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Liban - Liban

Le dossier de l’hygiène alimentaire fait voler en éclats la solidarité Hakim-Bou Faour

Entre les deux ministres de l'Économie et du Commerce, Alain Hakim, et de la Santé, Waël Bou Faour, rien ne va plus. Le dossier de l'hygiène alimentaire sur lequel ils sont censés coopérer est devenu une source de tensions entre eux à cause d'une divergence autour des méthodes employées. Alain Hakim dénonce « une mascarade médiatique ». Waël Bou Faour « compatit au point qu'il me fait pitié ».

Waël Bou Faour inspectant les sacs de sucre. Photo Hassan Assal

Au moment où le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, effectuait une tournée au port de Tripoli et mettait en lumière les conditions déplorables de l'entreposage et de la distribution du sucre importé, son collègue de l'Économie et du Commerce, Alain Hakim, tenait en son bureau une conférence « pour mettre les points sur les i ». Comprendre : tirer à boulets rouges sur les méthodes « irresponsables » employées par la Santé pour gérer le dossier de l'hygiène alimentaire. D'emblée, il explique ainsi que la polémique est entre les deux départements concernés et non pas entre les deux ministres. « Nous avons dès le départ soutenu les objectifs de cette campagne pour combattre la corruption et instituer l'hygiène alimentaire, mais nous avons été surpris par une façon de travailler que nous n'approuvons pas parce qu'elle est irresponsable et que nous ne savons pas où elle peut nous conduire », a-t-il dit, avant d'ajouter : « Nous sommes pour un mécanisme de travail responsable, légal, gouvernemental, scientifique et technique qui ne nécessite pas une destruction des entreprises ou un recours à des festivals médiatiques. La protection du consommateur et la sécurité sanitaire des aliments sont un devoir national qui incombe à tous les ministères. La réforme n'a pas lieu dans les médias. Réglons la corruption comme nous avons réglé d'autres grands dossiers tels les déchets. (...) Nous ne sommes pas des juges, mais nous pouvons déférer des dossiers à la justice. »


Alain Hakim s'est arrêté sur sa récente tournée avec Waël Bou Faour dans les silos de Beyrouth : « Ce qui s'est passé ce jour-là était une mascarade médiatique par excellence. Le ministère de la Santé avait formulé des observations au cours de la première visite sur ces lieux. Neuf jours plus tard, les ministres de la Santé et de l'Économie et du Commerce ont effectué une seconde visite qui s'est transformée en cirque, sachant que d'importantes réformes avaient été effectuées entre-temps alors que d'autres points n'ont pas pu être réglés parce qu'ils se situent dans le périmètre des silos, et non pas dans le bâtiment, et qu'ils relèvent ainsi de la responsabilité de l'État », a raconté le ministre en insistant sur le fait que les silos sont hermétiques et que le système d'isolation est parfait. « Le blé est parfaitement sain », a-t-il martelé.


Pour ce qui est de l'épisode de l'ascenseur où les deux ministres ont été bloqués, Alain Hakim a expliqué que la direction du port avait averti la délégation que l'ascenseur ne pouvait pas accueillir plus de sept personnes et qu'il risque de s'arrêter. « Or, 23 personnes y sont montées puis on s'est mis à raconter que c'était un piège tendu par le ministère de l'Économie et du Commerce », a-t-il fulminé.

 

(Pour mémoire : Hygiène alimentaire : Bou Faour transmet le dossier de l'AIB au parquet)

 

Des procès d'intention
Le ministre, qui a fait état d'une nouvelle procédure de contrôle, laquelle sera annoncée dans quelques jours et qui s'appliquera aux stations-service, aux pétroliers, aux générateurs de quartier pour vérifier les prix qu'ils appliquent, les quantités qu'ils fournissent et la qualité du produit, a réfuté les informations fournies par Waël Bou Faour au sujet du sucre entreposé au port de Tripoli et dénoncé « les procès d'intention » du ministère de la Santé ainsi que les commentaires « inhabituels employés, en opposition totale avec les règles les plus élémentaires du langage entre les ministères ».


« Nous voulons protéger les Libanais et non pas les ruiner. Voilà pourquoi nous œuvrons à faire ancrer et généraliser la culture de qualité. Nous sommes contre le terrorisme alimentaire et l'exploitation des médias pour véhiculer des images déformées et inopportunes, ce qui nous pousse à poser les questions suivantes : "Dans l'intérêt de qui porte-t-on un coup à l'économie libanaise ?
Qu'en est-il de la commission chargée de l'hygiène alimentaire ?" »


Plus au nord, au port de Tripoli, Waël Bou Faour constatait, après une tournée dans les entrepôts de sucre, une nette amélioration du volet hygiénique par rapport à la première visite, mais relevait qu'un important travail reste à accomplir dans ce domaine. Le correspondant de l'Agence nationale d'information, qui accompagnait le ministre dans sa tournée, raconte ainsi que « les saletés et les déchets qui s'y trouvaient ont été enlevés, mais le sol reste sale et de l'eau y coule, transformant le sucre en une sorte de matière noire ».

