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Économie - Liban - Énergie

Le pétrole bon marché, cadeau inespéré pour les finances publiques libanaises ?

Avec un baril de pétrole à moins de 50 dollars, la facture énergétique de l'État libanais va se réduire, ce qui aura un impact favorable sur les finances publiques dont la dégradation redevenait inquiétante.

La chute des cours mondiaux du pétrole devrait permettre à l’État d’économiser 700 millions de dollars sur sa facture énergétique en 2015.

Les consommateurs l'ont vite senti : la baisse des cours mondiaux de pétrole a entraîné une baisse de 30 à 35 % des prix à la pompe. Mais les ménages libanais ne sont pas les seuls à bénéficier de cet effet d'aubaine. Pour les finances publiques aussi, la chute des cours du brut se mesure à l'aune des transferts du Trésor à Électricité du Liban. Chaque année, l'État dépense en moyenne entre 1,5 et 2 milliards de dollars pour financer les besoins en mazout des centrales libanaises. Le prix de la tonne est passé de 800 dollars au premier semestre 2014 à 400 aujourd'hui, précise Maroun Chammas, président du Rassemblement des importateurs de pétrole. « On estime que la baisse des cours du pétrole va permettre de réduire d'environ 700 millions de dollars les transferts à EDL », selon Nassib Ghobril, directeur de la recherche à la Byblos Bank. « C'est énorme, surtout quand on sait qu'ils représentent environ 50 % du déficit public », ajoute l'économiste, qui précise que l'État tient là une occasion unique de se réformer et de réformer EDL.

 

(Lire aussi : Le pétrole bon marché, cadeau inespéré pour les consommateurs libanais ?)

 

Relèvement des taxes ?
Mais il n'y aura pas d'autres incidences majeures en termes fiscaux, car entre 2011 et 2012, lorsque les cours du pétrole tournaient autour de 110 dollars, l'État a exonéré de droits d'accise puis de TVA les produits pétroliers importés. Cette décision a divisé par deux les revenus que le Trésor tirait jusque-là de ces taxes. Aujourd'hui, celles-ci ne rapportent que 300 à 330 millions de dollars selon les années. Du coup, nombre d'experts préconisent de les réintroduire. Le Fonds monétaire international rappelle en particulier que le Liban a un besoin urgent de résorber sa dette publique. « Une croissance faible associée à des déficits primaires est à l'origine de la spirale de la dette publique, qui a atteint l'année dernière 140 % du PIB et qui continue d'augmenter. La chute des cours du pétrole semble une occasion unique de réintroduire une fiscalité sur l'essence. Nous sommes favorables à une taxe de 5 000 livres libanaises sur les 20 litres d'essence. La reprise de ces droits d'accise pourrait dégager près de 300 millions de dollars pour le budget », a déclaré officiellement le FMI au gouvernement libanais. Toutefois, si elles étaient réintroduites, ces taxes annuleraient l'effet d'aubaine ressenti par le consommateur sur sa facture d'essence dont l'impact pourrait être positif sur l'activité – et éventuellement les recettes de l'État – à travers une relance possible de la demande. C'est d'ailleurs pourquoi l'économiste de la Byblos Bank, Nassib Ghobril, se montre peu enthousiaste à l'idée de leur réintroduction, estimant que les « ménages libanais ont besoin de souffler ».

 

(Lire aussi : L'Opep ne peut plus « protéger » le prix du baril de pétrole, selon les Émirats)

 

Pression sur les taux
À l'inverse, l'impact de la baisse des cours du brut pourrait être négatif sur les finances publiques libanaises s'il aboutissait à moyen terme à une baisse significative des remises des émigrés qui représentent 7,7 milliards de dollars, soit quelque 20 % du PIB, selon les chiffres tirés du rapport économique de Bank Audi (décembre 2014). Si ces flux diminuaient, il pourrait y avoir une pression à la hausse sur les taux d'intérêt (pour attirer davantage de capitaux), ce qui aurait un impact négatif sur le service de la dette. En 2014, le service de la la dette a progressé de 11,6 % pour atteindre près de 2,6 milliards de dollars en août dernier. Selon le cabinet américain Citi Research, une baisse de 25 % des remises des expatriés libanais, en provenance des pays du Golfe, se traduirait par un creusement supplémentaire du déficit public de 4 %, soit davantage que ce qu'induit la réduction globale de la facture d'importation de produits pétroliers (estimée par ce même institut à l'équivalent de + 2,3 % de PIB). Mais à ce stade, il est encore trop tôt pour dire si les transferts vont effectivement baisser, sachant que ces flux de capitaux sont par nature particulièrement stables sur la durée.

 

(Cet article a été édité le 14 janvier 2015 à 15h30)

 

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commentaires (2)

C'est surtout l'euro faible qui fait nos affaires . le liban est indexe sur le dollar .

FRIK-A-FRAK

18 h 17, le 14 janvier 2015

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Commentaires (2)

  • C'est surtout l'euro faible qui fait nos affaires . le liban est indexe sur le dollar .

    FRIK-A-FRAK

    18 h 17, le 14 janvier 2015

  • Avec moins de 700 millions de dollars de transferts pour l' EDL espérons une bonne année pour le Liban avec aussi moins de dettes .

    Sabbagha Antoine

    12 h 41, le 14 janvier 2015

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