Turquie: la justice libère un patron de médias anti-Erdogan, en inculpe un deuxième pour terrorisme

Une cour d'Istanbul a libéré vendredi le directeur de publication d'un journal opposé au régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, et inculpé le chef d'une chaîne de télévision du même groupe de presse pour terrorisme, ont rapporté les médias.

Ces deux journalistes connus avaient été arrêtés dimanche lors d'une nouvelle rafle policière visant la mouvance du prédicateur musulman exilé Fethullan Gülen, accusée de comploter contre le régime d'Ankara.

Dans la foulée, la même cour stambouliote a lancé un mandat d'arrêt contre M. Gülen, 73 ans, influent chef religieux à la tête d'un réseau d'entreprises allant des services bancaires aux médias, qui vit depuis 15 ans aux Etats-Unis, pour être le "dirigeant d'une organisation terroriste".
Une mesure cependant très symbolique car les Etats-Unis ont par le passé exprimé leur refus de livrer cet ex-allié d'Erdogan, devenu son ennemi juré, aux autorités turques.

Ekrem Dumanli, directeur de publication du journal à gros tirage Zaman a ainsi retrouvé la liberté au terme de cinq jours d'interrogatoire. En revanche, Hidayet Karaca, directeur de la chaîne de télévision Samanyolu, a été inculpé d'"appartenance à une organisation terroriste".

Ils sont les figures les plus connues des 30 personnes arrêtées dimanche à Istanbul et à travers la Turquie, dont des journalistes, scénaristes-réalisateurs de télévision et policiers. Quatre suspects en tout (M. Karaca et trois policiers) ont été inculpés dans cette affaire controversée et dénoncée comme une atteinte à la liberté de la presse en Turquie et à l'étranger.