Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Beyrouth insight - Cuisine

Soumaya Merhi, une boulangère new look

Pas si carrée que ça, Soumaya Merhi. Même si la précision de la forme la séduit, qu'elle a baptisé sa boulangerie Bread Basket Square, cette jeune femme originaire de Tripoli est tout en nuance et douceurs. Ses produits végétaliens, sans blé et composés d'ingrédients sains et de grains nutritionnels, prouvent qu'il est possible, loin de la capitale, de créer un label jeune, frais, bon et de qualité.

Soumaya Merhi entourée de son équipe.

Quand elle parle d'elle et de son travail, le «nous» remplace vite le «je», tant la notion d'équipe et d'appartenance compte pour elle. Soumaya Merhi, 26 ans, évolue au cœur de sa boulangerie installée à Tripoli et à la tête d'une équipe de 5 hommes, apprentis boulangers natifs de sa ville qui apprennent, sans même, pour certains, savoir écrire, les secrets du métier et d'un métier bien fait. Au quotidien, elle s'investit sans limites et s'impose sans en avoir l'air, avec un sourire qui semble ne jamais la quitter. Plus qu'un projet, Bread Basket Square est une mission, parfois difficile, dont elle s'acquitte parfaitement et avec bonheur. Pur produit d'un père homéopathe libanais et d'une mère allemande, Soumaya, beau mélange de cultures et beau signe que cela est possible, est née au Canada, a grandi au Liban-Nord avant de s'envoler à 16 ans, une bourse en main, passer deux années à New Mexico et décrocher un bac international. C'est en Allemagne, où elle travaille un an auprès d'enfants malades, que la nutrition l'interpelle, sur un plan à la fois thérapeutique et holistique. Normal, tout au long de son enfance elle a été nourrie sainement, sans médicaments ou produits modifiés. Le naturel, naturellement... «L'Allemagne, confie cette jeune fille au physique européen, était une destination nécessaire dans la quête de mes origines.» La première étape d'un voyage qui la (ra)mènera à Montréal, où elle entreprend des études dans des domaines variés, anthropologie, sociologie, nutrition socio-économique, complétés par une maîtrise en business. Une collaboration professionnelle avec une chef pâtissière japonaise, Marilu, dans un restaurant-café fusion, lui donne enfin le goût des choses.

 

(Lire aussi :Isabella Baffa, une cuisine d'amour)

 

Identités
Son retour au Liban en 2012 semble alors l'étape nécessaire suivante pour retrouver une partie de ses racines, une langue, une patrie, une ville, une terre... «Si j'avais des cheveux et des yeux noirs, j'aurais un physique libanais. Je suis libanaise, mais avec quelque chose», avoue-t-elle en riant, un accent «avec quelque chose» ponctuant ses mots en anglais, puis en arabe, puis en français. Claire, le regard et les cheveux clairs, Soumaya se sent tripolitaine dans le cœur, ouverte au monde, curieuse de tout et de tous, et surtout passionnée. Beyrouth, elle vient de la découvrir, après avoir passé ces derniers mois à développer la boulangerie fondée par son père. «Il voulait un lieu qui proposerait des produits sans blé, confie-t-elle. Durant sa carrière, il a pu mesurer les nombreux problèmes de santé que le blé engendre. » Elle, elle voit plus grand encore. Elle veut faire vivre sa ville, loin des conflits quotidiens, y produire des galettes, des biscuits, du pain de qualité, fabriqués d'une manière artisanale avec des «grains alternatifs». «Mon objectif est de créer une dynamique, précise-t-elle, et des emplois, à travers une économie durable, des Libanais qui travaillent, des Libanais qui achètent. » Sa gamme comprend, pour l'instant, du kaak à l'huile, au thym, au sésame, aux graines noires; des biscuits aux dattes, aux pistaches, noix, herbes, chocolat noir; du maamoul à l'avoine et du pain arabe. Tout y est carré, sauf le kaak. Présentés dans des sacs en papier, comme autrefois, quand on prenait le temps d'emballer ses gâteries à la main, accompagnés d'un tampon, également ajouté à la main, qui indique les ingrédients et autres informations importantes, ces charmants petits sacs seront bientôt revisités pour pouvoir même être expédiés, écologiquement, à l'étranger. Car, oui, Soumaya n'a pas de limites à ses ambitions...

En attendant, elle fonctionne comme une petite fourmi soucieuse d'installer sa marque à Tripoli, mais aussi à Beyrouth. «Le travail est dur, confie-t-elle. On fait tout...» Elle surtout, qui s'occupe de récolter les graines des producteurs de sa région, de composer des recettes avec son chef pâtissier, de la distribution, des comptes et de la bonne marche dans l'atelier de travail. «C'est très important pour moi d'expliquer à mes collaborateurs le pourquoi des choses plus que le comment. L'importance de l'hygiène, d'une certaine méthode à suivre.» Outre Tripoli, sa gamme est en vente dans certains supermarchés, centres de sport ou de yoga, ainsi que quelques épiceries de luxe de la capitale et à Souk el-Tayeb, où on la retrouve tous les samedis pour partager, expliquer. C'est pour cette raison qu'elle a ouvert, cet été, à Faqra, avec la complicité de Bike Génération, un «pop up café», le «Coffee Cycle», où elle a servi pendant quelques mois des salades, des jus, des sandwichs et des desserts. Une expérience qui l'a enchantée et qu'elle espère pouvoir renouveler. «Pour l'instant, je voudrais renforcer la marque et la développer.» Son dernier-né, et qui lui tient particulièrement à cœur, s'appelle
« taqabar », énergie en arabe. Des barres énergétiques, les seules produites au Liban, déclinées en quatre parfums inspirés des saveurs locales: rose et amandes, pistache et fleurs d'oranger, noisettes et cacao, et enfin noix de coco et citron. «Au début, j'ai été naïve, confie-t-elle. Heureusement! Je n'avais pas mesuré l'importance d'un tel projet.» Naïve, peut-être, mais avec quelque chose en plus !

 

Lire aussi
The Mira Kaddoura effect

« Positive Lebanon », passeur de belles énergies

Kitchen Confidential, une autre idée du fast-food

Chérine Magrabi Tayeb, inspirante

Quand elle parle d'elle et de son travail, le «nous» remplace vite le «je», tant la notion d'équipe et d'appartenance compte pour elle. Soumaya Merhi, 26 ans, évolue au cœur de sa boulangerie installée à Tripoli et à la tête d'une équipe de 5 hommes, apprentis boulangers natifs de sa ville qui apprennent, sans même, pour certains, savoir écrire, les secrets du métier et d'un...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut