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Liban - Charlie Hebdo

Joumblatt : Il est indispensable pour les musulmans de s’intégrer dans les sociétés vers lesquelles ils émigrent

Hommes politiques et hommes de religion, chrétiens et musulmans, ont condamné avec les mots les plus sévères la tuerie à « Charlie Hebdo », qui doit motiver, espère le chef du PSP, Walid Joumblatt, une renaissance islamique intellectuelle et politique.

« Rien, absolument rien ne justifie l'odieux crime barbare visant Charlie Hebdo à Paris. Aucune excuse ne peut être avancée pour atténuer l'impact de cet acte criminel innommable. » C'est par ces termes que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a commenté la tuerie qui a suscité une vague de réactions indignées au Liban, comme partout dans le monde.
M. Joumblatt a cependant transcendé le fait pour se pencher sur ses implications et soulever la problématique de la poussée du fondamentalisme musulman. « Le temps est venu pour une renaissance islamique intellectuelle et politique, de nature à doter l'islam d'une crédibilité renouvelée dont l'un des principaux objectifs serait d'isoler et de contenir ces groupuscules qui grandissent, s'étendent et pratiquent ces actes criminels en contradiction avec les chartes des droits de l'homme et de la liberté d'expression », a-t-il dit, en expliquant que ces actes « donnent à l'extrême droite un prétexte pour consacrer son discours islamophobe et les exploiter afin d'accentuer l'extrémisme politique, ce qui serait extrêmement préjudiciable pour les communautés arabes et islamiques en Europe ».
M. Joumblatt a affirmé s'attendre à « une exacerbation des conflits et des sentiments de haine, ce qui est de nature à accentuer les dangers à l'échelle internationale et à produire de nouveaux conflits d'envergure ».
Poursuivant son analyse, il a estimé que pour circonscrire « cette grave dérive qui commence à prendre de l'ampleur en Europe, il est indispensable pour les musulmans de s'intégrer dans les sociétés vers lesquelles ils émigrent, et respectent les traditions, les coutumes et les lois de ces pays, et non pas de leur transférer les leurs ». « Cette intégration est de nature à atténuer la tension croissante tout en assurant le climat nécessaire au maintien des communautés musulmanes dans ces pays », a-t-il observé.
À l'instar de M. Joumblatt, plusieurs autres personnalités ont jugé la tuerie « injustifiable sous n'importe quel prétexte ». Ils y ont vu aussi une « atteinte à l'islam ». « C'est le pire acte à l'encontre de l'islam et des musulmans », s'est indigné Ahmad Fatfat, député de Denniyé, en relevant que « les musulmans avaient été parmi les premiers à défendre les libertés ». « Quels que soient les différends avec les médias, ils ne peuvent pas atteindre le niveau du terrorisme et des assassinats », a-t-il poursuivi en stigmatisant un « acte criminel indéfendable parce que l'islam prohibe le meurtre d'innocents ». « L'extrémisme, a estimé le député, est la réaction de gens sans conscience qui croient que le fondamentalisme combat l'injustice. »
« Un acte barbare et un crime contre l'humanité qui ne peut être justifié par aucune religion », a lancé pour sa part le chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora, dans un communiqué, avant de juger que « les propos religieux » attribués aux assassins « portent préjudice à l'islam qui est une religion de miséricorde et de paix, fondée sur la reconnaissance des autres religions célestes et non pas le combat contre celles-ci ».

 

(Lire aussi : Le Liban, un des rares pays de la région où la caricature est « encore vivante et le restera »)

 

Les communautés musulmanes du Liban
La même idée a été développée par le député Mouïn Merhebi, le Courant chiite libre, l'ancien ministre Walid Daouk ainsi que par les chefs des communautés musulmanes au Liban. Le mufti de la République, le président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Akl druze et le président du Conseil islamique alaouite, les cheikhs Abdellatif Deriane, Abdel Amir Kabalan, Naïm Hassan et Assad Assi, ont stigmatisé dans un communiqué conjoint un crime « odieux et sauvage perpétré dans la capitale de l'ouverture et de la tolérance, Paris ». « Il s'agit aussi d'un crime contre l'humanité, la religion, la liberté d'opinion et d'expression, la dignité humaine et le droit de l'individu à la vie. » « Tout crime commis au nom de la religion est une atteinte à la religion elle-même. Ses auteurs ne représentent que le monde criminel auquel ils appartiennent », indique le communiqué, qui, tout en dénonçant toute forme de terrorisme, invite la communauté internationale à « conjuguer ses efforts et à se mobiliser contre ce phénomène obscurantiste qui se cache derrière la religion pour l'anéantir, et sauver ainsi l'humanité de ses crimes et du danger qu'il représente ».
L'uléma Ali Fadlallah a lui aussi stigmatisé « le meurtre d'innocents qui n'ont rien à voir avec les atteintes au Prophète ». Dans le même ordre d'idées, le chef de l'Option libanaise, Ahmad el-Assaad, a appelé la France à « intensifier son combat contre le terrorisme », et estimé que les auteurs de la fusillade de Charlie Hebdo, « qui a également publié des caricatures satiriques des religions catholique et juive, sont eux-mêmes une douloureuse et mauvaise caricature de l'islam parce qu'ils dessinent avec le sang de leurs victimes une image déformée, laide, barbare et sous-développée de cette religion ».


Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, qui a aussi condamné l'attentat, a appelé « au respect de toutes les religions et de leurs traditions pour que la sacralité de la vie humaine soit respectée et que la coexistence soit préservée ». Après avoir condamné aussi « l'acte terroriste de Paris », le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, a indiqué sur son compte Twitter que cet acte ne l'a pas surpris, en rappelant qu'il avait à plusieurs reprises averti les autorités françaises contre l'exportation du terrorisme vers leur territoire.
« Un crime effroyable et absolument indéfendable », s'est exclamé de son côté l'ancien député Oussama Saad. Mais tout en dénonçant la fusillade ainsi que « les attaques racistes qui l'ont suivie », il a fait assumer « aux régimes capitalistes, notamment les États-Unis et la France, la responsabilité de l'exacerbation du terrorisme à travers leur soutien aux organisations terroristes en Afghanistan, en Libye, en Syrie et ailleurs ».
L'Association francophone de journalisme (Afej) et l'ordre de la presse se sont déclarés solidaires du corps journalistique français. « Face à ce crime qui porte atteinte aux valeurs humaines et culturelles prônées par la France, l'Afej ne peut que condamner cet acte terroriste et extrémiste qui vise à saper la liberté d'expression et museler les journalistes en pleine pratique de leur profession dans un pays qui a toujours été synonyme de liberté », indique l'association dans un communiqué.

 

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