Engloutis par les déchets

Mais qu'attend-on pour commencer à trier nos déchets ? Attend-on que de nouvelles décharges, comme celle de Naamé, voient le jour dans différentes régions du pays ? Que davantage de dépotoirs sauvages voient le jour ici ou là, dans l'impunité la plus totale? Que les vallées, les fleuves, les plaines, les routes soient envahis, encore plus qu'ils ne le sont déjà, d'immondices et de déchets en tout genre, aussi laids que puants et dangereux? Que les maladies respiratoires, infectieuses, cutanées et allergiques se multiplient et fassent davantage de victimes chaque année ?
Le pays du Cèdre croule littéralement sous ses propres déchets. Mais la classe politique s'en fiche ! Dépourvue de la moindre vision à long terme, elle continue de traiter le dossier par-dessous la jambe, avec désinvolture et je-m'en-fichisme, selon le sacro-saint principe du partage du gâteau. Comme toujours, ses intérêts personnels passeront avant toute chose, avant même l'intérêt du citoyen ou celui du pays.
La dernière trouvaille du gouvernement consiste à envisager la multiplication des décharges à travers le pays. Pour ce faire, il divisera le pays en six zones qui seront chacune gérée par une société privée. Car il faut bien contenter toutes les parties. On imagine fort bien les gros sous que se feront ces entreprises privées, et qui en seront les propriétaires ! Une manne, bien sûr.
Cette trouvaille « géniale » n'est certes pas du goût des écologistes qui tentent en vain de faire entendre leur voix et d'encourager au tri des ordures, au compostage et au recyclage. Les décharges ne seraient plus nécessaires, martèlent-ils dans le vide. Écartés du débat par une classe politique qui a « monopolisé » le dossier, ils prônent pourtant des solutions qui ont déjà fait leurs preuves dans le monde entier. Car elles impliquent dans le processus chaque individu et chaque foyer qui contribuent ainsi à la protection de l'environnement.
Alors, à quand le tri des ordures ménagères dans les foyers libanais, dans les écoles, les universités et les institutions publiques ou privées ? À quand le tri des déchets à l'échelle nationale? À quand aussi une campagne nationale de sensibilisation et d'éducation qui impliquerait le citoyen libanais dans le respect de l'environnement ?