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Culture - En librairie

« Vestiges de Sofar » ? So Good !

« Vestiges de Sofar » (Bibliothèque improbable du Pinacle) d'Eddy Choueiry est un ouvrage/capsule à remonter le temps, vers les glorieuses années d'or du Grand-Hôtel Aïn Sofar, ce vaisseau de luxe qui, tel le Titanic, a sombré après la catastrophe.

Le Grand-Hôtel-Casino Aïn Sofar sur une carte postale datant de 1902.

Dans ce bel ouvrage, le premier rôle revient incontestablement à l'escalier suspendu du Grand-Hôtel de Sofar, dont les marches ont conduit tant de nouveaux mariés, de célébrités, de personnalités vers ses suites luxueuses. Les gourmets se régalaient dans son restaurant où officiaient Alphonse Gay-Para, puis le fameux Georges el-Rayess. Les oiseaux de nuit faisaient la fête au «Monkey Bar» et les flambeurs faisaient hausser les enchères sur le tapis vert de son casino. Mais laissons plutôt le soin de dévoiler la séquence souvenirs à l'ouvrage lui-même et disons-le tout de go. La caméra d'Eddy Choueiry est amoureuse. Voila, c'est lâché. Le truc, c'est que cet amour semble du genre obsessionnel, incurable, incommensurable, irréversible. L'objet du délit? La pierre. La vieille. Plus elle est âgée, mieux c'est. L'objectif de l'artiste la traque dans tous ses aspects. En ruine, délabrée, effritée, érodée. Ou construite et formant un tout, une entité mythifiée par son propre vécu et par le passage du temps. La pierre qui peut aussi porter les empreintes d'un travail ornemental effectué par des mains de maîtres artisanaux. Elle peut aussi être jumelée à du fer ou à d'autres matériaux pérennes.
Eddy Choueiry, aux commandes de cette caméra, garde pour objectif la nécessité d'immortaliser des lieux, des demeures iconiques.


Pause donc sur le Grand-Hôtel-Casino de Aïn Sofar. Puis retour en arrière, images et anecdotes à l'appui, sur les années glorieuses d'un des hauts lieux de la villégiature libanaise.
Rappelons que Choueiry enseigne l'art de la photographie depuis 2002. Après des études en psychologie clinique et en philosophie, il collabore régulièrement au bulletin culturel libanais Ashtaroût. À son actif, notamment publiés, Liban sur rail en 2013 et La Réserve de Biosphère-Shouf en 2011.


Vestiges de Sofar met à jour des témoignages «oubliés» sur le premier Grand-Hôtel-Casino de 1892. À travers une mise en page qui effectue des allers-retours entre le passé et le présent. L'œil saute, découvre, savoure des photos d'archives en noir et blanc, trésors de grands collectionneurs de cartes postales anciennes, dont celles de Sami Toubia et Fouad Debbas, mais aussi des photos d'archives des ancêtres de votre quotidien favori, L'Orient et Le Jour. On reconnaît des personnalités, des célébrités, des artistes...
Puis l'œil s'arrête sur des photos en couleurs de l'état actuel. «Des vestiges silencieux, en détresse, mais toujours pleins de vie, de charme et de prestige», note le photographe. Non, il ne s'agit pas de pleurer sur les ruines comme le faisaient si bien les poètes de la «jahiliyya», mais plutôt de réaliser l'ampleur des dégâts effectués par des années de guerre suivies de décennies d'autodestruction et d'autoannihilation mnémonique.

 

Le bonus de cet ouvrage? C'est qu'il est «hanté» par des récits «historiques», en particulier ceux du grand Amine Rihani. «Dans son livre inestimable Le Cœur du Liban, il rapporte ses randonnées dans les différents villages libanais du début du XXe siècle, et il décrit avec humour et sarcasme sa visite du Grand-Hôtel-Casino par le train», souligne Choueiry. Un autre témoignage vient d'Henri de Régnier décrivant son escale devant l'hôtel, tout en brossant les paysages vus à partir du train sur la ligne allant de Beyrouth à Damas. La seconde partie du livre est consacrée au château mirifique de Donna Maria Sursock, également à Sofar. « Les vestiges de Sofar sont un symbole de notre patrimoine national et contribuent à notre réflexion identitaire. Ce livre est aussi un cri d'alerte. À bon entendeur salut!», lance Choueiry qui conclut son ouvrage par une interview avec lady Yvonne Cochrane, fondatrice de l'Apsad, pour la protection des anciennes demeures. Bel hommage...

 

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Dans ce bel ouvrage, le premier rôle revient incontestablement à l'escalier suspendu du Grand-Hôtel de Sofar, dont les marches ont conduit tant de nouveaux mariés, de célébrités, de personnalités vers ses suites luxueuses. Les gourmets se régalaient dans son restaurant où officiaient Alphonse Gay-Para, puis le fameux Georges el-Rayess. Les oiseaux de nuit faisaient la fête au «Monkey...

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