 

(Pour mémoire : Des rats et des pigeons dans la zone des silos à blé du port de Beyrouth)

 

Les excréments de rats
Le ministre, qui a tenu une conférence de presse au terme de sa tournée, n'a pas tari d'éloges sur les efforts de la direction du port pour assainir les lieux « en enlevant des tonnes de déchets qui se trouvaient dans les entrepôts et en lançant une campagne d'envergure de propreté, ce dont nous remercions la direction du port. Ce travail doit être suivi par toutes les administrations. Il n'est nul besoin d'adopter des décisions défensives et de commencer à inventer des excuses fallacieuses et irréalistes . Nous n'avons aucune velléité vindicative et ne cherchons pas à marquer des points », a déclaré le ministre, avant d'énumérer les améliorations introduites. « Du grillage a été installé pour empêcher les pigeons d'entrer et des brèches ont été colmatées par des peaux pour boucher les accès aux rats, comme nous avions constaté la présence de ces rongeurs durant notre dernière visite dans les dépôts de sucre. Le sol doit quand même être nettoyé et il faut enlever certains équipements et traces de saleté pour que ces dépôts soient conformes aux normes de santé », a dit Waël Bou Faour.


La prochaine étape, a-t-il annoncé, sera la mise en place d'un centre permanent du ministère de la Santé au port. « Un local a été offert par l'Organisation mondiale de la santé et nous espérons pouvoir l'équiper bientôt, une mesure importante parce que la majorité du sucre importé au Liban entre à travers ce port », a souligné le ministre, qui s'est attardé sur la qualité du sucre en expliquant qu'en 2013, 25 400 tonnes de sucre sont entrées au port, « contrairement à ce qui était noté dans les registres du ministère de l'Économie et du Commerce qui faisait état de 500 tonnes ». « Les entrepôts étaient sales et contenaient des excréments de rats que j'ai d'ailleurs amenés avec moi pour que les ministres concernés les voient. L'état des entrepôts était catastrophique », a annoncé le ministre.


Pour ce qui est du sucre, « la date d'expiration imprimée sur certains sacs remonte aux mois d'avril, de mai, de juillet, d'août et de septembre 2014. D'autres ne contenaient même pas de date d'expiration. Je suis persuadé que ce sucre a fait son entrée sur le marché local puisque la quantité importée est aussi importante. Le sucre existant n'a pas de date d'expiration et ne doit absolument pas être introduit sur le marché », a-t-il insisté, avant d'indiquer que le sucre périmé « a pu être distribué au Liban grâce à des manifestes du ministère de l'Économie et du Commerce, sachant que, conformément à la loi, il est interdit d'importer un produit deux mois avant la date d'expiration ».


Après avoir exposé les circuits que ce sucre a pu suivre et insister sur le fait qu'il est impossible à retracer, Waël Bou Faour a mis l'accent sur la responsabilité partagée des ministères de l'Économie et de la Santé en reprochant au département d'Alain Hakim de présenter ce sucre comme étant destiné à la réexportation. « Mais là j'ai une question à poser : si nous raffinons une nouvelle fois le sucre ici pour en dégager l'humidité, que faisons-nous pour régler l'affaire des excréments de rats ?


Malheureusement, je pense que ce sucre devient brun et les gens le consommeront en pensant qu'il s'agit d'un sucre brun allégé », a expliqué, impassible, le ministre avant d'indiquer que ce dossier a été déféré devant la justice, au même titre que l'importation de sucre périmé. « Je ne fais assumer la responsabilité à personne. Il se peut que celle-ci soit multiple et que le ministère de la Santé soit également responsable », a-t-il dit.
Prié de commenter la conférence de presse d'Alain Hakim, il a répondu laconiquement en indiquant qu'il « compatit avec lui au point d'en avoir pitié », avant de citer une expression de l'imam Ali ben Abi Taleb, peu flatteuse à l'égard de son collègue.

 

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commentaires (7)

Apres avoir lu hâtivement l’article intitule : Le dossier de l’hygiène alimentaire fait voler en éclats la solidarité Hakim-Bou Faour, je suis arrive aux conclusions suivantes : 1. Le dossier de l’hygiène alimentaire, quoiqu’il ne comprenne qu’une infime partie des déboires dont souffre notre Administration, reste suffisamment vaste et complexe pour qu’on lui accorde l’importance qu’il mérite. 2. En conséquence il faudrait l’aborder avec ordre et méthode, et trouver, POUR CHAQUE CAS, les réponses aux questions suivantes : 1) QUEL est le problème ? 2) POURQUOI doit-on le résoudre ? 3) COMMENT va-t-on le résoudre ? 4) QUAND devons-nous commencer ? 5) COMBIEN de temps cela va-t-il prendre pour achever de le résoudre ? 6) QUI est est censé le faire ? 7) COMBIEN cela va-t-il couter ? 8) COMMENT va-t-on financer ce travail ? 9) QUI va être en charge du suivi ? 10) COMMENT informer les citoyens de ce suivi ? 3. Je suggererai de la sorte que, pour chaque scandale decouvert, le formulaire ci-haut soit soigneusement rempli, et ensuite MIS EN EXECUTION.

