Rechercher
Rechercher

Culture

Des œuvres composées au goulag, interprétées pour la première fois à Moscou

Composés sur des bouts de papier dans les redoutables camps soviétiques de la Kolyma puis oubliés pendant 75 ans, les « 24 préludes et fugues » de Vsevolod Zaderatski ont été interprétés pour la première fois dans leur intégralité à Moscou, rapporte l'AFP.

Vsevolod Zaderatski Jr montre une photo de son père, le compositeur Vsevolod Zaderatski, lors d’une conférence de presse, le 14 décembre 2014 à Moscou. AFP

«Il écrivait sa musique dans des conditions extrêmes pour tenir», a raconté visiblement ému son fils, portant aussi le nom de Vsevolod Zaderatski, en ouvrant la représentation au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou.
Ces 24 morceaux pour piano-forte, très expressifs et intenses, figurent selon le conservatoire parmi les premiers exemples d'un retour vers le genre baroque au XXe siècle, avant Dmitri Chostakovitch. Leur interprétation intégrale, par six pianistes russes, est sans précédent pour cette œuvre composée entre 1937 et 1939.
L'auteur, né en 1891 en Ukraine alors partie de l'Empire russe et élève du Conservatoire de Moscou à l'époque tsariste, était l'un des professeurs de l'héritier du trône et fils de l'empereur Nicolas II, le tsarévitch Alexis. Il est ensuite devenu officier de l'armée russe pendant la Première Guerre mondiale puis a combattu la Révolution communiste au sein de l'Armée blanche.
Privé de droits civiques, interdit de vivre dans une grande ville ou de se produire en public, c'est lors de ses séjours au goulag stalinien de la Kolyma, dans l'Extrême-Orient russe, qu'il compose les 24 morceaux interprétés, sur des télégrammes ou des bouts de papier.
«Ses gardiens lui donnaient du papier, il promettait de n'écrire que des notes de musique, a raconté son fils. Ils les lui donnaient parce qu'il racontait des histoires
intéressantes.»
«Ce qui l'a sauvé, c'est qu'il a été envoyé au camp alors qu'il avait déjà l'habitude de la prison: il savait comment se conduire et comment survivre. Il en est sorti vainqueur», a ajouté M. Zaderatski, lui-même musicien et professeur au conservatoire.
Après son décès en 1953, son œuvre reste confidentielle. Ce n'est qu'au début des années 2000 qu'elles sortent de l'ombre, notamment en Ukraine car il a terminé son existence à Lviv (ouest) et y est enterré. Les 24 préludes et fugues pour piano-forte n'avaient jamais été joués ensemble.
«À l'époque soviétique c'était interdit, pendant la Perestroïka il n'y avait pas d'argent, les maisons d'édition étaient ruinées», a expliqué Marina Brokanova, directrice du journal spécialisé Piano
Forum.

(Source : AFP)

«Il écrivait sa musique dans des conditions extrêmes pour tenir», a raconté visiblement ému son fils, portant aussi le nom de Vsevolod Zaderatski, en ouvrant la représentation au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou.Ces 24 morceaux pour piano-forte, très expressifs et intenses, figurent selon le conservatoire parmi les premiers exemples d'un retour vers le genre baroque au XXe siècle,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut