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Moyen Orient et Monde - Analyse

Jihadiste : un profil devenu très divers

Le profil des jeunes tentés en Europe de répondre à l'appel du jihad, en Syrie ou chez eux, s'est élargi et touche désormais toute une classe d'âge, bien au-delà des clichés sur les quartiers difficiles, selon des spécialistes.
« Pendant des années, le discours intégriste a visé des jeunes fragiles, en perte de repères », explique à l'AFP l'anthropologue Dounia Bouzar, du Centre de prévention des dérives sectaires liées à l'islam, auteure notamment de Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l'enfer (éditions L'Atelier). « Familles décomposées, père déchu, alcoolique, incarcéré, violent ou drogué. C'étaient des jeunes faciles à embrigader, c'était le profil traditionnel. »
Cependant, « on s'est aperçu au cours des derniers mois que les intégristes ont modifié leurs discours. Ils proposent désormais diverses motivations. Grâce à Internet, ils proposent plusieurs types de rêves, d'utopies. Ils parviennent à toucher des jeunes qui ont un avenir social, qui peuvent être en deuxième année de Sciences politiques ou en médecine », ajoute-t-elle.
Certains ont grandi dans des cités ou des quartiers difficiles, mais d'autres, comme par exemple le Français David Drugeon, devenu un artificier pour el-Qaïda, ont eu une enfance sans problème dans des villes tranquilles, entre écoles et terrains de foot.

Étudiants boutonneux
Ainsi Mohammad Belhoucine, 27 ans, condamné en juillet à deux ans de prison pour animation de sites jihadistes, qui s'est ensuite envolé pour la Syrie, s'est radicalisé dans sa chambre d'étudiant à Albi, où il avait réussi le difficile concours d'entrée à l'École des mines, l'une des meilleures de France pour devenir ingénieur.
Par ailleurs, pour l'expert Thomas Hegghammer, directeur de recherches sur le terrorisme à l'Établissement norvégien de recherches sur la défense (FFI) à Oslo, il est désormais certain que les autorités « ne parviendront sans doute jamais à dresser le profil pertinent du terroriste ».
Pour le chercheur Olivier Roy, il faut moins chercher les réponses à l'engouement pour le jihad de centaines de jeunes Européens dans la religion, qu'ils maîtrisent peu ou pas, que dans un mouvement générationnel. « Lorsque vous êtes un jeune antisystème, confiait-il récemment au journal français L'Opinion, entre quoi avez-vous le choix ? (...) L'écologie dure, avec leurs textes illisibles et prétentieux (d'étudiants en lettres) boutonneux, ou le jihad. Avec l'EI, vous êtes sûrs de faire la une des médias et de plaire aux filles, comme Che Guevara. »
(Source : AFP)

Le profil des jeunes tentés en Europe de répondre à l'appel du jihad, en Syrie ou chez eux, s'est élargi et touche désormais toute une classe d'âge, bien au-delà des clichés sur les quartiers difficiles, selon des spécialistes.« Pendant des années, le discours intégriste a visé des jeunes fragiles, en perte de repères », explique à l'AFP l'anthropologue Dounia Bouzar, du Centre...

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