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Convoqué pour faire son service militaire, un journaliste algérien dénonce une affaire avant tout politique

Abdou Semmar, rédacteur en chef du site indépendant Algérie-Focus, a publié sur son site une tribune contre la menace de se voir contraint de faire son service militaire, bien qu’il ne soit pas en principe éligible à ce service.

Abdou Semmar, éditorialiste et rédacteur en chef du site d'information Algérie-Focus, vient d'être appelé à faire son service militaire. Or, selon lui, il en serait exempté de par la loi qui stipule que tous les hommes âgés de 30 ans ou plus -ce qui est son cas- sont exemptés de cette obligation et que leur situation peut être régularisée. Pour le journaliste algérien, cette affaire est avant tout politique, car intervenant "quelques mois seulement après (son) engagement politique et médiatique contre le 4e mandat d'Abdelaziz Bouteflika". Dans une tribune publiée le 4 janvier dernier, il dénonce l'instrumentalisation du service national contre "la jeunesse algérienne assoiffée de changement et de liberté".

 

Extraits de la tribune publiée par Abdou Semmar :

"J'ai 30 ans. J'ai deux enfants. Une fille de trois ans et un garçon d'un an. Je suis un jeune Algérien qui a décidé de rester dans son pays et de ne jamais le fuir en faisant le serment de le servir dans l'espoir qu'un jour, il se développera, il émergera. J'ai décidé de rester et de ne pas partir vivre sous des cieux plus cléments parce que je rêvais d'une Algérie jeune, démocratique, plurielle, juste et libérée des carcans du conservatisme passéiste.

Je ne suis pas un savant, ni un éminent médecin ni un inventeur talentueux. L'Algérie, j'ai décidé de la servir en devenant journaliste, en militant en faveur de la vérité. Cette vérité qui fait le bonheur des hommes en les interpellant sur la justice, la droiture et l'égalité. Cela fait presque dix ans que je tente, modestement, d'écrire et de rapporter les injustices dont sont victimes quotidiennement mes concitoyens. Dix ans que je tente, encore une fois modestement, de révéler les grandes frustrations qui martyrisent mes compatriotes. Je l'ai fait et je continue à le faire parce que crois fermement qu'aucun pays ne saura vivre, s'épanouir sans connaitre la vérité sur son fonctionnement et sa gouvernance. Je n'ai rien inventé, mais je milite en faveur de la démocratie et de la fin de l'autoritarisme de mes autorités en exploitant la force et la puissance du Web et des réseaux sociaux.

 (...)

Mais aimer son pays ne veut pas dire qu'il faut aimer son gouvernement ou son régime ! Etre patriote ne signifie pas qu'il faut soutenir les yeux fermés un régime politique avec lequel nous ne partageons aucune valeur. Et s'opposer à mon régime ne signifie nullement que je brade la dignité de mon pays. Évident ? Pas encore en Algérie où des milliers de jeunes qui essaient de faire bouger les choses en travaillant, en écrivant, en entreprenant ou en créant des micro-projets demeurent obligés de passer par une caserne pendant plus de 12 mois !

Des jeunes qui s'enferment plus de 12 mois dans une caserne alors que leur pays manque cruellement de médecins, d'enseignants et de travailleurs qualifiés.

(...)

Le service national est-il une bonne chose ? Certainement, s'il est bien pensé, bien organisé. Mais notre service national répond-il aux besoins de notre pays ? Notre armée qui dispose d'un budget avoisinant les 13 milliards de dollars a-t-elle besoin de jeunes désorientés, rêveurs ou de jeunes professionnels désireux d'embrasser la carrière de militaire engagé ?

Il est temps que notre pays ouvre un débat sérieux sur cette question déterminante pour notre avenir socio-économique. Mais pour ce faire, il faut commencer par arrêter d'instrumentaliser politiquement cette contrainte militaire. Personne n'est dupe ! Le service national commence à devenir une arme politique avec lequel on cherche à canaliser l'énergie contestataire de cette jeunesse algérienne assoiffée de changement et de liberté.

Aujourd'hui, j'ai 30 ans et deux enfants. L'armée ne m'a jamais adressé la moindre convocation. Durant dix ans, aucun militaire n'a cherché après moi. L'armée a réussi, sans moi, à vaincre le terrorisme islamiste. Elle a, aussi, réussi sans moi à sécuriser nos frontières. Et pourtant, quelques mois seulement après mon engagement politique et médiatique contre le 4e mandat d'Abdelaziz Bouteflika, le mandat qui symbolise la déchéance inacceptable de notre Etat, je reçois trois gendarmes à mon domicile familial m'exigeant de rallier une caserne lointaine de la wilaya de M'sila ! Un ordre d'appel qui intervient au moment où j'enquête et j'investigue sur des affaires de corruption, de détournements de deniers publics. Un ordre d'appel qui m'est parvenu au moment où je dénonce à la télévision les gâchis de la mauvaise gouvernance. Est-ce un hasard que l'armée désire me voir enfin dans ses rangs ? Est-ce un hasard alors que la loi indique clairement que les jeunes âgés de plus 30 ans et ayant achevé leurs études universitaires sont exemptés du service national ?"

 

Lire l'intégralité de la tribune ici

 

Abdou Semmar, éditorialiste et rédacteur en chef du site d'information Algérie-Focus, vient d'être appelé à faire son service militaire. Or, selon lui, il en serait exempté de par la loi qui stipule que tous les hommes âgés de 30 ans ou plus -ce qui est son cas- sont exemptés de cette obligation et que leur situation peut être régularisée. Pour le journaliste algérien, cette affaire...