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Moyen Orient et Monde - Réforme

« Alzheimer spirituel, fossilisation mentale... » : François tance sévèrement la curie

Le discours du pape risque d'aggraver les tensions au sein du Vatican.

La curie romaine réunie, hier, dans le cadre très solennel de la salle Clémentine au Vatican. Osservatore Romano/AFP

« Alzheimer spirituel, fossilisation mentale, têtes d'enterrement... » : le pape François a dressé hier devant la curie une liste des maux qui la menacent, dans un discours illustrant son intransigeance au risque d'aggraver les tensions au sein du Vatican. Dans ses vœux au gouvernement de l'Église, le pape argentin a énuméré quinze « maladies » dans un réquisitoire condamnant, sans désigner personne nommément, la mondanité, l'hyperactivité, la manipulation des collaborateurs, la corruption des mœurs, les rivalités, les calomnies et la zizanie.
Dans le cadre très solennel de la salle Clémentine au Vatican, il a ainsi convié les membres du haut clergé à « un véritable examen de conscience ». « L'Alzheimer spirituel », « la fossilisation mentale et spirituelle », « le cœur de pierre », « le terrorisme des bavardages », « la schizophrénie existentielle » menacent les cardinaux. Mais aussi « l'exhibitionnisme mondain », « la planification d'expert-comptable », « les cercles fermés », « les têtes d'enterrement »... « La guérison est le fruit de la prise de conscience de la maladie », a plaidé le pape, dans un silence de plomb, en appelant les cardinaux à laisser « l'Esprit saint » inspirer leurs actions, sans se reposer sur leurs dons intellectuels ou d'organisation.
Depuis son élection en mars 2013, François avait déjà souvent tempêté contre des attitudes mondaines, carriéristes, voire dissolues, mais jamais en des termes aussi virulents. Il a appelé chacun à ne pas tomber dans les différents pièges que tend le pouvoir clérical. « Ce n'est pas le discours d'un grand patron qui annoncerait la restructuration de son entreprise, ou de celui qui chercherait à déclencher une chasse aux sorcières », analyse le vaticaniste Andrea Tornielli. « Le pape parle dans une perspective totalement évangélique, invitant tout le monde, y compris lui-même, à se convertir », estime-t-il.
Facétieux, le pape argentin a évoqué la tentation de « se sentir immortel » et a invité les prélats à se rendre dans les cimetières où reposent « tant de gens qui se considéraient comme indispensables ». Lui qui ne prend jamais de vacances a conseillé à ses collaborateurs d'éviter la « maladie » de l'hyperactivité. Il s'en est aussi pris aux « têtes d'enterrement », appelant à ne jamais perdre « l'autodérision ». « Cela fait du bien une bonne dose d'humour ! » a-t-il lancé aux cardinaux.
La double vie est un des fléaux les plus graves dénoncés : certains « créent leur monde parallèle, dans lequel ils mettent de côté ce qu'ils enseignent avec sévérité aux autres et mènent une vie cachée et souvent dissolue ». Certains prélats « sont totalement prisonniers de leurs passions, leurs caprices et leurs manies », a insisté Jorge Bergoglio. Fustigeant la calomnie, il a fait état du cas d'un prêtre du Vatican « qui appelait les journalistes pour raconter et inventer des choses sur la vie privée de ses confrères » afin d'être « à la une des journaux ». Il a aussi dénoncé implicitement la lutte de pouvoirs qui se poursuit aujourd'hui dans le petit État, parfois entre pro et anti-Bergoglio : « Certains sont capables de calomnier, diffamer et discréditer les autres, jusque dans les journaux. »
Et pour tenter de détendre l'atmosphère à la fin de son discours, François a conclu sur une boutade montrant que son exigence ne signifiait pas, loin de là, qu'il tenait tous les membres de la curie en piètre estime : « Les prêtres sont comme des avions. Ils font la une quand ils tombent, alors qu'il y en a tant qui volent. »
(Source : AFP)

« Alzheimer spirituel, fossilisation mentale, têtes d'enterrement... » : le pape François a dressé hier devant la curie une liste des maux qui la menacent, dans un discours illustrant son intransigeance au risque d'aggraver les tensions au sein du Vatican. Dans ses vœux au gouvernement de l'Église, le pape argentin a énuméré quinze « maladies » dans un réquisitoire condamnant,...

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