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Moyen Orient et Monde - Conflit

Paris déplore le manque d’initiative de la communauté internationale sur la Syrie

Pour Assad, la réunion avec l'opposition à Moscou doit être axée sur la lutte antiterroriste.

Des Syriens ont brûlé hier une pancarte « Je suis Charlie » dans un secteur rebelle d’Alep, estimant que l’hebdomadaire « Charlie Hebdo » renforçait l’hostilité des musulmans envers les pays occidentaux. Zein al-Rifaï/AMC/AFP

Le président français François Hollande a déploré, hier, à l'Institut du monde arabe, le manque d'initiative de la communauté internationale pour rétablir la paix en Syrie. « À force de ne pas être traitée, c'est la force qui s'est imposée dans la crise syrienne, a regretté hier le président. C'est pourquoi maintenant il y a cette situation particulièrement horrible où un régime (...) continue à punir sa population, et un groupe terroriste (...) s'est installé comme opposition alors que nous connaissons les liens entre les deux systèmes. » « Terrible leçon de la tragédie syrienne quand la communauté internationale tarde trop à faire ses choix, prendre ses décisions », a martelé le chef de l'État. « Terrible tragédie syrienne quand on regarde le nombre de personnes (...) réfugiées, avec le fardeau que cela peut représenter pour le Liban, la Jordanie, la Turquie. Terrible leçon de la tragédie syrienne quand on voit qu'elle s'est répandue dans beaucoup de pays », a-t-il poursuivi, en référence notamment au Cameroun et au Nigeria où Boko Haram « s'inspire des mêmes conditions d'effroi ».
Le président français avait déploré mercredi que la communauté internationale ne soit pas intervenue militairement en Syrie à la fin de l'été 2013, comme le souhaitait la France, lors de ses vœux aux armées à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle. Le porte-avions, qui va faire route vers l'Irak, permettra « si nécessaire » de « mener des opérations en Irak avec encore plus d'intensité et d'efficacité » dans le cadre des frappes françaises contre l'organisation État islamique (EI), a affirmé le chef de l'État. « Je continue de regretter (...) que la communauté internationale n'ait pas agi en temps voulu pour faire cesser les massacres en Syrie et empêcher les extrémistes de gagner plus de terrain encore », a-t-il déclaré.
« C'était notamment à la fin du mois d'août 2013, début du mois de septembre que la communauté internationale aurait dû déjà agir. La France était prête, les ordres avaient été donnés, les dispositifs étaient en place. Une autre voie a été préférée. Nous en voyons les résultats », a-t-il déploré.
Confronté au revirement du président américain Barack Obama qui avait décidé de saisir le Congrès avant toute frappe aérienne en Syrie, Paris avait dû renoncer en septembre 2013 à une intervention militaire en Syrie dans la foulée de l'émoi mondial provoqué par l'emploi d'armes chimiques contre la population.
Sur un autre plan, le président syrien Bachar el-Assad a affirmé que le combat contre le « terrorisme » devait rester la priorité de la réunion prévue fin janvier à Moscou avec l'opposition, se disant circonspect quant aux résultats de cette rencontre.
Depuis le début de la révolte contre son régime en mars 2011, M. Assad, qui s'exprimait dans un entretien publié hier par le journal tchèque Literani Noviny, qualifie de « terroristes » les militants pacifiques, les rebelles et les jihadistes qui cherchent à le renverser. « Nous allons en Russie non pas pour entamer un dialogue, mais pour se réunir avec ces personnalités (de l'opposition) et discuter avec elles du cadre de ce dialogue : l'unité de la Syrie, le combat contre les organisations terroristes, le soutien à l'armée et la lutte antiterroriste », a affirmé M. Assad. L'opposition en exil comme celle de l'intérieur veulent pour leur part discuter d'un gouvernement transitoire en vue de trouver une issue à la guerre qui ravage la Syrie depuis près de quatre ans. Appuyant l'initiative russe d'organiser cette réunion, M. Assad a toutefois indiqué que « les attentes doivent être réalistes » et qu'il était « trop tôt pour juger de la possibilité d'échec ou de réussite ». Renvoyant la balle aux opposants, il a estimé que « s'ils ont des (idées) qui servent l'intérêt du peuple syrien, nous irons de l'avant, sinon, nous ne traiterons pas avec eux avec sérieux ».
De son côté, le médiateur de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a lancé un appel hier à Genève en faveur d'une trêve dans la ville syrienne d'Alep. Le médiateur a proposé une suspension des combats à l'arme lourde à Alep, car « il faut donner un signal », afin de réduire le niveau des violences et d'accroître l'accès à l'aide humanitaire. Ce qui se passe dans cette ville, la deuxième de Syrie, est « un microcosme symbolique de ce qui se passe dans tout le pays », a ajouté M. de Mistura. « Personne ne veut » faire le premier pas, a-t-il relevé. « Le gagnant pourrait être l'État islamique qui se trouve à une vingtaine de kilomètres de la ville d'Alep », a averti Staffan de Mistura. « Allons-nous attendre un nouveau massacre ? » a-t-il demandé.

« Terrible leçon de la tragédie syrienne »
Parallèlement, onze frappes en Syrie et autant en Irak ont été menées contre l'État islamique (EI) par les avions de la coalition internationale depuis mercredi, a annoncé hier l'état-major de celle-ci. En Syrie, cinq des frappes ont eu lieu sur Kobani, ville kurde à la frontière avec la Turquie, où les combats font rage entre l'EI et les insurgés kurdes. Quatre positions de combat de l'EI, un bâtiment et une unité tactique ont été détruits, précise le communiqué de la Combined Joint Task Force. En Irak, sept villes ont été visées par la coalition, dont Mossoul, Baidji et al-Kaïm. Un container, des unités tactiques, des bâtiments, des navires et des véhicules terrestres de l'EI ont été détruits.
Enfin, le gouvernement italien a annoncé hier soir que les deux jeunes humanitaires italiennes enlevées début août en Syrie avaient été libérées.
(Sources : agences)

Le président français François Hollande a déploré, hier, à l'Institut du monde arabe, le manque d'initiative de la communauté internationale pour rétablir la paix en Syrie. « À force de ne pas être traitée, c'est la force qui s'est imposée dans la crise syrienne, a regretté hier le président. C'est pourquoi maintenant il y a cette situation particulièrement horrible où un...

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