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Liban - Liban

Militaires enlevés : les menaces d’assassinat temporairement suspendues

Deux des otages sont sérieusement malades, rapporte l'émissaire salafiste.

Cheikh Wissam Masri : « Personne ne m’a chargé de cette mission. » Photos Marwan Assaf

De nouvelles lueurs d'espoir ont pointé hier à l'horizon dans le dossier des militaires détenus en otage par les groupes islamistes depuis près de cinq mois.
Tout d'abord, la bonne nouvelle rapportée en soirée aux familles des otages par cheikh Wissam Masri, un prédicateur salafiste de Tripoli, qui aurait vraisemblablement obtenu un sursis auprès de « l'État islamique » qui menaçait d'exécuter de nouveaux otages. Ce dernier, qui s'est rendu en soirée auprès des familles à Riad el-Solh où elles poursuivent leur sit-in, a déclaré avoir pris « une initiative personnelle » sans avoir été chargé par qui que ce soit.
Contacté par L'Orient-Le Jour, le porte-parole des familles, Hussein Youssef, a affirmé que « l'émissaire » a rencontré les militaires détenus par l'EI « qui s'impatiente devant la tergiversation du gouvernement libanais ».
Le cheikh salafiste a également raconté que deux des militaires, Sayf Zoubiane et Moustapha Wehbé, sont sérieusement malades. « Le premier souffre d'une infection grave à l'oreille et le second d'une infection à la jambe », a précisé M. Youssef, qui ajoute toutefois que le moral des militaires « est relativement acceptable ».
Pour sa part, cheikh Masri a indiqué s'être rendu auprès des otages dans un but purement humanitaire, soulignant n'avoir reçu aucune approbation officielle de sa visite. Il a toutefois pu obtenir une couverture de la part du directeur de la Sûreté, le général Abbas Ibrahim, qui a alerté les services de l'armée au niveau des barrages pour le laisser passer. « La balle est maintenant dans le camp du gouvernement. L'important est que les négociations commencent sérieusement », a ajouté M. Youssef.

 

 (Repère : Qui sont les militaires libanais otages des jihadistes?)

 

Feuille de route
Autre développement que l'on pourrait qualifier de positif au niveau de ce dossier, la réaction, un peu tardive mais non moins utile, du Premier ministre, Tammam Salam, qui a exprimé en cours de journée son ras-le-bol face à l'attitude de ses ministres concernant ce dossier.
Un ras-le-bol qui devait s'accompagner par l'annonce d'une feuille de route pour les négociations, présentée par M. Salam, comme l'a rapporté hier le quotidien as-Safir.
Conscient du désordre qui règne au niveau de la gestion par le gouvernement du dossier des militaires otages, le chef du gouvernement a fait figurer dans son plan une garantie de la part des ravisseurs de ne plus tuer d'otages et leur demande de définir clairement leurs requêtes. La feuille de route inclut également un appel aux différentes parties politiques de cesser de se mêler du dossier, laissant les négociations au directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim.
M. Salam a aussi réitéré son appel au secret des négociations, notamment de la part des médias, et a demandé aux ravisseurs de régler définitivement la question du médiateur. À ce propos, il est utile de rappeler qu'une confusion avait entouré la désignation présumée de cheikh Wissam Masri, qui affirme avoir été sollicité par le Front al-Nosra, lequel a démenti le lendemain.
Selon la feuille de route également, le gouvernement se dit prêt à accepter le principe de l'échange, à condition que celui-ci englobe tous les otages. Il appelle en outre les familles des militaires au calme et à évacuer leur sit-in en laissant l'État s'occuper du dossier.

 

Le prix à payer
En cours de journée, le ministre de la Santé s'est rendu auprès du président de la Chambre, Nabih Berry, avec lequel il a évoqué le dossier des otages.
À l'issue de la rencontre, M. Bou Faour a déclaré : « Notre position est qu'il faudrait qu'une action soit entreprise au plus vite dans le cadre de ce dossier qui ne doit plus être laissé au hasard. Les parents ne doivent plus être abandonnés aux menaces et à l'anxiété. »
Et d'ajouter : « Il faut être convaincu du fait que certains sacrifices doivent être faits. Il faut accepter l'idée qu'il y a un prix à payer. Aucun État au monde n'a engagé des négociations sans avoir payé un prix en contrepartie. »
À ce sujet, il a cité l'exemple de la France qui a œuvré à la libération de l'un de ses ressortissants retenu au Mali, celui des États-Unis qui ont négocié avec les talibans, et dernier exemple en date, les négociations de l'administration US avec le Cuba.
« L'aspect positif, a relevé M. Bou Faour, est que les forces politiques ont expressément accepté le principe de l'échange. Ceci devrait constituer un prélude au gouvernement pour qu'il prenne la décision de s'engager sur la voie de l'échange. »
De leur côté, les familles des otages ont poursuivi hier leur tournée auprès des responsables politiques, pour recueillir expressément leur position sur le principe de l'échange des otages contre les prisonniers islamistes détenus à Roumieh.

