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Culture - Hommages

Faten Hamama en mixed media

Avec une carrière qui s'étend sur plus d'un demi-siècle, une filmographie qui compte une centaine de titres, Faten Hamama s'est éteinte il y a une semaine à l'âge de 84 ans. Partout, les hommages l'ont célébrée comme une légende du cinéma égyptien et de son âge d'or. Mais également de la romance, du glamour, des musicals, des mélodrames, de la révolution et des idéaux. Pour beaucoup, elle représente aussi un modèle de femme, une des premières féministes du monde arabe. La « Grande Dame de l'écran » restera une icône de style, de droiture, d'honnêteté. Dans l'imaginaire collectif et dans celui de nombreux artistes aux origines diverses qui ont tenu à la célébrer comme une icône pop.

Adel Siwi, portrait de Faten en bleu

« Faten Hamama » (2007), par Adel Siwi, matériaux mixtes sur papier, 140 x 120 cm.


Réalisé par Adel Siwi en 2007, ce portrait à l'apparence serein de l'actrice est pourtant teinté de tristesse et de nostalgie. À l'arrière-plan, une phrase: «Ayyamounal-helwa», nos jours heureux. La couleur bleue dominante traduit sans doute le sentiment de blues de l'artiste vis-à-vis, justement, d'une époque révolue.
Siwi, peintre égyptien, est né au Caire en 1952, où il vit et travaille aujourd'hui. À travers ses toiles, l'artiste fait un éloge à l'art du portrait. On le surnomme le « Titien » de l'art contemporain. Loin des portraits officiels de la Renaissance, les siens dévoilent avec grâce des visages pharaoniques, des portraits d'Africaines, et sont aussi un miroir reflétant les visages de ceux qui ont marqué l'art du cinéma et de la musique orientale. Collections : Institut du monde arabe, musée Chelsea à New York, musée Orlando en Floride...

 

Chant Avédissian et sa reine du Nil

« Faten Hamama » (2004), par Chant Avédissian, pigments sur carton recyclé, 50 x 70 cm.

L'artiste égyptien Chant Avédissian a choisi pour sa part de poser sa Faten Hamama (réalisée en 2004) sur un fond de toile lumineux, aux ornementations agencées en symétrie. Visage sérieux, regard décidé, qui contraste avec l'ocre et l'or du fond. Si les motifs inspirés de tissus ottomans rappelleraient l'image d'un paon faisant la roue, le tissu noir dans lequel la diva est emmitouflée semble décrire la modestie de l'actrice dans un milieu de clinquant et de paillettes.
Avédissian a réalisé plus de 200 images nostalgiques illustrant divers aspects de la culture égyptienne et dans laquelle une place importante est occupée par les acteurs et les chanteurs. Dont un fameux Icônes du Nil, triptyque de 250 x 150 cm, en pigment et textile imprimé à la main sur carton ondulé, vendu aux enchères en 2013 par Sotheby's Doha pour 1 565 000 dollars. Faten Hamama y figure au centre, entourée de quatorze personnalités ayant marqué l'âge d'or de la musique et du spectacle en Égypte. Samia Gamal, Asmahan, Magda, Chadia, Sabah et autres figures de vedettes exécutées au pochoir à partir de vieilles photographies.

 

Jinane Makki Bacho : Souvenirs, souvenirs

Faten Hamama par les pinceaux d'une fan absolue, Jinane Makki Bacho.

L'artiste libanaise Jinane Makki Bacho rend un vibrant hommage personnel à l'actrice égyptienne Faten Hamama. La «Grande Dame de l'écran » lui a inspiré trois toiles: l'une la représentant avec l'artiste à l'âge de l'enfance, l'autre avec Ihsane Abdel Qouddous et une avec Omar Sherif.
Une œuvre et un thème qui s'avèrent très subjectifs pour une artiste cinéphile qui ne cache pas son admiration pour Faten Hamama. «Dans notre quartier de Zeidaniyé, entre Tallet el-Khayat et Zarif, deux salles de cinéma rivalisaient entre elles. Les premières des films égyptiens se déroulaient presque toujours en présence de leurs acteurs(rices). C'est ainsi que j'ai pu la voir pour de vrai, en compagnie de Omar Sherif. Faten incarnait pour notre génération l'idéalisme dans les relations amoureuses, l'honnêteté, le respect, le devoir. Ses fans (moi y compris) voulaient être à son image: l'épouse idéale et idéaliste. Elle a multiplié les rôles, mais elle est restée l'incarnation de notre jeunesse conservatrice et idéaliste. Quand on l'a vue embrasser Omar, on est tombées amoureuses de lui à cause d'elle. C'est une légende, une voix si douce et si musicale, la tendresse mais surtout la loyauté à l'amour au-delà de tout. »
Makki Bacho a donc réalisé trois œuvres en hommage à Faten Hamama, des mixed media, entre peinture et collage, exposées récemment à Doha, Qatar.
«Elle figure au centre de mon keepsake car elle était le rôle modèle de ma jeunesse. Avec le départ de Faten Hamama, c'est toute une époque qui s'en va. Elle restera l'actrice la plus classe, la plus discrète, la plus égale à elle-même. Et dire qu'à présent, les actrices sont des statues de silicone et all fake!»

