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Liban - Terrorisme

Otages : Daech affûte ses couteaux, un nouveau cheikh entre en scène

Alors que les otages ont le couteau de Daech à la gorge, les familles des militaires et gendarmes enlevés ne reculent devant rien pour sauver leurs fils. En attendant de savoir si la médiation de cheikh Wissam Masri, qui se présente en sauveur, va aboutir, elles se préparent à se rendre en Arabie saoudite pour rencontrer Saad Hariri et d'autres responsables.

À Riad el-Solh, le sit-in des parents se poursuit. Photo Ibrahim Tawil

Les parents des militaires otages s'attachent au moindre espoir susceptible de concrétiser la libération de leurs fils pris en otage par Daech et al-Nosra depuis le mois d'août. Après avoir supplié, en vain, les différentes parties au sein du gouvernement d'accepter la médiation des ulémas musulmans, ils se retournent aujourd'hui vers cheikh Wissam Masri, le prédicateur salafiste de Tripoli qui s'est imposé de sa propre initiative, multiplie les promesses et assure qu'il est « capable de réussir là où les autres ont échoué ». Il apparaît d'ailleurs de plus en plus convaincant auprès des familles après avoir notamment rendu visite il y a quelques jours aux otages et affirmé que les menaces d'exécution ont été suspendues temporairement.

Dans ce contexte, le porte-parole des familles, Hussein Youssef, a affirmé hier que « nous tenterons de rencontrer le Premier ministre Tammam Salam pour lui demander de mandater cheikh Masri afin de clore ce dossier ». « Le cheikh nous a assurés qu'il entreprend une initiative facile dont il n'a pas accepté de dévoiler les détails, mais qu'il attend un mandat officiel pour se mettre au travail », a déclaré Hussein Youssef. « Il nous a même assurés que les ravisseurs libéreront 3 à 4 soldats sans rien demander en contrepartie, comme preuve de bonne foi, si le cabinet le chargeait de cette mission qui sera finalisée en 10 jours. » Et d'ajouter : « Cheikh Masri collabore avec le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim. Il n'appartient à aucun parti et ne cherche aucun intérêt personnel. Que les responsables arrêtent de parler ; nos fils ne sont pas des marionnettes. Qu'ont-ils fait depuis 5 mois ? Ce n'est pas une cellule de crise qui est en charge du dossier, mais bien une cellule en crise. Il nous importe que les négociations soient amorcées, que le médiateur soit Wissam Masri ou n'importe qui d'autre. »

En attendant, cheikh Masri attend toujours un appel de la part de l'État islamique pour retourner voir les ravisseurs dans le jurd et obtenir un engagement de leur part de ne pas exécuter de soldats et policiers. Il devrait également rencontrer des responsables du Front de lutte al-Nosra même si des parents d'otages ont assuré hier qu'ils n'étaient pas très optimistes à l'égard de l'initiative du salafiste. « Le succès de cheikh Masri n'est pas sûr, a confié Nizam Mghayt, frère du soldat enlevé Ibrahim, à L'Orient-Le Jour. Nous ne savons pas vraiment d'où il est sorti, et c'est cela qui nous inquiète. »

(Repère : Qui sont les militaires libanais otages des jihadistes?)

L'EI menace en français
L'État islamique avait en tout cas remis jeudi une vidéo au cheikh Wissam Masri dans laquelle il menace « les alliés de la France Saad Hariri, Samir Geagea et Walid Joumblatt ». La vidéo de 44 secondes dont le son est parfois inaudible a été filmée alors que cheikh Masri se trouvait chez les ravisseurs. Elle a été remise par cheikh Masri aux autorités officielles, comme il l'affirme, et montre trois jihadistes de l'EI, dont l'un entièrement vêtu de noir et le visage masqué, debout tenant un couteau sous la gorge des trois militaires Mohammad Youssef, Seif Zebian et Ali Hajj Hassan, à genoux devant eux. « Aux alliés de la France au Liban, Hariri, Geagea et Joumblatt écoutez-moi bien, l'État islamique est aujourd'hui en guerre contre le Hezbollah qui s'ingère dans les affaires des musulmans en Syrie et qui a tué nos femmes et nos enfants. Vous êtes certes des criminels, mais vous avez aujourd'hui ajouté à vos crimes de nouveaux crimes par votre collaboration avec le Hezbollah en transformant l'armée libanaise en une sorte de marionnette entre les mains du Hezbollah pour opprimer les sunnites », affirme en français, avec l'accent maghrébin, l'un des trois jihadistes. « Vous êtes alors les seuls responsables de l'avenir de vos concitoyens. Leur avenir, leur vie ou leur mort dépendent de vos prochaines décisions », ajoute le jihadiste, dans un français correct. En soirée, le chef du Parti socialiste progressiste a réagi aux menaces proférées contre lui par le groupe Etat islamique. Sur son compte Twitter, il a indiqué ne pas comprendre l'accusation du chef du groupe concernant ses liens avec la France.

