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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Deux alliés de Poutine à Kiev pour séduire les Ukrainiens et l’Europe

« C'est un signal sans équivoque à Poutine : il est temps de mettre un terme au conflit en Ukraine », estime l'expert russe Konstantin Kalatchev.

Une poignée de main entre le président ukrainien Petro Porochenko et le président kazakh Nursultan Nazarbaïev. Presidential Press Service/Mykola Lazarenko/AFP

Alliés traditionnels de la Russie, les dirigeants kazakh et bélarusse empruntent ces derniers temps la route de Kiev, dans l'intention de marquer leur indépendance à l'égard d'un Vladimir Poutine de plus en plus isolé, tout en s'attirant les bonnes grâces des Ukrainiens, et à travers eux des Européens.
Après le président bélarusse Alexandre Loukachenko dimanche, c'était hier au tour de l'homme fort du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, de venir à Kiev pour jeter des ponts avec l'Ukraine pro-occidentale. Principaux alliés du Kremlin dans l'espace postsoviétique, notamment via l'Union douanière formée entre la Russie, le Kazakhstan et le Belarus, ou au sein des organisations économiques et militaires eurasiennes menées par Moscou, MM. Loukachenko et Nazarbaïev se sont succédé dans le bureau du président ukrainien Petro Porochenko. Les deux présidents sont attendus cette semaine à Moscou pour rencontrer le président Poutine. « Le Belarus et le Kazakhstan s'inquiètent du conflit dans l'est de l'Ukraine, de la confrontation Russie-Occident et de la crise économique en Russie. Cela pourrait à terme frapper leurs intérêts économiques et ils se montrent prêts pour une médiation », résume le politologue ukrainien Volodymyr Fessenko dans une tribune sur le site indépendant Novoïe Vremia. « C'est un signal sans équivoque à Poutine : il est temps de mettre un terme au conflit en Ukraine », estime pour sa part l'expert russe Konstantin Kalatchev. À Kiev, M. Nazarbaïev a apporté son soutien sans faille à l'intégrité territoriale de l'Ukraine qui a perdu en mars la Crimée annexée par la Russie et une partie du bassin minier du Donbass, dans l'est du pays, désormais contrôlé par la rébellion séparatiste prorusse.

« L'Ukraine est plus proche de l'Europe »
« L'Ukraine est évidemment plus proche de l'Europe et il serait incompréhensible qu'elle ne s'associe pas avec l'Europe. Les droits internationaux sont violés (...) Il faut réfléchir à la recherche d'un compromis et à une sortie de crise qui préserve l'intégrité territoriale de l'Ukraine », a déclaré M. Nazarbaïev, apportant ainsi son soutien au chef de l'État ukrainien. Il a par ailleurs promis des livraisons de charbon à l'Ukraine qui en manque cruellement en raison du conflit en cours dans le Donbass, principal bassin minier ukrainien. Le dirigeant kazakh a également prôné la relance de la coopération économique et militaire entre Kiev et Astana.
Sa visite intervient au lendemain de celle d'Alexandre Loukachenko jadis qualifié par l'administration américaine de « dernier dictateur de l'Europe ». Le dirigeant très autoritaire a pris ses distances avec Vladimir Poutine et s'est bien gardé de soutenir les séparatistes prorusses ukrainiens. Il cultive même depuis l'été une forme de nationalisme bélarusse qui pourrait inquiéter Moscou. Selon des sources au sein du pouvoir ukrainien, M. Loukachenko est venu à Kiev pour demander aux autorités pro-occidentales de l'aider à se rapprocher de l'Europe. En retour, le Belarus, dont le pays a accueilli en septembre des pourparlers de paix cruciaux entre Kiev et les rebelles, s'est déclaré prêt à « tout faire » pour aider l'Ukraine à trouver des solutions. Il a également accepté la retransmission au Belarus des émissions de la télévision publique ukrainienne, « une décision sans précédent, parce qu'il s'agit d'une alternative à la propagande russe », selon le politologue ukrainien indépendant Taras Berezovets.

Nouvelles tendances en ex-URSS
« Le fait que les deux dictateurs rencontrent ostensiblement Petro Porochenko dans la capitale ukrainienne est un message à Vladimir Poutine selon lequel ils sont mécontents de sa politique », analyse Taras Berezovets. « Loukachenko et Nazarbaïev ont de l'instinct. Il est fort probable qu'ils estiment que Poutine c'est du passé et réorientent en urgence leur politique », poursuit-il. Ces pays souffrent par ailleurs de la nette détérioration de la situation économique en Russie frappée par des sanctions occidentales pour son rôle dans la crise ukrainienne.
« Ils veulent diversifier les risques et profitent de la situation pour améliorer leurs relations avec l'Europe », souligne Konstantin Kalatchev. Pour Serguiï Postolovski, un analyste politique ukrainien, ces visites témoignent de « l'émergence de nouvelles tendances géopolitiques dans l'ex-URSS », d'un rééquilibrage, qui peut nuire au « projet eurasien de Poutine en 2015 », écrit-il dans une tribune sur le site de l'hebdomadaire ukrainien indépendant Novoïe Vremia.
Sur un autre plan, Moscou a invité Barack Obama ainsi que de nombreux autres chefs d'État pour les commémorations en mai des 70 ans de la victoire des alliés dans la Seconde Guerre mondiale, a annoncé lundi un conseiller du Kremlin.
Enfin, l'opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny, déjà condamné à des peines de prison avec sursis, risque une nouvelle condamnation lourde dans une affaire considérée par des analystes comme visant à faire taire l'opposition au moment où Vladimir Poutine est fragilisé par la crise économique.

Alliés traditionnels de la Russie, les dirigeants kazakh et bélarusse empruntent ces derniers temps la route de Kiev, dans l'intention de marquer leur indépendance à l'égard d'un Vladimir Poutine de plus en plus isolé, tout en s'attirant les bonnes grâces des Ukrainiens, et à travers eux des Européens.Après le président bélarusse Alexandre Loukachenko dimanche, c'était hier au tour...

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