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Moyen Orient et Monde - Offensive

Les houthis s’emparent du palais présidentiel à Sanaa

La puissante milice chiite Ansarullah a encerclé la résidence du Premier ministre, alors que de violents affrontements avaient lieu près de la résidence du chef de l'État.

Les troupes présidentielles bloquent le pont permettant d’accéder à la résidence présidentielle. Khaled Abdullah/Reuters

La puissante milice chiite au Yémen, Ansarullah, s'est emparée hier du palais présidentiel à Sanaa et encerclait la résidence du chef de l'État.
Appelés houthis, les combattants de la milice, qui contrôlent depuis septembre une grande partie de la capitale, « sont entrés dans le complexe et pillent des armes dans les dépôts », a annoncé un responsable militaire. De son côté, un cadre houthi, Ali al-Bukhaiti, a confirmé sur son compte Facebook « la prise du complexe présidentiel ». Parallèlement, de violents affrontements avaient lieu près de la résidence du chef de l'État, Abd Rabbo Mansour Hadi M. Hadi, entre soldats et combattants d'Ansarullah. Au moins deux soldats ont été tués, selon des sources médicales. Il n'était toutefois pas possible dans l'immédiat de connaître le sort du président. Dans le même temps, dans le centre de Sanaa, les miliciens encerclaient la résidence du Premier ministre Khaled Bahah en barrant les principaux accès. En réaction, le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a appelé à un arrêt immédiat des combats. De plus, le Conseil de sécurité de l'Onu a condamné hier ces attaques en soulignant dans une déclaration adoptée à l'unanimité que M. Hadi « est l'autorité légitime » et que « toutes les parties et tous les acteurs politiques au Yémen doivent soutenir le président Hadi », son Premier ministre et son gouvernement pour « garder le pays sur le chemin de la stabilité et de la sécurité ».

La milice accusée de coup d'État
Dans la soirée, le chef de la puissante milice chiite au Yémen, dont les combattants se sont emparés du palais présidentiel à Sanaa, Abdel Malek al-Houthi, le leader du mouvement chiite Ansarullah, n'a exclu hier soir aucune option contre le président Abd Rabbo Mansour Hadi qui serait dans sa résidence ailleurs dans la capitale. « Nous prendrons toutes les mesures pour protéger l'accord de paix (du 21 septembre). Personne, qu'il soit président ou non, ne sera au-dessus de nos mesures s'il fomente un complot contre le pays ». Il a par ailleurs assuré que son mouvement, Ansarullah, était prêt à faire face à « toute mesure » que prendrait le Conseil de sécurité de l'Onu. « Je dis au Conseil de sécurité de l'Onu : vous ne tirerez aucun avantage d'une quelconque mesure que vous voulez prendre », a déclaré M. Houthi, ajoutant : « Nous sommes prêts à faire face aux conséquences, quelles qu'elles soient. » Dans un long discours, le jeune chef chiite, portant l'habit traditionnel et arborant fièrement à la ceinture un jambia (le poignard recourbé yéménite), s'est lancé dans une diatribe contre les autorités. Il les a accusées de ne pas avoir mis en application l'accord politique du 21 septembre, de ne pas avoir rompu avec la corruption et d'avoir élaboré un projet de Constitution inacceptable pour son mouvement. Selon lui, le pouvoir n'a pas associé son mouvement aux prises de décision, comme le prévoit l'accord politique du 21 septembre. « Malheureusement, le pouvoir a pris une autre direction, loin de tout partenariat », a-t-il fustigé. Il a accusé personnellement le président Hadi de « couvrir les pratiques de corruption », affirmant que son fils était impliqué dans des opérations frauduleuses. Il s'en est pris aussi violemment au projet de Constitution prévoyant un Yémen fédéral composé de six régions, affirmant qu'il était destiné à « démanteler le Yémen ».
Les miliciens chiites d'Ansarullah « veulent renverser le régime », a affirmé la ministre de l'Information Nadia Sakkaf sur son compte Twitter. « Le président du Yémen est la cible d'une attaque de miliciens armés », a-t-elle ajouté. Les combats, qui ont poussé plusieurs ambassades occidentales, dont celle de France, à fermer leurs portes, avaient repris après une brève trêve lundi, journée durant laquelle neuf personnes ont été tuées et 67 blessées. Cette dernière bataille, la plus dangereuse depuis le début du conflit avec les houthis, a été provoquée par le refus des miliciens chiites d'entériner un projet de Constitution sur une structure fédérale qui les priverait notamment d'un accès à la mer. En outre, ces miliciens, qui n'ont cessé de monter en puissance depuis leur entrée à Sanaa le 21 septembre, semblent bénéficier du soutien de l'ex-président Ali Abdallah Saleh qui garde une forte influence et des réseaux qu'il a soigneusement tissés dans l'armée et parmi des tribus durant ses 33 ans de présidence.

L'ombre de Saleh
En effet, lors des combats de lundi près du complexe présidentiel, les miliciens ont bénéficié d'un soutien direct de forces loyales à M. Saleh, a affirmé un officier de la garde présidentielle. « Nous avons vu plusieurs formations de soldats et de combattants sortir de la résidence d'Ahmad Ali Abdallah Saleh (fils de l'ex-président) pour venir prêter main-forte aux houthis », a dit cet officier. Selon un résident, des éléments des forces spéciales sont passés sous le commandement des houthis. Ils n'ont pas combattu les houthis lorsque ces derniers ont pris une position stratégique sur une colline surplombant le palais présidentiel, a-t-il assuré. Pour sa part, un combattant houthi, se présentant sous le nom d'Abou Hachem, a affirmé que son mouvement était entré à Sanaa pour « protéger les civils et combattre la corruption ».
Les affrontements ont éclaté deux jours après l'enlèvement par les houthis d'Ahmad Awad ben Moubarak, chef de cabinet de M. Hadi et l'un des architectes du projet de Constitution rejeté par les houthis. Selon April Longley Alley, experte du Yémen à l'International Crisis Group, « le rapt de ben Moubarak est un message adressé à M. Hadi, indiquant que les houthis ne reviendront pas sur leur rejet d'une structure fédérale à six régions ». « Cela fait partie plus généralement des méthodes utilisées par les houthis qui formulent des exigences et, lorsque celles-ci ne sont pas satisfaites, utilisent la violence pour parvenir à leurs fins », selon elle.

La puissante milice chiite au Yémen, Ansarullah, s'est emparée hier du palais présidentiel à Sanaa et encerclait la résidence du chef de l'État.Appelés houthis, les combattants de la milice, qui contrôlent depuis septembre une grande partie de la capitale, « sont entrés dans le complexe et pillent des armes dans les dépôts », a annoncé un responsable militaire. De son côté, un...

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