La découverte de très importantes réserves de pétrole dans le sous-sol du royaume dans les années 1930 en avait fait un partenaire essentiel pour les Etats-Unis, gourmands en matières premières, malgré un désaccord précoce sur la création de l'Etat d'Israël.

(Lire aussi : « Avec Salmane les grandes lignes restent les mêmes, et Moqren fait l'unanimité »)


Depuis, Riyad a travaillé régulièrement avec Washington pour protéger les intérêts américains, mais la volonté de Barack Obama de sceller un accord sur le nucléaire avec l'Iran, ennemi juré de l'Arabie saoudite, et sa volonté de parvenir à l'indépendance énergétique des Etats-Unis ont compliqué les relations.

"Le plus important dans cette relation c'est que chacun des deux pays a besoin de l'autre", résume Marina Ottaway, spécialiste au Woodrow Wilson Center. "L'Arabie saoudite reste importante pour les Etats-Unis en terme de sécurité énergétique, et les Saoudiens ont toujours ressenti le besoin d'être protégés".

L'autorité morale de Riyad, gardien de deux des sites les plus sacrés de l'Islam, a aussi permis une relative stabilité dans un Moyen-Orient par ailleurs très agité. Lors de l'invasion du Koweït en 1991 par le dictateur irakien Saddam Hussein, Washington a ainsi pu compter sur son allié pour lancer son opération "Tempête du désert" depuis des bases aériennes situées à des endroits stratégiques en Arabie saoudite.

(Lire aussi : "Salmane s'inscrit dans la continuité. En ce sens, la mort de Abdallah est presque un non événement")

"Une grosse bourde"

Ce fut "un moment de coopération sans parallèle entre deux grandes nations", a rappelé le président américain d'alors, George H.W. Bush, en rendant hommage à son "cher ami" le roi Abdallah, décédé jeudi.
Mais selon Mme Ottaway, Riyad n'a jamais vraiment pardonné l'éviction de Saddam Hussein en 2003 "considérée comme une grosse bourde parce qu'elle a ouvert la porte à l'influence iranienne".

Les liens s'étaient également distendus après les attentats du 11 septembre 2001, car 15 des 19 pirates de l'air étaient Saoudiens. "Les Saoudiens ne pouvaient pas croire que 15 de leurs fils avaient piraté ces avions et fait ce qu'ils ont fait", note Robert Jordan, ancien ambassadeur américain en Arabie saoudite. "Ils étaient dans le déni complet".

Une série d'attentats sanglants en 2003 dans le royaume a marqué un tournant et poussé Riyad à devenir un allié plus solide dans la lutte contre el-Qaëda. Ainsi, les avions de chasse saoudiens ont été parmi les premiers à venir appuyer les appareils américains en septembre dernier pour bombarder les militants sunnites du groupe Etat islamique en Syrie.
Riyad a cependant regretté que les Etats-Unis ne s'investissent pas davantage pour évincer le dirigeant syrien Bachar el-Assad, ennemi de longue date de l'Arabie saoudite. Cela a fait naître quelques tensions sous-jacentes.

(Lire aussi : Les trois défis diplomatiques de Salmane : I – Les relations entre Riyad et Téhéran)

 

Fâcheries

Et même si Barack Obama a rendu hommage au roi Abdallah, un homme "sincère" et "courageux", la relation entre les deux pays n'est plus ce qu'elle était, constate encore Salman Shaikh, directeur du Brooking Doha Center, à Washington.
Parmi les sujets de fâcherie, M. Shaikh pointe l'incapacité de M. Obama à tenir sa promesse de restaurer les liens des Etats-Unis avec le monde musulman, ou les liens étroits de Washington avec Israël.
"Par beaucoup d'aspects les dirigeants des pays du Golfe comptent les jours avant la fin de l'administration Obama et attendent que la prochaine arrive", a-t-il ajouté.

(Lire aussi : Abdallah, main dans la main avec...)

Karen Elliot House, experte de l'Arabie saoudite et auteure, acquiesce: "Je ne vois rien qui pourrait améliorer la relation parce que le président (Obama) ne va pas faire ce qu'ils veulent".
La volonté de M. Obama d'avancer sur le dossier nucléaire de l'Iran, considéré comme "le plus grand danger extérieur" par Riyad, et le chaos ces derniers jours au Yémen voisin, ont encore augmenté les craintes.
"Les pays du Golfe ont de plus en plus l'impression que l'Iran essaie de les encercler", reprend Salman Shaikh. "Et cela se produit au moment même où les Etats-Unis tentent de voir si l'Iran pourrait revenir dans la bergerie par le biais d'un accord sur le nucléaire".


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