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Liban - Décryptage

Radicaliser et fragiliser les sociétés, un des objectifs des terroristes

Au Liban comme en France, le terrorisme a frappé ; et au Liban comme en France, le sursaut national est de mise pour tenter de déjouer les plans des terroristes qui visent à déstabiliser les sociétés aussi bien dans la région qu'en Europe et dans le monde. Dans une lettre adressée au président français de l'époque François Mitterrand, le général Michel Aoun avait prédit une telle situation en 1989. Il avait écrit : « Un des grands problèmes de cette fin de siècle sera forcément une confrontation entre l'islamisme et l'Occident. Accepter la disparition du Liban, c'est se priver d'une terre où le dialogue a été plus qu'une réalité quotidienne, une culture constitutive. » Il avait ajouté que « les intérêts de la France sont plus grands que les limites de l'Hexagone ». Justement, la France hier a été comme l'a déclaré le président François Hollande « la capitale du monde », et c'est en se solidarisant avec elle que le monde mesure l'importance et l'ampleur des réseaux terroristes qui constituent une menace pour tous ceux qui ne partagent pas leur vision déformée de la vie et de l'islam. Une source sécuritaire libanaise révèle ainsi que les menaces des groupes takfiristes contre l'Europe étaient devenues plus précises, mais cela ne signifie nullement qu'ils ont cessé d'agir au Liban. Selon la source précitée, les takfiristes frappent là où ils le peuvent, dès qu'ils sentent que l'occasion se présente, leur véritable objectif étant de déstabiliser les sociétés aussi bien dans la région qu'en Europe et dans le monde, pour les pousser à se radicaliser contre les musulmans. Ce qui permettrait à ces groupes de recruter de nouveaux adhérents, qui se sentiraient de plus en plus frustrés, humiliés et exclus dans les sociétés où ils vivent. En d'autres termes, la plus mauvaise réponse aux actes terroristes serait donc le fait de pointer du doigt les musulmans, car cela permettrait aux groupes terroristes d'atteindre leur objectif. C'est en ce sens que l'élan de solidarité nationale en France est important, tout comme l'est aussi la réaction des notables de Jabal Mohsen en refusant de condamner Tripoli. Ce n'est pourtant pas par hasard si les kamikazes qui se sont fait sauter devant le restaurant à Jabal Mohsen venaient d'un quartier pauvre de Tripoli. L'objectif des tueurs était donc d'approfondir le fossé entre les communautés sunnite et alaouite, et de rallumer les tensions entre le Jabal, fief des alaouites, et la ville, fief sunnite. En même temps, le timing a été soigneusement étudié pour prêter à confusion puisque le double attentat est intervenu à la veille d'une nouvelle convocation du chef du parti alaouite Ali Eid devant la justice avec la possibilité de lancer un mandat d'arrêt contre lui. Mais selon la même source sécuritaire, les terroristes auraient sciemment voulu semer la confusion dans les esprits pour contrecarrer les efforts en vue de rétablir les liens entre les deux communautés et d'apaiser Tripoli et son environnement.
Les services de sécurité libanais s'attendaient malheureusement donc à une action quelconque de la part des terroristes, surtout après la prise de contrôle quasi totale de Daech de la zone du jurd de Qalamoun, contrôlée par les rebelles, après avoir pratiquement chassé les partisans du Front al-Nosra et ceux de l'Armée libre de Syrie, qui ont été soit contraints à se rallier à elle, soit chassés ou tués. Les forces armées ont repoussé ces derniers jours plusieurs tentatives d'assaut à partir de certaines zones de la frontière dans la Békaa du Nord, alors qu'elles ont renforcé leur présence et leur état d'alerte dans la zone qui s'étend vers Chebaa, mais les terroristes ont frappé à Jabal Mohsen et ils peuvent frapper encore. Le calme qui a régné pendant la période des fêtes de fin d'année ne doit pas tromper les Libanais et leur faire croire que toute menace est désormais écartée. De plus, le dialogue qui prend forme entre le courant du Futur et le Hezbollah ainsi que celui qui est en gestation entre le chef du CPL et le chef des Forces libanaises contribuent à renforcer la cohésion interne et sont plus que nécessaires en ce moment très délicat, mais ils n'éliminent pas la menace terroriste. Au contraire, le propre de ces groupes terroristes est d'attaquer là et au moment où on s'y attend le moins. Ils ont leur propre agenda, leurs réseaux et leur programme qui ne tiennent pas compte des frontières, ni des États. Ils pensent que le temps joue en leur faveur, et plus les régimes en place et les sociétés se sentent menacés, plus ils sont fragilisés. Les services de sécurité libanais précisent que, pour ces groupes, le Liban reste un espace indispensable, tant qu'ils n'ont pas la possibilité de s'étendre en Syrie, en Irak, en Jordanie et ailleurs. La lutte contre eux sera longue et la vigilance doit être maintenue en même temps que les tentatives de rétablir le dialogue entre toutes les composantes du pays.

Au Liban comme en France, le terrorisme a frappé ; et au Liban comme en France, le sursaut national est de mise pour tenter de déjouer les plans des terroristes qui visent à déstabiliser les sociétés aussi bien dans la région qu'en Europe et dans le monde. Dans une lettre adressée au président français de l'époque François Mitterrand, le général Michel Aoun avait prédit une telle...

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