 

Rana Salam : Faten, c'est ma mère

Faten Hamama revue et interprétée par Rana Salam.

La designer libanaise Rana Salam est passée reine dans l'art de ressusciter toute une panoplie d'images du passé (du packaging vintage aux photos, en passant par toute une série de produits kitsch). Elle a réalisé son Faten Hamama, sur une commission du mythique bar à jus Antabli aux Souks de Beyrouth. En faisant mes recherches, je suis tombée sur une photographie d'elle en train de boire un jus. Et je voulais capturer, ressusciter cette période des années 50 du Moyen-Orient, de Beyrouth, des stars et de leur glamour. C'était l'image parfaite.
«La première fois que j'ai vu Faten Hamama, elle jouait dans le film Afwah wa araneb, se souvient Salam. Elle a commencé à m'inspirer en 1992, année durant laquelle j'ai entamé ma collection de posters de cinéma égyptien, des affiches peintes à la main, uniques, datant des années 50. Faten Hamama me rappelle quelque part ma propre mère. Elle représente, dans l'absolu, la femme indépendante arabe et moderne, éduquée, sophistiquées, stylée, avec une attitude bien à elle.»

 

Abraham Zeitoun : For Faten

Un numérique-collage par Abraham Zeitoun.

Un numérique-collage, réalisé avec des matériaux que le jeune Abraham Zeitoun aime mélanger dans son travail : des fleurs, des paysages, des motifs et des textures granuleuses. Ce design a fait la couverture du Elle oriental il y a quelques années. Il est accroché aujourd'hui au mur de son appartement à Berlin.
«Faten Hamama, c'est toute mon enfance, affirme Zeitoun. Ma mère avait (et a toujours) le monopole du choix des programmes télé à la maison. L'on n'avait droit qu'à des films égyptiens de l'âge d'or du 7e art ou des concerts marathons de Oum Koulsoum. Faten Hamama était donc souvent sur notre petit écran, et qui oublierait autant de grâce? Mais l'image qui me colle le plus à l'esprit est cet extrait d'une interview qu'elle a réalisée en 1963 pour une télé française. Elle parlait en français et c'était très beau. Elle ne m'inspire pas directement, mais son image est l'un de mes souvenirs les plus chers. Elle représente pour moi un temps où le monde arabe allait dans la bonne direction.»

 

Corinne Martin la « rétro-esque »

« Faten Hamama » (2015) par Corinne Martin, huile sur toile, 100 x120 cm.

Mes peintures sont «rétro-esques», des interprétations graphiques de symboles populaires et iconiques de la culture arabe. Colorées, fraîches, elles exsudent néanmoins une qualité vintage, évoquant la nostalgie du passé tout en étant «modernes». Elles offrent donc un regard vers le passé tout en célébrant le présent.
Les deux icônes qui me sont tout de suite venues à l'esprit pour cette série sont Feyrouz et Faten Hamama. Ayant grandi au Moyen-Orient, ces deux femmes ont marqué les écrans et la radio avec leur présence. Hamama notamment, véritable icône du cinéma égyptien. Lorsqu'elle apparaissait sur les écrans, elle commandait une attention totale. Pureté, élégance, beauté, mais aussi militante des droits de la femme. Faten possède toute les qualités qui pourraient inspirer un artiste à créer une image éternelle qui transcende les générations.
Je viens juste d'achever cette toile qui sera exposée au printemps à la galerie Lam Art de Riyad.

 

Pour mémoire
Faten Hamama, la « grande dame de l'écran arabe », inhumée au Caire

Faten Hamama : star discrète

Rétrospective
Quelques grands disparus au Liban et dans le monde en 2014

Adel Siwi, portrait de Faten en bleu

« Faten Hamama » (2007), par Adel Siwi, matériaux mixtes sur papier, 140 x 120 cm.
Réalisé par Adel Siwi en 2007, ce portrait à l'apparence serein de l'actrice est pourtant teinté de tristesse et de nostalgie. À l'arrière-plan, une phrase: «Ayyamounal-helwa», nos jours heureux. La couleur bleue dominante traduit sans doute le sentiment de...

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