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À La Une - Diplomatie

Rapprochement historique entre les Etats-Unis et Cuba

La question de l'embargo économique toujours pas résolue.

"Il y a une histoire compliquée entre les Etats-Unis et Cuba (...) mais l'heure est venue d'entamer un nouveau chapitre", a souligné le président américain Barack Obama. AFP PHOTO/POOL/DOUG MILLS

Les Etats-Unis et Cuba ont engagé mercredi un rapprochement spectaculaire après des décennies de tensions héritées de le Guerre froide, promettant le rétablissement de leurs relations diplomatiques et une plus grande coopération économique.

"Todos somos americanos" (Nous sommes tous américains) a lancé Barack Obama lors d'une allocution qui devrait marquer son passage à la Maison Blanche. "Il y a une histoire compliquée entre les Etats-Unis et Cuba (...) mais l'heure est venue d'entamer un nouveau chapitre", a ajouté le 44e président des Etats-Unis, constatant l'échec d'un demi-siècle d'isolement du régime communiste.

Au même moment, à La Havane, son homologue cubain Raul Castro, confirmait cette percée historique, tout en soulignant que la question de l'embargo économique, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962, n'était pas résolue. M. Obama a appelé de ses vœux un débat - qui s'annonce déjà houleux - avec le Congrès américain sur la levée de cette mesure "inscrite dans la loi".

 

(Pour mémoire : Cuba: Raul Castro prêt à dialoguer avec les Etats-Unis dans le respect mutuel)

 

Le pape François, personnellement impliqué dans ces négociations menées dans le plus grand secret, a salué une "décision historique", louant le rapprochement entre les deux pays, séparés seulement par les 150 km du détroit de Floride.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry va entamer "immédiatement" des discussions en vue du rétablissement des relations diplomatiques avec ce petit pays des Caraïbes, interrompues depuis 1961. Perspective longtemps impensable, les Etats-Unis vont par ailleurs ouvrir une ambassade à La Havane "dans les mois à venir".

Parmi les mesures annoncées pour favoriser les échanges économiques entre les deux pays, les Américains pourront désormais utiliser leurs cartes de crédit à Cuba et les institutions américaines pourront ouvrir des comptes dans les institutions financières cubaines. L'exportation de certains matériels de communication et télécommunication sera aussi permise, dans le but de développer internet sur l'île.

Les voyageurs américains pourront par ailleurs rapporter depuis Cuba jusqu'à 100 dollars de tabac, ce qui inclut, bien sûr, les célèbres cigares cubains.

Si les voyages touristiques indépendants resteront à ce stade interdits, nombre de procédures seront assouplies pour les chercheurs, les enseignants, les journalistes ou encore les visites familiales. Selon un responsable américain, l'ancien président Fidel Castro, qui a cédé la place à son frère Raul en 2006, n'a pas été impliqué dans les discussions. Eternel contempteur du voisin honni, "Fidel" est resté célèbre pour ses longues diatribes anti-américaines.

 

(Lire aussi : Fidel Castro lauréat en Chine d'un prix de la paix alternatif au Nobel)

 

"Poignée de mains"

Cette annonce historique intervient quelques heures après la libération d'Alan Gross, un Américain de 65 ans détenu depuis 5 ans à La Havane.

Washington a toujours conditionné une détente avec Cuba à la libération de cet ancien contractuel de l'agence fédérale américaine pour le développement international (USAID), une branche du département d'Etat. Arrêté le 3 décembre 2009 à Cuba, Alan Gross avait été condamné en 2011 à 15 ans de prison pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire interdit dans l'île communiste.

 

Alan Gross, en compagnie de sa femme à Washington. Photo REUTERS/Kevin Lamarque

 

Il a été libéré dans le cadre d'un échange plus large d'un espion détenu à Cuba depuis 20 ans et de trois Cubains écroués aux Etats-Unis. Membres du +groupe des Cinq+, ces derniers ont été condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison pour espionnage et sont considérés à Cuba comme des "héros de la lutte antiterroriste".

Depuis l'arrivée de Raul Castro au pouvoir en 2006, quelques timides signes de détente entre les deux pays étaient apparus. M. Obama avait en particulier assoupli les règles qui s'appliquent aux voyages vers l'île communiste.

En décembre 2013, MM. Obama et Castro avaient échangé une poignée de mains à Johannesburg à l'occasion d'une cérémonie d'hommage à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela.

Dans le cadre de la riposte face à Ebola, les Etats-Unis et Cuba ont multiplié en octobre les échanges d'amabilités. En dépit de ses difficultés économiques et de ses moyens modestes, Cuba s'est en effet projeté à l'avant-scène de la lutte contre le virus en Afrique de l'Ouest. Fait rare, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait même salué la démarche du régime communiste.

Si Washington avait maintenu jusqu'à ce jour une ligne ferme envers La Havane, plusieurs sondages montraient toutefois qu'une majorité d'Américains étaient favorables à un changement de politique à l'égard de Cuba, y compris en Floride où réside une très importante communauté cubano-américaine anticastriste.

Depuis 50 ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré, pour la grande majorité aux Etats-Unis. Aux émigrés "politiques" des premières années de la Révolution, ont succédé des milliers de d'émigrés plus "économiques" qui ont conservé des attaches et de la famille dans l'île.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué "chaleureusement" l'annonce de ce rapprochement, se disant prêt à aider les deux pays à normaliser leurs relations. L'assemblée générale de l'ONU avait adopté lors de sa dernière session plénière en septembre, comme tous les ans, une résolution demandant la fin de l'embargo américain imposé à Cuba.

 

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