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Lifestyle - Liban pop - Future TV

Ghassan Hanna, premier présentateur télé non voyant au Liban

« La télévision n'a jamais été un but en soi. Pour moi, c'est le message qui compte » : à travers son émission, Ghassan Hanna se penche sur les défis et exploits des personnes à besoins spécifiques.

Chaque mercredi, Ghassan Hanna reçoit ses invités en studio dans le cadre de « Aalam el-Sabah ».

La télévision réserve toujours à Beyrouth de nombreuses surprises, souvent les unes plus mauvaises que les autres. Dans cette industrie parfois synonyme d'un fourre-tout médiatique aux images violentes, aux programmes dénués de sens et aux speakerines botoxées, la Future TV a réservé pour son audimat une belle surprise. À une époque où l'apparence physique prime souvent dans le choix des présentateurs, voilà que Ghassan Hanna, un non-voyant, présente depuis plus de trois mois son propre segment télévisé dans le cadre du programme matinal à succès, Aalam el-Sabah.


Intitulée Saabeh Ktir ? (Est-ce si difficile ?), cette émission diffusée en direct chaque mercredi aux alentours de midi s'intéresse en effet aux personnes handicapées ou à besoins spécifiques. Chaque semaine, Ghassan Hanna reçoit en studio ces personnes-là pour discuter des défis auxquels elles font face, mais aussi des exploits qu'elles tentent au quotidien de réaliser, sans oublier de mettre l'accent sur le rôle joué par la société civile et les associations caritatives à ce niveau.


« Mon premier but est de faire en sorte que les gens connaissent mieux les personnes à besoins spécifiques, explique Ghassan Hanna à L'Orient-Le Jour. En effet, comment communiquer avec quelqu'un quand on n'est pas conscient de ses besoins et de son potentiel ? Les Libanais qui n'ont jamais côtoyé un handicapé ne sont généralement pas conscients de ses capacités. Quand ils rencontrent un aveugle, ils jugent qu'il n'est pas capable de mener à bien quoi que ce soit. Certaines personnes qui ont su qu'un non-voyant allait présenter une émission-télé se sont même interrogées : Comment va-t-il faire pour parler ?!. »
« Est-ce si difficile de comprendre l'autre et de comprendre ses besoins ? », ajoute Ghassan Hanna, qui assure que le problème réside également au niveau de l'État qui soit ne légifère pas, soit n'applique pas les législations, mis à part le problème économique et la difficulté d'allouer un budget pour aménager les lieux qui pourraient accueillir des handicapés. « La loi stipule que des opportunités de travail doivent être offertes aux personnes à besoins spécifiques dans les entreprises, mais souvent l'on nous dit qu'il n'y a pas d'emplois vacants alors que ce n'est pas vraiment le cas... », déplore-t-il.

 

Un parcours académique exceptionnel
Des discriminations, Ghassan Hanna en a connues. Après avoir perdu la vue complètement à l'âge de 20 ans à cause d'un décollement de la rétine, une fois ses études en théologie et en philosophie terminées, il a peiné à trouver un emploi convenable. S'orientant alors vers des études plus spécialisées, et face à la difficulté de percer dans le monde professionnel, le jeune Ghassan a alors accumulé licences et masters. Détenant une dizaine de diplômes, dont une licence en droit canonique, un master en sciences politiques et relations internationales, un master en diplomatie et négociations stratégiques et un master en doctrine sociale de l'Église, Ghassan Hanna, aujourd'hui doctorant, a enfin pu enseigner dans quelques universités à Beyrouth. Entre deux jobs futiles, dont celui de standardiste dans une banque, il a également publié cinq livres en langue arabe, avant qu'un beau jour il ne reçoive un coup de fil de la production de Aalam el-Sabah, impressionnée par son CV. « Je n'avais jamais pensé me retrouver à faire de la télévision, confie-t-il. Et cela n'a jamais été un but en soi. » « Pour moi, c'est le message qui compte », affirme-t-il, espérant que son expérience pionnière ouvrira la voie à d'autres personnes à besoins spécifiques, leur permettant de percer dans des domaines pas toujours évidents.


De son côté, la productrice exécutive de l'émission Nadine Majzoub, à qui l'on doit cette louable initiative, assure avoir trouvé en Ghassan Hanna le « candidat idéal ». « Il est très éduqué, mais le plus important reste qu'il peut mieux que quiconque aborder ce genre de sujets, surtout qu'il n'est pas né aveugle et qu'il a vécu ces deux mondes », explique la productrice qui a réussi depuis quelques années à moderniser de manière drastique le morning show le plus ancien au Liban et le plus connu. « Aalam el-Sabah n'est pas qu'un morning show, dit-elle. Je ne cherche surtout pas à remplir les matinées des téléspectateurs, mais plutôt à traiter de sujets spécifiques et à véhiculer des messages, qui sont toujours positifs. Dès ma prise en charge de l'émission, j'ai voulu consacrer un segment pour les personnes à besoins spécifiques. Ces personnes-là ne doivent pas vivre en marge de la société, et nous avons voulu faire la lumière sur leurs défis et leurs exploits. Montrer comment un non-voyant peut regarder un film, par exemple, comment il peine à trouver un parking, ou encore comment il fait du sport. En fait Saabeh Ktir ? est tout simplement la voix des handicapés à la télévision. »

 

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commentaires (3)

genial...fantastique...courage....

Soeur Yvette

16 h 13, le 15 janvier 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • genial...fantastique...courage....

    Soeur Yvette

    16 h 13, le 15 janvier 2015

  • Courage pour Ghassan Hanna et bravo pour la Future TV pour cette initiative unique au Liban , en espérant que d'autres TV suivront l'exemple.

    Sabbagha Antoine

    12 h 11, le 15 janvier 2015

  • C'est fantastique, génial, vraiment!!! Ca fait tellement de lire de si belles initiatives, qui contrastent tellement avec notre quotidien!!!

    NAUFAL SORAYA

    09 h 03, le 15 janvier 2015

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