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Liban

Élie Warraq, une couverture idéale pour les jihadistes

Elie Warraq.

La famille Warraq est toujours en état de choc : Élie, fils de cette famille chrétienne, se serait converti à l'islam pour devenir jihadiste, une première au Liban.
« Est-ce un cauchemar ? » se demande incrédule Tony, le père de ce jeune de 22 ans, en grillant nerveusement cigarette sur cigarette dans la maison du village de Mejdlaya, au Akkar.
Assis près d'un sapin de Noël et d'une table en bois ornée d'une petite croix, cet homme de 50 ans tente de retenir ses larmes : « Le choc est énorme. Je n'ai pas dormi depuis la nouvelle. C'est de mon fils qu'il s'agit (...) je ne souhaite ça à personne, même à mon pire ennemi. En voyant à la télé que des gens se font exploser dans des églises et des mosquées en Irak et en Syrie, je me suis toujours demandé "comment un être humain peut-il faire une chose pareille ? ". Je n'arrive pas à croire que mon fils fait partie de ces gens », martèle-t-il.

« Abou Ali »

Le conflit syrien a profondément divisé le Liban. La majorité des sunnites y est favorable à l'opposition syrienne et la plupart des chiites soutiennent le régime de Bachar el-Assad. Le Liban a ainsi été secoué par plusieurs attentats dans lesquels étaient impliqués de jeunes Libanais sunnites recrutés par des groupes jihadistes, mais c'est la première fois au Liban qu'un chrétien est soupçonné d'avoir rejoint les rangs de groupuscules islamistes radicaux, basés notamment dans le Nord.

Jeudi, l'armée a annoncé dans un communiqué avoir fait avorter une série d'attaques-suicide, en arrêtant trois personnes dont Élie, surnommé « Abou Ali ». Ces personnes préparaient des attaques contre les postes de l'armée ainsi que des zones résidentielles, et se déplaçaient munies de fausses pièces d'identité syrienne et palestinienne, selon l'armée.

Élie « se préparait à devenir kamikaze », a indiqué une source militaire, sans pouvoir dire à quel groupe il était affilié. Selon une source au sein des services de sécurité, le jeune homme « s'était rendu à deux reprises en Turquie avant de disparaître il y a près d'un an, probablement en Libye ». Et fin 2014, les services de renseignements soupçonnent Élie d'être impliqué dans le transfert d'armes d'une région libanaise à une autre, car, « étant chrétien, il lui était plus facile de passer les points de contrôle ».

(Lire aussi : Le credo des jihadistes : semer le chaos pour mieux régner)


Lavage de cerveau

Élie était toutefois un jeune sans histoire. « Il allait à l'église pour les fêtes comme tous les jeunes chrétiens ici », explique son père. « Il écoutait les chansons populaires et nous présentait souvent ses petites amies. Il était très attaché à son chien Luke. Comment lavent-ils les cerveaux de ces jeunes ? Les droguent-ils ? » s'interroge-t-il.

Avant de quitter la maison familiale fin 2013, Élie a travaillé avec son père dans la construction et au sein de la police à deux reprises. Son frère cadet est soldat. Il passait beaucoup de temps avec ses amis à Kobbé, à Tripoli, où sa famille habitait il y a cinq ans. Les habitants de ce quartier le décrivent comme « gentil et poli ». Un vendeur raconte toutefois qu'il était « replié sur lui-même, ne buvait pas d'alcool, ne fumait pas ». Il a été arrêté une semaine après un double attentat-suicide sanglant commis par deux jeunes Libanais sunnites à Jabal Mohsen, et revendiqué par le Front al-Nosra.

« Se convertir à l'islam, je veux bien, mais aller tuer est inacceptable », affirme l'oncle d'Élie, Georges, maire du village de Charbila (Nord) d'où est originaire la famille. Il raconte que le jeune a « changé » après être rentré de Turquie. « Je lui ai dit une fois : "Tu es libre de devenir musulman, mais ne te mêle pas de sales besognes." Il n'avait pas réagi. C'est clair qu'il a été entraîné dans une affaire dont il ne pouvait plus sortir. »


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