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À La Une - liban

Daech serait le commanditaire du double attentat de Tripoli, selon l'Etat libanais

"2015 sera plus difficile que l'année précédente", a estimé le ministre de l'Intérieur.

Des soldats libanais inspectent le café à Jabal Mohsen à Tripoli, où deux kamikazes se sont faits exploser la veille. REUTERS/Omar Ibrahim

Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk a souligné dimanche que le groupe Etat islamique (EI) serait responsable du double attentat-suicide qui a visé samedi soir le quartier à majorité alaouite de Jabal Mohsen à Tripoli.

Selon le ministre de la Santé Waël Bou Faour, les deux explosions ont causé la mort de neuf personnes et en ont blessé 37 autres, faisant craindre une nouvelle flambée de violence dans la grande ville du nord du Liban.  Les blessés ont été transportés dans les hôpitaux de la région et sont soignés aux frais du ministère. Plusieurs d'entre eux présentant des blessures légères sont sortis de l'hôpital dimanche.

"Selon les premières informations, Daech" (acronyme arabe de l'EI) est responsable du double-attentat", a fait savoir M. Machnouk, lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion du conseil de sécurité national au sérail de Tripoli. La veille, un autre groupe jihadiste, le Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda) avait revendiqué l'attaque sur l'un de ses comptes Twitter.

Le groupe jihadiste avait indiqué qu'"un café du parti national démocrate nussairi" (en référence au Parti arabe démocratique, alaouite de Ali Eid) à Jabal Mohsen avait été visé par une double attaque suicide pour venger les sunnites de Syrie et du Liban". Un chef d'al-Nosra avait de son côté indiqué à l'agence de presse turque Anatolie que deux kamikazes libanais, appartenant au groupe jihadiste, ont exécuté l'opération. Il a précisé qu'il s'agissait de Taha Kayyal et Bilal Ibrahim qui ont été entraînés dans la région syrienne du Qalamoun (à la frontière du Liban) puis envoyés à Tripoli pour mener l'attaque.

L'Agence nationale d'information (Ani) a avancé les noms de Taha Samir Kayyal et Bilal Mohmmad Mereeyan, dénommé Ibrahim, originaires de la région sunnite de Mankoubin, à Tripoli. Selon l'agence, les services de renseignements de la troupe ont investi leurs domiciles et le père de l'un d'eux s'est présenté aux forces de l'ordre.

"Les kamikazes seraient en relation avec le terroriste Mounzer al-Hassan, tué il y a quelques mois lors d'affrontements avec les forces de sécurité libanaises", a précisé M. Machnouk. Mounzer el-Hassan était un homme-clé pour les jihadistes qui comptaient sur lui pour la logistique depuis leur départ de leur pays d'origine jusqu'à leur arrivée au Liban.

 

A 15h environ, les dépouilles mortelles des victimes du double-attentat étaient transportées par un cortège funèbre, au milieu d'une foule d'habitants du quartier en deuil. Parmi les neufs victimes figurent Issa Ali Kaddour. Il se serait, selon la LBCI qui cite des témoins, jeté sur l'un des kamikazes avant qu'il ne se fasse exploser, afin de protéger les personnes présentes sur le lieu du drame. Youssef Ali Abdo, agent FSI, a également été tué par la double explosion, ainsi que Ali Ibrahim, Ali Issa, Mahmoud Hassan, Mohammad Berro, Hassan Ibrahim et Yehya Abdelkarim.

 

Dans un communiqué, l'armée a affirmé qu'"autour de 19h30 (17h30 GMT) samedi, un kamikaze a attaqué un café à Jabal Mohsen, faisant plusieurs morts et blessés". Le secteur a aussitôt été bouclé et une enquête a été ouverte. L'institution a précisé dimanche que les ceintures d'explosifs utilisées par les deux kamikazes contenaient environ 4 kg de TNT.

Une source des services de sécurité a précisé que l'attaque a eu lieu dans le café Al-Achkar à Jabal Mohsen, ajoutant que deux des corps des personnes tuées étaient en lambeaux. "Ensuite, un second kamikaze est arrivé et s'est également fait exploser", selon cette source.

Un témoin, Zouheir al-Cheikh, légèrement blessé dans l'attaque, a raconté à l'AFP qu'il se trouvait dans le café "avec d'autres personnes, quand nous avons soudain entendu une première explosion. Ensuite, une énorme explosion a eu lieu, mais on ne sait pas ce qui l'a provoquée".