Encore des déclarations...
De son côté, la délégation des familles a poursuivi hier ses visites auprès des responsables en passant par Aïn el-Tiné pour rencontrer le président de la Chambre Nabih Berry. Elle devrait également se réunir bientôt avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, l'ancien Premier ministre Saad Hariri et des responsables du Hezbollah. À ce sujet, Nizam Mghayt a confié hier à L'Orient-Le Jour que la décision de se rendre en Arabie saoudite a été prise. « Nous y allons seuls sans l'État. Nous n'avons pas encore fixé de date, mais la décision a été prise. Il faut rencontrer Saad Hariri et tout responsable qui pourrait nous aider », a-t-il expliqué.

 

(Pour mémoire : Un seul mot d'ordre place Riad el-Solh : « Libérez nos fils, sinon ce sera la révolution »)


À Aïn el-Tiné, Nabih Berry a pour sa part indiqué hier que « le dossier des otages militaires est celui du Liban et des Libanais ». « Chaque Libanais, toutes appartenances confondues, considère ce dossier comme le sien. Il se sent otage comme les soldats. Mais il s'agit de traiter ce dossier national en coopérant pour agir de façon confidentielle et pour obtenir la libération des militaires. » M. Berry a affirmé que « l'échange est en principe envisageable », signalant qu'il travaille dans ce cadre en coordination avec le député Walid Joumblatt. « Selon les informations qui m'ont été véhiculées hier jeudi, la situation est plus positive », a-t-il assuré, affirmant aux familles travailler pour la désignation de commissions sécuritaires pour prendre en charge le dossier.

Sur un autre plan, le quotidien al-Joumhouriya a rapporté hier dans son édition du vendredi que les renseignements de l'armée ont arrêté un important dirigeant du groupe de l'État islamique qui planifiait des attaques terroristes au Liban. Citant une source militaire ayant requis l'anonymat, le journal a affirmé que l'arrestation avait eu lieu il y a deux jours, sans donner d'autres précisions. Mais l'arrestation a été qualifiée d'« importante » et de coup porté à l'organisation terroriste.


B. M.

 

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commentaires (3)

CES CHEIKHS MÉDIATEURS.... UUUUMMMM !!!

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 57, le 20 décembre 2014

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Commentaires (3)

  • CES CHEIKHS MÉDIATEURS.... UUUUMMMM !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 57, le 20 décembre 2014

  • Ces 8 Martiens avaient obligé Sääd le Bien-aimé à gouverner avec un bras coupé, et un flingue sur la tempe pointé ! Puisqu’il n'est pas exclu que ces 14 Sains puissent rester absents du pouvoir réel jusqu’en fin 015, il convient non pas de les consoler, mais de leur dire qu’ils n’auraient qu’à se réjouir. Car, si bien revêtus de leur probité candide, ils pourraient derechef brasser alors des fraîches idées, titiller impunément ces Malsains en 8 dans leurs compromissions ligotés, et avoir à nouveau les 2 pieds du même bon côté Cédraie ; ce qui est le plus essentiel. Gouverner comme ces Cancres-huitards le font, c'est s'étirer dans des contradictions jusqu'à en des élongations attraper. C'est essuyer les crachats de leurs "propres sectaires", et tenter d’éviter les croche-pattes de soi-disant alliés comme ce Chebééék. Puis à fréquenter des charretées entières de délégations 8 patibulaires, comitards de vigilance boSSfàrienne ou autres porte-flingues PN SS de milices fakkîhàRiennes. Et quand bien même ils parviendraient ne fut-ce qu'à peine se désengluer de consensus aussi mous qu’eux sont mous, ils s'entendront traiter de nuls par leurs publics poujadistes qui ne leur savent jamais gré de leur abnégation fakkîhdio-boSSfàrienne. Bref, l’Anthracite et l’Aigri, tous orangés et jaunis de plaisir d’être au pouvoir, devraient savoir que leurs dieux n’auront fait en réalité que les épingler contre un mur et/ou tosswîîînéh Per(s)cé ; en sus en ruine et ruiné(h), yâ hassértéhhh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 17, le 20 décembre 2014

  • "la décision de se rendre en Arabie saoudite a été prise. Nous y allons seuls sans l'État. Il faut rencontrer Saad Hariri et tout responsable qui pourrait nous aider." ! Ça y est, ils se rappellent de HARIRI maintenant, les niais ! Il était plus que temps !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 25, le 20 décembre 2014

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