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Adoration

Plus que nulle part ailleurs, Noël est au Liban la fête des enfants, la saison de leur retour. En plus des nôtres, cette semaine ramènera dans nos foyers tous les merveilleux autres. Les plus jeunes viennent de Paris, de Londres, Madrid, Milan, Montréal. Les plus audacieux (et un peu plus vieux), de New York, Singapour, Hong Kong, Tokyo ou Bangalore. Les enfants de plus de trente ans, eux, viennent de Jordanie, d'Afrique, des EAU, d'Irbil ou de Riyad. C'est là qu'ils ont finalement trouvé du travail et fondé une famille. Autant de capitales aux noms autrement reluisants que celui de Beyrouth. Il n'y a rien à Beyrouth, dit-on, disent-ils, et pourtant. Existe-t-il au monde alma mater plus généreuse, plus pourvoyeuse d'énergie, de talents et de niaque ? Sachant qu'au Liban intérieur il y a peu de grandes fortunes, beaucoup de chômage, et en général un mal fou à joindre les deux bouts et atteindre la fin du mois, on peut légitimement s'interroger sur le miracle de cette presque pauvreté qui engendre autant de richesses, aussi bien matérielles qu'humaines.
Ce pays de peu parvient malgré tout à rayonner dans le monde entier. Son secret ? Un mélange paradoxal de handicaps et de quant-à-soi. Une guerre héréditaire, une économie bancale, un communautarisme asphyxiant, un regard congénitalement fixé sur l'horizon, une foi dans le pouvoir libérateur de l'instruction plantée dans les mentalités dès le XVIIIe siècle par les missions étrangères, une fierté qui interdit toute forme d'échec. Derrière le départ des enfants, il y a des familles qui les ont surprotégés durant toute leur enfance. Des mères qui n'ont pas hésité à supplier la directrice pour un passage de classe, des pédiatres mobilisés au moindre rhume, des pères qui ont fait douze métiers et subi autant de misères pour payer les écolages et les à-côtés. Des anniversaires terrifiants où l'on a engagé force animatrices survoltées pour ne pas être en reste. Des cours de piano financés par les grands-parents. Des cours de tennis pour lesquels il a fallu jongler avec les horaires de bureau pour déposer et ramener. Rien ne fut simple, jusqu'au bac. Alors, le petit parchemin en main, on ne se crut qu'illusoirement au bout du parcours. Et maintenant, tu vas où ? Pour ne pas s'arrêter en si bonne voie, on vendra l'orangeraie de Saïda, la maison au village (après tout, on n'a plus le temps d'y aller), on souscrira un emprunt à la banque, toute l'Amérique le fait, sauf qu'il n'est pas question que les enfants remboursent, on ne va pas leur couper les ailes, à peine tombés du nid ! Ils partiront, coûte que coûte, et en tout cas, ils iront à l'université, on ne leur laissera pas le choix.
Sacrifices ? Pas du tout. Une simple manière d'être qui doit beaucoup à l'instinct de survie. Un pied dehors, les enfants nous semblent à l'abri, et rien ne nous est plus gratifiant. Noël nous les ramène si pleins de lumière et d'espaces infinis, nous semble-t-il, que s'ils n'étaient pas devenus si grands, nous les aurions couchés dans la Crèche. Joyeux Noël !

Plus que nulle part ailleurs, Noël est au Liban la fête des enfants, la saison de leur retour. En plus des nôtres, cette semaine ramènera dans nos foyers tous les merveilleux autres. Les plus jeunes viennent de Paris, de Londres, Madrid, Milan, Montréal. Les plus audacieux (et un peu plus vieux), de New York, Singapour, Hong Kong, Tokyo ou Bangalore. Les enfants de plus de trente ans, eux,...

commentaires (2)

ALLEZ, MADAME FIFI ABOU DIB, ET PUISQUE VOUS PARLEZ DE NOÊL, JE VOUS DÉDIE CE PETIT POÈME : LES FEUILLES MORTES LE CIEL LIMPIDE EST PÂLE. CE CALME, AVANT COUREUR D'UNE BRUSQUE RAFALE, DÉCONCERTE MON COEUR. LA NUIT EST FRAÎCHE ET BELLE. ON DIRAIT UNE ENFANT QUI TÈTE LA MAMELLE DE L'ADORÉE MAMAN. LA BRISE EST FROIDE ET SÈCHE. UNE VIERGE, AU LOINTAIN, CONFECTIONNE LA CRÈCHE DU NOUVEAU-NÉ DIVIN. L'HIVER FRAPPE À NOS PORTES, AVEC VENTS, PLUIE ET FROID. LES TRISTES FEUILLES MORTES ME FONT PENSER À TOI. LEUR VALSE FRÉNÉTIQUE, AU GRÉ DES VENTS VIOLENTS, PRÉDIT LE SORT TRAGIQUE DES MALHEUREUX AMANTS ; CAR, DES LIENS IDYLLIQUES, LES PLUS CHERS SOUVENIRS, DEVIENNENT DES RELIQUES QU'EMPORTENT LES ZÉPHYRS ! LE TEMPS COULE SANS CESSE. JE RÉPÈTE TON NOM. TON SOUVENIR ME BLESSE. TON AMOUR ME CONFOND. COMME LES FEUILLES MORTES, NOS VOEUX ET NOS SERMENTS NE SONT QUE LETTRES MORTES, ÉPARSES PAR LES VENTS !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 04, le 26 décembre 2014

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Commentaires (2)

  • ALLEZ, MADAME FIFI ABOU DIB, ET PUISQUE VOUS PARLEZ DE NOÊL, JE VOUS DÉDIE CE PETIT POÈME : LES FEUILLES MORTES LE CIEL LIMPIDE EST PÂLE. CE CALME, AVANT COUREUR D'UNE BRUSQUE RAFALE, DÉCONCERTE MON COEUR. LA NUIT EST FRAÎCHE ET BELLE. ON DIRAIT UNE ENFANT QUI TÈTE LA MAMELLE DE L'ADORÉE MAMAN. LA BRISE EST FROIDE ET SÈCHE. UNE VIERGE, AU LOINTAIN, CONFECTIONNE LA CRÈCHE DU NOUVEAU-NÉ DIVIN. L'HIVER FRAPPE À NOS PORTES, AVEC VENTS, PLUIE ET FROID. LES TRISTES FEUILLES MORTES ME FONT PENSER À TOI. LEUR VALSE FRÉNÉTIQUE, AU GRÉ DES VENTS VIOLENTS, PRÉDIT LE SORT TRAGIQUE DES MALHEUREUX AMANTS ; CAR, DES LIENS IDYLLIQUES, LES PLUS CHERS SOUVENIRS, DEVIENNENT DES RELIQUES QU'EMPORTENT LES ZÉPHYRS ! LE TEMPS COULE SANS CESSE. JE RÉPÈTE TON NOM. TON SOUVENIR ME BLESSE. TON AMOUR ME CONFOND. COMME LES FEUILLES MORTES, NOS VOEUX ET NOS SERMENTS NE SONT QUE LETTRES MORTES, ÉPARSES PAR LES VENTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 04, le 26 décembre 2014

  • excellent article plein de realite mais dommage que cette phrase ne s'applique pas a nos politiciens "on peut légitimement s'interroger sur le miracle de cette presque pauvreté qui engendre autant de richesses, aussi bien matérielles qu'humaines." sauf en ce qui concerne la richesse materielles

    LA VERITE

    10 h 53, le 25 décembre 2014

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