George Sabat

12 h 28, le 07 janvier 2015

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Commentaires (7)

  • Apres avoir lu hâtivement l’article intitule : Le dossier de l’hygiène alimentaire fait voler en éclats la solidarité Hakim-Bou Faour, je suis arrive aux conclusions suivantes : 1. Le dossier de l’hygiène alimentaire, quoiqu’il ne comprenne qu’une infime partie des déboires dont souffre notre Administration, reste suffisamment vaste et complexe pour qu’on lui accorde l’importance qu’il mérite. 2. En conséquence il faudrait l’aborder avec ordre et méthode, et trouver, POUR CHAQUE CAS, les réponses aux questions suivantes : 1) QUEL est le problème ? 2) POURQUOI doit-on le résoudre ? 3) COMMENT va-t-on le résoudre ? 4) QUAND devons-nous commencer ? 5) COMBIEN de temps cela va-t-il prendre pour achever de le résoudre ? 6) QUI est est censé le faire ? 7) COMBIEN cela va-t-il couter ? 8) COMMENT va-t-on financer ce travail ? 9) QUI va être en charge du suivi ? 10) COMMENT informer les citoyens de ce suivi ? 3. Je suggererai de la sorte que, pour chaque scandale decouvert, le formulaire ci-haut soit soigneusement rempli, et ensuite MIS EN EXECUTION.

    George Sabat

    12 h 28, le 07 janvier 2015

  • Tant pis s'ils mettent la clé sous la porte!! D'autres les remplaceront et pourront faire un travail honnête s'ils ne subissent pas la concurrence déloyale de ces filous!! Ces réactions ne me surprennent qu'à moitié. On voit bien la mentalité de certains Libanais: le fric et encore le fric, et après nous le déluge! Que la malhonnêteté ne soit pas condamnée par la justice, passe encore. Mais qu'elle ne soit même plus désapprouvée socialement, c'est vraiment le signe que ce pays n'est pas prêt de se relever. Syndrome de Stockholm, syndrome du larbin, société malade, nourriture pourrie. Keep smiling, tomorrow will be worse!

    N.S.

    13 h 32, le 06 janvier 2015

  • Monsieur BOU FAOUR devrait apprendre à : porter une cravate, se rappeler qu'il occupe un poste de Ministre, diriger une équipe. Les divergences entre Ministres ne constituent pas une particularité libanaise en revanche et j'espère que les médias vont pouvoir surtout en rire de tout ce "cirque". J'insiste par ailleurs sur la nécessité d'attaquer le dossier le plus urgent au Liban: l'éducation

    Olivier Georges

    10 h 49, le 06 janvier 2015

  • Et c'est parti !!! Il fallait s'y attendre. Tot ou tard, ils allaient se tirer dessus. Solidarite gouvernementale oblige. Solidarite de mon c..., oui. Entretemps, la merde ambiante continue à nous empester. Quel bonheur d'être diriges par de tels énergumènes.

    Tabet Karim

    09 h 02, le 06 janvier 2015

  • SI JE ME RÉFÈRE À CES MÉTHODES SAUVAGES EMPLOYÉES PAR CE FAUX MINISTRE TRICHEUR POUR QUOI DISANT PROTÉGER LE CONSOMMATEUR, JE VOIS DERRIÈRE TOUT ÇA L'OMBRE ET LE STYLE DE WALID JOUMBLATT QUI A DÉTRUIT LE PAYS PETIT À PETIT EN FAISANT CROIRE AUX IGNORANTS QU'IL EST LE SAGE SAINT ET LE SAUVEUR DE CE PAYS.

    Gebran Eid

    07 h 32, le 06 janvier 2015

  • CEUX QUI PORTENT UN COUP AUX CONSOMMATEURS, PARTANT À L'ÉCONOMIE DU PAYS, SONT CEUX QUI DÉROGENT DES RÈGLES SANITAIRES ET INJECTENT DES MULTITUDES DE MICROBES DANS LA BOUFFE DES CITOYENS. DES MARCHANDS DE BLÉ ET DE FARINE CIRCULENT D'UN PAYS À L'AUTRE ET ACHÈTENT LES DENRÉES POLLUÉES, DANS LES BATEAUX, MÊME SI VIEILLE HISTOIRE, REFUSÉES D'ENTRÉE DANS D'AUTRES PAYS ET LES CONVOIENT AU LIBAN. ET PAS UNIQUEMENT LES DENRÉES... LAISSEZ LE MINISTRE ABOU FAOUR FINIR SON JOB !!! IL EST GRAND TEMPS POUR MENER À BIEN CETTE ENTREPRISE... LA INOU IL TOURISTES 3AM I ATLOU BA3DON BIL MATAAR... ILS FUIENT L'INSÉCURITÉ ET NON AUTRE CHOSE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 37, le 06 janvier 2015

  • Il manquait ça dans l'Etat sans tête, donc à la dérive : les ministres s'attaquant les uns les autres. A cette classe politique de ..... Quel citoyen ne voudrait pas dire : VOUS NOUS FAITES HONTE ?

    Halim Abou Chacra

    05 h 25, le 06 janvier 2015

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