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À La Une - Trois questions à...

"Les autorités ne pouvaient ni entrer, ni contrôler ce qui se passait dans le bâtiment B de Roumieh"

... Père Hadi Aya, président et fondateur de l'Association justice et miséricorde (Ajem).

La prison de Roumieh. Photo d'archives/ Hassan Assal.

Deux jours après le double-attentat suicide perpétré dans un café de Jabal Mohsen, à Tripoli, les forces de sécurité libanaise ont mené une vaste opération de perquisitions dans le bâtiment B de la prison de Roumieh. Ce bâtiment est célèbre pour accueillir des détenus islamistes qui y faisaient régner leur loi.

Lundi après-midi, le ministre libanais de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a crié victoire après l'opération menée par les Forces de sécurité intérieure (FSI) au sein de la prison pour transférer les détenus islamistes dans une aile plus sécurisée. "Toutes les histoires que vous avez entendues ces dernières années, de 2009 jusqu'à aujourd'hui, sont finies", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse, affirmant que la "chambre d'opération de la prison de Roumieh qui coordonnait des actes terroristes" n'est plus. En réponse aux questions des journalistes, M. Machnouk a à nouveau indiqué "qu'une majeure partie de ce qui s'est passé à Jabal Mohsen s'est fait en coordination avec des détenus de Roumieh".

 

Douze années durant, le père Hadi Aya, président de l'Association justice et miséricorde (Ajem) engagée auprès des détenus dans les prisons libanaises, a géré une maison d'accueil en face de Roumieh. En juillet dernier, il annonçait la fermeture de cette maison, en dénonçant "la prise en otage de la région de Roumieh par les islamistes de la prison".

 

(Pour mémoire : Le mufti de Tripoli : les détenus de Roumieh sans procès sont opprimés)

 

Q-Quelle était la situation jusqu'à présent dans le bâtiment B de la prison de Roumieh?

R-"Le bâtiment B accueille les islamistes depuis sept ans. Il y avait environ 700 détenus dans ce bloc (900 selon une source des FSI, ndlr), dont à peu près 270 islamistes. 55% des détenus à Roumieh ne sont pas passés devant un juge. Dans le bâtiment B, le pourcentage est beaucoup plus élevé, la majorité des islamistes n'ont pas été condamnés.

Jusqu'à présent, les autorités ne pouvaient ni y entrer, ni contrôler ce qui s'y passait. Elles ne contrôlaient que l'extérieur du bâtiment B. Quand les autorités pénitentiaires voulaient faire quoi que ce soit au sein de ce bâtiment, elles devaient négocier avec les islamistes. Ces derniers disposaient de tout : téléphone portable, internet... N'importe quel visiteur pouvait faire passer ce qu'il voulait aux détenus. On y comptait aussi des gardiens corrompus. Dans ce bâtiment, les détenus avaient tous les moyens nécessaires (pour communiquer avec Daech). Ce n'est pas permis!"

 

(Pour mémoire : Roumieh : le directeur de la prison impliqué avec 9 complices)

 

Q-Comment en sommes-nous arrivés la?

R-"Nous sommes arrivés à cette situation en raison d'un processus de politisation du dossier. Cette situation était le résultat d'une décision politique, du fait qu'une partie politique mettait la pression sur la police (pour aboutir à ce laisser faire, ndlr)".

 

Q-Que pensez-vous de l'opération menée aujourd'hui par les forces de l'ordre à Roumieh?

R-"Aujourd'hui, il semble qu'il y ait eu une décision politique de prendre le contrôle du bâtiment B. C'est très bien, il faut que cette prison soit libérée de l'emprise des islamistes. Les islamistes doivent être transférés dans une autre prison, et que les autres détenus soient préparés à leur sortie".

 

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