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Moyen Orient et Monde - Allemagne

Merkel en première ligne contre le Pegida

Le mouvement anti-islam va croissant depuis octobre, malgré les contre-manifestations.

Le mouvement Pegida, actif depuis octobre, attire de plus en plus de partisans. Fabrizio Bensch/Reuters

La chancelière Angela Merkel a insisté hier sur l'appartenance de l'islam à l'Allemagne, annonçant qu'elle serait présente aux côtés du président Joachim Gauck à une commémoration silencieuse des organisations musulmanes allemandes ce soir à la Porte de Brandebourg, au cœur de Berlin.
« Nous allons envoyer un signal très fort demain (...) pour la cohabitation paisible des différentes religions en Allemagne (...). Le président (Gauck) a fait savoir qu'il prononcerait un bref discours et je serai aussi présente en tant que chancelière », a-t-elle indiqué, lors d'une conférence de presse avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu, à Berlin. « L'islam appartient à l'Allemagne », a-t-elle insisté, réitérant des propos déjà tenus par les plus hauts dirigeants allemands dans le passé et invitant à éviter l'amalgame avec les terroristes. Et lors de son allocution du Nouvel An, la chancelière avait appelé ses compatriotes à ne pas participer aux manifestations anti-islam, estimant qu'elles étaient organisées par des gens au « cœur » rempli de « préjugés » et de « haine ».


Dans la soirée, des milliers de manifestants se sont une nouvelle fois rassemblés à Dresde pour dénoncer ce qu'ils voient comme une islamisation de l'Allemagne. Beaucoup arboraient des pancartes en lien avec les attentats parisiens : « Vous ne pouvez pas tuer notre liberté » ou « Liberté de penser au lieu de la terreur salafiste ». Pour la douzième manifestation, les organisateurs ont appelé à rendre hommage aux « victimes du terrorisme de Paris », invitant leurs sympathisants à porter un brassard noir. Une minute de silence devait également être observée. Ces attaques terroristes « peuvent advenir partout », a assuré à l'AFP une manifestante de 70 ans, Juta Starke, qui disait avoir immédiatement pensé : « C'est l'islam, c'est l'idéologie politique de l'islam », en apprenant la fusillade meurtrière dans l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo. Pour rappel, depuis octobre, le mouvement anti-islam Pegida (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident) mobilise chaque lundi contre la religion musulmane et les demandeurs d'asile. Avec un succès croissant : 500 personnes pour le premier défilé le 20 octobre, 10 000 début décembre, 18 000 lundi dernier, un record jusqu'ici. À Leipzig, également en ex-RDA, plusieurs centaines de manifestants anti-islam se sont pour la première fois rassemblés, soit autant que les contre-manifestants, a constaté l'AFP. Tout un symbole : c'est là que, en 1989, les « manifs du lundi » ont fait vaciller le mur de Berlin. Vingt-cinq ans plus tard, à Dresde, Pegida en a détourné le slogan historique « Nous sommes le peuple », désormais scandé par ses partisans. Les partisans d'une Allemagne ouverte aux étrangers et tolérante étaient également très nombreux à Munich et Berlin, notamment. Ils étaient plus de 100 000 dans toute l'Allemagne, selon un décompte de l'agence de presse DPA.

 

(Lire aussi: En Allemagne, le mouvement anti-islam espère gagner en ampleur)


Pays de 81 millions d'habitants, l'Allemagne compte environ trois millions de personnes turques ou d'origine turque. Elles forment la majorité de la communauté musulmane allemande, forte d'environ 4 millions de personnes. Les autorités allemandes craignent une montée des tensions dans le pays suite aux attaques survenues en France. En attendant, l'enquête se poursuivait en Allemagne pour identifier les auteurs d'un incendie criminel, commis dans la nuit de samedi à dimanche contre le Hamburger Morgenpost, un journal de Hambourg qui avait publié des caricatures de Charlie Hebdo. Deux suspects interpellés dimanche ont été relâchés hier.


Dès le soir de l'attaque contre la rédaction parisienne de Charlie Hebdo, Pegida avait tenté une opération de récupération. « Les islamistes, contre lesquels Pegida met en garde depuis plus de 12 semaines, ont montré aujourd'hui en France qu'ils sont tout simplement incompatibles avec la démocratie », avait écrit le mouvement sur sa page Facebook. Le mouvement essaime en Europe : à Vienne, un premier défilé Pegida est prévu fin janvier et des pages Facebook ont été créées en Suède et Norvège (respectivement 6 000 et 2 000 abonnés) ; dans ce dernier pays, 200 personnes ont défilé hier à Oslo à l'appel du Pegida. Et en Suisse, Pegida a annoncé une manifestation pour le 16 février.

 

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