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Liban - Réactions

Les Libanais face à la mort du roi Abdallah et... aux trois jours de deuil national

La mort du roi Abdallah d'Arabie n'a pas laissé les Libanais indifférents. Surtout pas la décision officielle de décréter trois jours de deuil national. Entre hommages et critiques, dont certaines bien corsées jusqu'à l'insulte, ils sont divisés comme toujours, même face à la mort, comme le montrent ces quelques commentaires.

« Que Dieu ait son âme. Mais trois jours de deuil national ? J'aurais préféré que le pays décrète ce deuil national pour Wadih el-Safi ou d'autres personnalités libanaises disparues. Si un président libanais meurt, je doute que l'Arabie saoudite décrète le deuil national. » Les propos de Moustapha, un ingénieur de confession chiite, reflètent l'opinion d'une bonne partie de la rue. Le jeune homme de 27 ans tient à rappeler « l'extrémisme du régime saoudien bien plus marqué que l'extrémisme iranien », « son intolérance pour les autres religions », « son soutien au terrorisme sunnite, Daech et les autres ».
Un père de famille de confession sunnite refuse de réagir sur le plan communautaire. « Le Liban est un pays arabe. Décréter le deuil national est une façon pour les autorités de remercier l'Arabie saoudite pour son soutien au Liban et à ses institutions. C'est la moindre des choses », observe-t-il. Il ne manque pas de saluer le rôle du monarque défunt pour son rôle dans la lutte contre le terrorisme. « J'espère que le nouveau roi continuera la lutte contre Daech, al-Nosra et tous les autres groupes islamistes », souligne-t-il.
C'est sur les réseaux sociaux que les réactions sont les plus fortes. Outre les nombreux RIP (repose en paix), les internautes manient l'ironie et la moquerie, voire l'insulte, pour dénoncer la politique d'un régime rigoriste qui fait fi des libertés individuelles. Les discussions prennent une tournure aigre. Rares sont ceux qui font preuve de retenue, de réflexion, arguments à l'appui. Les allusions sont aussi nombreuses au blogueur saoudien Raïf Badawi, condamné à 1 000 coups de fouets pour insulte à l'islam. « Raïf Badawi se fera-t-il flageller demain, ou le deuil n'existe-t-il pas pour ce genre de chose », lance l'historien Edmond Rabbath sur Twitter.
« Pourquoi nous autres, Libanais, devrions-nous être en deuil ? » demande sur Facebook Souha Tarraf. Cette universitaire et blogueuse tient à se « démarquer de l'ambiance à la fête » et « des attaques personnelles ». « Je suis en deuil d'un pays sans président et sans institutions égalitaires et transparentes devant les citoyens, et d'un pays où les droits civils seraient les mêmes pour tous, où la femme aurait les mêmes droits et devoirs que les hommes », dit-elle.
« Paix à son âme, note encore Antoine Sabbagha. L'Arabie saoudite malgré le changement des rois gardera une politique dure et austère envers son peuple. Le roi est mort, vive le roi Salmane qui ne pourra jamais devenir moderne. »
« L'État libanais peut, en principe, décréter un deuil national en hommage au chef d'État d'un pays ami. Il n'y a aucun mal à mettre les drapeaux en berne dans ce contexte », indique également sur Facebook le professeur Antoine Courban, en réponse aux interrogations des internautes. Le roi d'Arabie est officiellement le « custode des deux enceintes sacrées de l'islam », précise-t-il, faisant part des égards exprimés par les musulmans sunnites face au décès d'un homme « assumant de telles fonctions ». Les débats sont loin d'être clos.

« Que Dieu ait son âme. Mais trois jours de deuil national ? J'aurais préféré que le pays décrète ce deuil national pour Wadih el-Safi ou d'autres personnalités libanaises disparues. Si un président libanais meurt, je doute que l'Arabie saoudite décrète le deuil national. » Les propos de Moustapha, un ingénieur de confession chiite, reflètent l'opinion d'une bonne partie de la...

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