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Culture - Exposition

Benoît Debbané toujours aussi « Pop-Boom-Crack » !

Il est l'un des pionniers du pop art libanais. Une sorte de Banksy local, artiste rebelle et sensible à la fois. Après une éclipse de quatre ans, Benoît Debbané est de retour plus « Pop-Boom-Crack » que jamais !

Une peinture ironiquement baptisée « Festival ».

«Je suis un artiste de rue converti au canevas », proclame Benoît Debbané. Mais attention, cela ne signifie aucunement que ce rebelle est rentré dans le rang. Au contraire, toujours aussi révolté contre la médiocrité ambiante, les diktats d'une société superficielle et l'omnipotence d'une culture de la violence, il reste plus que jamais moqueur, irrévérencieux, voire cru dans ses peintures.

Aujourd'hui, totalement affranchi des contraintes de l'enseignement (il était professeur d'illustration à l'Alba) et de la création publicitaire, cet architecte de formation, peintre et illustrateur par passion, se consacre encore plus librement à son « art du détournement des références médiatiques et publicitaires en messages politiques et sociaux».
Seule concession faite à «ce que demande le peuple»: il aborde de plus en plus des sujets typiquement «libano-libanais qui sont au goût du jour», dit-il. S'il dénonce depuis toujours la sous-culture dominante aux quatre coins du monde, il n'hésite plus aujourd'hui à exprimer sur toile ce qui le révulse au pays du Cèdre. À savoir, ce cocktail d'érotisme et de sang surgi des décombres d'une guerre libanaise qui ne s'est jamais vraiment achevée.

« Le Libanais aime les flingues et Goldorak »
Dans sa nouvelle cuvée de toiles graffiti-pop exposées, sous l'intitulé «Pop-Boom-Crack», jusqu'au 17 janvier au Art Lounge*, l'on retrouve donc son récursif Goldorak. Figure iconique de la pop culture et de toute une génération d'enfants de la guerre. La sienne. Mais c'est surtout le Holiday Inn, bâtiment emblématique de l'avant-guerre, le seul portant encore ses stigmates (celles notamment de la guerre des hôtels), qui se détache de cet ensemble de peintures toutes réalisées au pochoir rehaussé d'aérographe et de collage.

On retrouve donc ce fameux hôtel dans plus d'une toile, dont une traitée en triptyque et qui donne son nom à l'exposition. Une Pop-Boom-Crack qui (si l'on passe outre l'ambiguïté de certains termes) fait référence à la période «pop» des années heureuses du Liban, à celles « boom» des «bombardements» et puis les actuelles «Crack» comme un «craquage absolu » !
«Le Libanais aime les flingues et Goldorak», assure dans une pirouette cet «anarchiste» qui écoute en boucle dans son atelier la chanson éponyme de Léo Ferré. Pointant son aérographe sur les contradictions culturelles de la société libanaise, cet artiste virulent tape fort en particulier sur ce fameux slogan qui voudrait que «le Libanais aime la vie et la fête, alors qu'il aime surtout la violence et les conflits», dit-il. Une conviction personnelle que Benoît, alias Ben, exprime notamment dans une toile, représentant un milicien pointant agressivement son arme à travers les fameuses colonnes de Baalbeck, éloquemment baptisée Festival.

Ou encore dans cette autre portraiturant un kalachnikov. Là encore un symbole fort. «Une arme qui, pour moi, est ce que la soupe Campbell était à Andy Warhol: une icône. Mais une icône de la culture libanaise», assure Benoît Debbané. Lequel ne manque pas de relever «l'ironique coïncidence que cette arme, créée en 1947, la même année que l'État d'Israël, soit devenue l'arme de prédilection des milices arabes».
Voilà un bref aperçu de l'univers de ce «graffeur sur toile», aussi doué que percutant. À découvrir plus amplement au Art Lounge, l'espace pop et underground beyrouthin qui célèbre ce mois ses dix ans d'existence.

*Beyrouth, corniche du Fleuve, La Quarantaine. Horaires d'ouverture : de mercredi à samedi, de 16h à 21h. Tél. : 03/997676.

«Je suis un artiste de rue converti au canevas », proclame Benoît Debbané. Mais attention, cela ne signifie aucunement que ce rebelle est rentré dans le rang. Au contraire, toujours aussi révolté contre la médiocrité ambiante, les diktats d'une société superficielle et l'omnipotence d'une culture de la violence, il reste plus que jamais moqueur, irrévérencieux, voire cru dans ses...

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