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À La Une - conflit

Afghanistan : l'Otan s'en va, les munitions non explosées restent

Les belligérants peuvent contribuer à sauver des vies en donnant plus d'informations sur ces munitions, souligne le directeur de l'agence onusienne MACCA qui gère les activités de déminage dans le pays.

Si le nombre de victimes des mines et autres restes explosifs en Afghanistan a diminué au cours de la dernière décennie, passant de 100 morts par mois en moyenne à la fin des années 1990 à 39 aujourd'hui, selon le MACCA, il reste parmi les plus élevés au monde. AFP PHOTO/SHAH Marai

Mines, munitions et bombes de tous calibres : après 35 ans de conflit, le sol afghan est l'un des plus dangereux au monde. Et les troupes de l'Otan ont quitté à leur tour le pays en le laissant truffé d'engins mortels.

Si l'on en croit la Convention internationale sur certaines armes classiques (CCAC) signée en 1980, tout belligérant doit aider à nettoyer les restes explosifs de guerre avant son départ. Mais la réalité est tout autre dans un pays toujours en conflit comme l'Afghanistan.

"Lorsqu'il y a un conflit, des engagements au sol, des armes sont utilisées et des munitions non explosées restent sur le terrain", explique Sediq Rashid, le directeur du Groupe de soutien à l'action contre les mines en Afghanistan (MACCA), une agence liée à l'Onu qui gère les activités de déminage dans le pays.
Au total, 16,5 millions d'engins explosifs ont été détruits en Afghanistan depuis 1989 selon le MACCA, qui espère avoir débarrassé le pays de tous ces restes explosifs d'ici 2023.

Lors d'un engagement militaire, environ 10% des projectiles n'explosent pas et peuvent rester actifs pendant des années, selon des experts. En Afghanistan, des centaines de munitions différentes ont été utilisées: bombes, dont certaines à sous-munitions, obus d'artillerie, de char, mortier et roquettes... Sans compter les bombes artisanales, ou engins explosifs improvisés (IED) dans le jargon militaire, spécialité des rebelles talibans et l'une des causes de mortalité les plus importantes chez les civils comme chez les soldats et policiers afghans.

La tâche serait plus facile selon M. Rashid si les divers belligérants, y compris les Soviétiques de 1979-1989 et les Occidentaux d'aujourd'hui, avaient laissé des cartes pour les localiser. Mais "aucun ne l'a fait", regrette-t-il.
Les seules cartes connues concernent les champs de mines, disposées principalement le long des axes stratégiques reliant les grandes villes. Mais rien n'existe pour les autres munitions non explosées.
Pour M. Rashid, les belligérants peuvent contribuer à sauver des vies en donnant plus d'informations sur ces munitions. "S'ils ne nous les donnent pas, cela va être très difficile, cela va prendre du temps, de l'argent, il y aura des victimes, beaucoup de gens vont encore mourir, en particulier des enfants".

Plus de 1 000 victimes par an
Zabto Khan, responsable de l'élimination des restes de guerre chez Halo trust, une organisation humanitaire spécialisée dans l'élimination des restes explosifs de guerre, confirme l'extrême dangerosité des munitions non explosées. "Les munitions les plus dangereuses sont celles dites +aveugles+ (non-explosées, ndlr). (...) si on y touche ou si on essaie de les bouger, parfois elles explosent", explique-t-il.

Interrogée par l'AFP sur ce danger, la force de l'Otan, qui vient de retirer du pays la grande majorité de ses soldats, a affirmé dans un courriel qu'elle avait nettoyé "tous les champs de tir et les bases" transférées aux Afghans. Mais l'Isaf n'a pas répondu à la question de la présence probable de munitions non-explosées sur les lieux de ces combats avec les talibans. Or, des milliers de bombardements aériens et terrestres ont eu lieu sur l'ensemble du territoire afghan au cours des 13 années de conflit.

Outre les munitions utilisées par la coalition internationale et ses ennemis talibans et autres ces 13 dernières années, les Afghans n'en finissent pas de neutraliser les centaines de tonnes d'explosifs laissés une vingtaine d'années de conflits qui ont précédé.
Même Kaboul est loin d'être épargnée par ce fléau. Sur le complexe industriel de Jangalak, un site de la capitale ravagé par la guerre entre factions armées dans les années 1990, Halo trust vient d'entamer un nouveau chantier.
Chaque mois, Halo trust, cet acteur clé du déminage en Afghanistan détruit entre 60 et 80 tonnes de restes explosifs de guerre.

Si le nombre de victimes des mines et autres restes explosifs en Afghanistan a diminué au cours de la dernière décennie, passant de 100 morts par mois en moyenne à la fin des années 1990 à 39 aujourd'hui, selon le MACCA, il reste parmi les plus élevés au monde. Et les premiers qui en pâtissent sont les enfants: en 2013, ils représentaient près de la moitié des personnes tuées ou blessées par des mines en Afghanistan (487 sur 1 024) selon le Landmines and cluster munition Monitor, un centre de recherche sur les explosifs.

Cet hiver, le conflit afghan est rentré dans sa 14e année et la force de l'Otan a retiré ses troupes de combat, sans signe annonciateur de paix jusqu'ici.

 

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