 

Appels à l'"unité nationale"
Tripoli est ces dernières années régulièrement le théâtre de heurts meurtriers entre sunnites du quartier de Bab el-Tebbané, partisans de la rébellion syrienne, et alaouites de Jabal Mohsen, soutenant le régime de Bachar al-Assad. Depuis octobre, l'armée libanaise s'est déployée en force dans la ville, arrêtant des centaines de personnes pour tenter de faire cesser les violences.

D'ailleurs, quelques minutes après l'attentat, samedi, une bombe sonore a été lancée dans le quartier sunnite de Bab el-Tebbané, blessant un enfant. Le mohafez du Liban-Nord, Ramzi Nohra, a dans ce contexte annoncé que conformément à une décision du ministre de l'Intérieur, un couvre-feu a été imposé dans la région de Jabal Mohsen et ses alentours, à partir de cette nuit et jusqu'à dimanche à 7h du matin.

De plus, la décision du Hezbollah d'envoyer des combattants pour soutenir le régime d'Assad a provoqué la colère des sunnites au sein des groupes modérés et extrémistes en Syrie. L'EI et le Front Al-Nosra ainsi que d'autres groupes jihadistes ont visé les fiefs du Hezbollah, à Beyrouth et dans la Békaa, dans des attaques et attentats qui ont fait des dizaines de morts depuis 2013.

L'attaque de samedi a suscité l'indignation au sein de la classe politique, qui a exprimé sa solidarité avec les habitants du quartier visé et appelé à l'"unité nationale". Le Premier ministre Tammam Salam a dénoncé un "crime qui ne va pas entamer la volonté de l'Etat de faire face au terrorisme et aux terroristes". Le Hezbollah a, lui, accusé les groupes extrémistes sunnites "terroristes", estimant que "viser Tripoli en ce moment est une tentative de semer de nouveau la discorde".  L'ancien Premier ministre Saad Hariri a également mis en garde contre une tentative d’entraîner le Liban-Nord dans la discorde alors que le 14 Mars a dénoncé l'attentat assurant que "nous sommes tous Jabal Mohsen". Le leader des Forces libanaises, Samir Geaga, a lui aussi stigmatisé l'attentat. 

"Je suis confiant que les habitants de Tripoli et de Jabal Mohsen sont unis face au terrorisme dans toute ses formes", a souligné pour sa part dimanche M. Machnouk. Toutefois, le ministre de l'Intérieur s'est montré pessimiste : "2015 sera plus difficile que l'année précédente, je l'ai déjà dit", a-t-il mis en garde. Nous nous attendons à davantage d'escalade (des incidents sécuritaires) avec l'exacerbation du conflit syrien".

 

La double opération de samedi intervient alors que le Hezbollah et le Courant du Futur ont entamé un dialogue qui vise à réduire les tensions entre les communautés chiite et sunnite au Liban, malgré le fait que les dossiers épineux ne seront pas abordés.

 

 

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Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk a souligné dimanche que le groupe Etat islamique (EI) serait responsable du double attentat-suicide qui a visé samedi soir le quartier à majorité alaouite de Jabal Mohsen à Tripoli.
Selon le ministre de la Santé Waël Bou Faour, les deux explosions ont causé la mort de neuf personnes et en ont blessé 37 autres, faisant craindre une nouvelle...

commentaires (3)

De toute facon les salafowahabites eux, ne choment pas de par le monde ...Charlie ou charlot ...

FRIK-A-FRAK

12 h 12, le 11 janvier 2015

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Commentaires (3)

  • De toute facon les salafowahabites eux, ne choment pas de par le monde ...Charlie ou charlot ...

    FRIK-A-FRAK

    12 h 12, le 11 janvier 2015

  • Les opposants d'Assad se trouvent empêtrés dans une terrible situation depuis que le Qatar refuse de leur verser de l'argent. selon Al Ahed, qui cite l'un des opposants pro occidentaux d'Assad, le Qatar n'a pas tenu ses promesses financières :" le gouvernement en exil ne parvient plus à payer ses employés , dit cet opposant en allusion à ce pseudo gouvernement qui siège à Istanbul et qui est dominé par les Frères musulmans syriens. le dit gouvernement est soutenu par la Turquie, le Qatar et Riyad a de son côté tenté de s'y infiltrer via Moaz al Khatib. la coalition précité a un bras armé, ASL, en quasi débandade sur le terrain des combats en Syrie.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 45, le 11 janvier 2015

  • Que de fois des Libanais de bon sens ont averti les aventuriers : "ne provoquez pas ce monstre, ne réveillez pas ce monstre" !!

    Halim Abou Chacra

    03 h 51, le 11 janvier 2015

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