Des milliers de partisans du Hezbollah ont participé hier, aux cris de « Mort à Israël », aux funérailles de Jihad Imad Moghniyé, l'un des six responsables et cadres supérieurs du parti chiite tués dans le raid israélien en Syrie, dimanche dernier.
Ce raid sur la partie non annexée du plateau du Golan, qui a tué un haut dirigeant du Hezbollah, Mohammad Ahmad Issa, responsable du dossier Syrie-Irak au sein du parti de Dieu, a également coûté la vie à six militaires iraniens, dont un général des gardiens de la révolution, l'armée d'élite de la République islamique.
Israël a dit avoir visé des « éléments terroristes » accusés de préparer des attaques contre lui. L'État hébreu, qui cherche à empêcher des transferts d'armes vers le Hezbollah, a déjà plusieurs fois frappé des cibles en Syrie. Il s'agit d'un des coups les plus durs portés au Hezbollah depuis qu'il combat aux côtés du régime de Bachar el-Assad.
Hier, dans la banlieue sud de Beyrouth, une marée humaine a pris part aux funérailles de Jihad Moghniyé, 25 ans, le fils de Imad Moghniyé assassiné en 2008 à Damas.
Le cercueil du jeune Moghniyé, enveloppé du drapeau jaune du Hezbollah, a été porté par une foule marchant aux cris de « Mort aux États-Unis et à Israël », « Non à l'humiliation » ou encore « Israël, ennemi des musulmans ». Des hommes ont tiré en l'air en signe de deuil, tandis que d'autres étaient en pleurs. Le combattant a été inhumé dans le même cimetière que son père.
« La riposte doit être sévère », a affirmé un des participants, tandis qu'une femme qui assistait aussi aux funérailles tempérait en affirmant que le « Hezbollah se vengera sans se lancer dans une guerre ».
Une délégation du mouvement Amal était présente aux funérailles.
Le Hezbollah organisera aujourd'hui les funérailles des cinq autres cadres tombés au Golan et qui sont Mohammad Ahmad Issa, Ali Hassan Abou Hassan, Ghazi Ali Daoui, Ali Hassan Ibrahim et Abbas Ibrahim Hijazi. Le Hezbollah recevra les condoléances aujourd'hui et demain dans un complexe relevant du parti au quartier américain de Hadeth.
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L'Iran a, de son côté, confirmé lundi la mort d'un général des gardiens de la révolution dans le raid israélien.
« Un nombre de combattants et des forces de la Résistance islamique, avec le général Mohammad Ali Allah Dadi, ont été attaqués par des hélicoptères du régime sioniste en visitant la zone de Kuneitra (...). Ce général courageux et des membres du Hezbollah sont tombés en martyrs », ont indiqué les gardiens dans un communiqué publié sur leur site Internet, Sepahnews. Le communiqué ne mentionne pas d'autres morts iraniens dans l'attaque.
Une source proche du Hezbollah avait auparavant annoncé que six militaires iraniens, dont des officiers, faisaient partie des victimes.
Le général Allah Dadi « était parti en Syrie comme conseiller pour aider le gouvernement et la nation syriens dans son combat contre les terroristes takfiris et salafistes », expliquent les gardiens dans leur communiqué. Il « avait fourni des conseils déterminants pour contrer les atrocités et les conspirations terroristo-sionistes visant à changer la géographie de la Syrie ».
Ne pas tomber dans leur piège
Ce raid d'Israël contre le Hezbollah et l'Iran intervient quelques jours après que le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, eut menacé l'État hébreu de riposte en cas de nouvelles attaques en Syrie.
Si les médias du parti ont évoqué une « aventure menaçant la sécurité du Moyen-Orient », les analystes ne croient toutefois pas à une guerre généralisée, car ils doutent que le Hezbollah veuille ouvrir un deuxième front.
« Le Hezbollah ne peut pas riposter massivement, car s'il le fait, il y aura une autre guerre. Or le Hezbollah est en Syrie et n'est pas prêt à combattre contre Israël », estime Hilal Khachan, professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth. « Nasrallah dira que les Israéliens cherchent la provocation et qu'il ne faut pas tomber dans leur piège », sans aller plus loin, estime le chercheur.
(Lire aussi : Golan : Pour le Yediot, le Hezbollah répondra, mais évitera d'ouvrir un nouveau front avec Israël)
Cette analyse est partagée en Israël, rapporte l'AFP. « Le Hezbollah ne veut pas d'une guerre ouverte (...) et ne souhaite pas l'affrontement pour le moment », affirme Yoram Schweitzer, ex-chef du service militaire israélien de lutte contre le terrorisme.
Sur le terrain au Liban-Sud, hier, la Finul et l'armée libanaise ont intensifié leurs patrouilles le long de la ligne bleue. De l'autre côté de la frontière, aucune activité israélienne hors du commun n'a été enregistrée.
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Le Hezb paye ainsi le prix de son ingérence militaire inacceptable auprès du régime de Bashar el-Assad. L'Iran en subit les mêmes conséquences pour les mêmes raisons.
Tony BASSILA
15 h 21, le 20 janvier 2015