 

Hariri
Une délégation des parents d'otages s'est ainsi rendue auprès du secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri. Ce dernier leur a assuré qu'il était en faveur de toute solution susceptible de libérer les militaires « que ce soit par le biais de l'échange ou n'importe par n'importe quel autre moyen ».
« Le courant du Futur n'a aucun problème avec la partie chargée de négocier, quelle qu'elle soit, encore moins avec l'identité du médiateur. Ce qui importe c'est de s'accrocher au moindre espoir qui nous permettrait de ramener nos fils », a-t-il dit.
M. Hariri a toutefois confié aux membres de la délégation que parmi les détenus que réclament les ravisseurs, figure Naïm Abbas qui, selon lui, constituerait un obstacle devant les négociations. Il a préconisé la nécessité de trouver des solutions pour contourner ce problème.
Membre influent des Brigades Abdallah Azzam, Naïm Abbas est accusé d'avoir pris part à plusieurs opérations terroristes, notamment dans la banlieue sud. Son arrestation, annoncée par l'armée le 12 février dernier, a permis de neutraliser une série de voitures piégées.
M. Hariri s'est en outre engagé au nom du courant du Futur à se tenir aux côtés des familles et à soutenir tout choix qu'elles effectueraient, car, a-t-il dit, « ils ont le droit de décider concernant le destin de leur fils ».
« Nous comptons poursuivre notre tournée auprès des politiques », a commenté le porte-parole des familles, qui a indiqué que celles-ci comptent rencontrer des responsables du Hezbollah, le patriarche maronite, Nabih Berry et Saad Hariri.

 

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De nouvelles lueurs d'espoir ont pointé hier à l'horizon dans le dossier des militaires détenus en otage par les groupes islamistes depuis près de cinq mois.Tout d'abord, la bonne nouvelle rapportée en soirée aux familles des otages par cheikh Wissam Masri, un prédicateur salafiste de Tripoli, qui aurait vraisemblablement obtenu un sursis auprès de « l'État islamique » qui menaçait...

commentaires (2)

Monsieur Ahmad HARIRI,..."vous vous accrochez au moindre espoir qui vous permettrait de ramener nos fils..." De gràce, "accrochez" aussi de toute urgence un médecin et faites-le parvenir, par l'entremise de Cheikh Wissam MASRI si nécessaire,aux otages malades pour les soigner, avant qu'il ne soit trop tard ! Vous en avez certainement tous les moyens ! Irène Saïd

Irene Said

11 h 25, le 19 décembre 2014

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Commentaires (2)

  • Monsieur Ahmad HARIRI,..."vous vous accrochez au moindre espoir qui vous permettrait de ramener nos fils..." De gràce, "accrochez" aussi de toute urgence un médecin et faites-le parvenir, par l'entremise de Cheikh Wissam MASRI si nécessaire,aux otages malades pour les soigner, avant qu'il ne soit trop tard ! Vous en avez certainement tous les moyens ! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 25, le 19 décembre 2014

  • Enfin une bonne feuille de route établie par le chef du gouvernement et qui exprime clairement : 1-ras-le-bol des ministres et de leurs surenchères concernant ce dossier; 2-toutes les parties politiques doivent se tenir à l'écart de cette affaire; 3-seul le général Abbas Ibrahim est habilité à mener les négociations avec les ravisseurs et à charger d'une démarche déterminée qui il voit convenable (comme ce cheikh al-Masri à qui il a facilité le voyage au jurd pour rencontrer les ravisseurs et les otages). Et à propos de ce cheikh et de sa démarche, il aurait dû insister le plus fermement possible auprès de Daech qu'il puisse ramener avec lui les deux soldats "sérieusement malades". Cela aurait été bien apprécié par les familles des soldats et tout le pays.

    Halim Abou Chacra

    05 h 19, le 19 décembre 2014

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