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(T)erreurs

Même s'il y exporte, baluchon au dos, nombre de candidats à l'émigration, le Liban n'est pas l'Australie, pays sans histoires atteint pour la première fois, lundi, par ce terrorisme qui fait insulte à la religion en prétendant la servir. Le Liban n'est pas non plus le Pakistan, pays à histoires, lui, et théâtre hier d'un épouvantable carnage perpétré par les talibans.


À Sydney, ce n'est pas exactement un happy end qu'a connu l'assaut lancé par la police contre l'islamiste iranien qui retenait en otage les clients d'un café du centre : outre le forcené, deux personnes ont été tuées en effet, tandis que plusieurs autres étaient blessées. À Peshawar la folie meurtrière, de même que le bilan, ont atteint des sommets catastrophiques, puisque les membres du commando qui ont attaqué une école abritant des enfants de militaires ont eu le temps de tuer de sang-froid 141 personnes, en majorité des écoliers, avant d'être abattus à leur tour.


Ni Australie ni Pakistan, notre pays n'est pas moins en butte aux féroces atteintes du terrorisme, et cela dure même depuis des années. Terrorisme, ainsi, que la série d'attentats qui a visé les chantres de la souveraineté. Terrorisme, de même, que les explosions de voitures piégées survenues dans des quartiers populaires, en riposte à l'équipée du Hezbollah en Syrie. Et terrorisme encore que l'inhumain calvaire que vivent, depuis quatre mois, les deux douzaines de soldats et de gendarmes capturés par le Front al-Nosra et l'État islamique.


Par quelle malédiction le Liban, rompu pourtant aux coups du terrorisme, demeure-t-il aussi désespérément démuni face à ce fléau ? Sommaire conglomérat de forces antagonistes – les tensions sectaires venant, de surcroît, envenimer le débat politique – l'Autorité est viscéralement incapable d'accoucher d'une stratégie cohérente visant à obtenir la remise en liberté des captifs ; elle ne fait, dès lors, qu'accumuler les erreurs. La négociation ? On a commencé par l'exclure avec indignation, par égard au prétendu prestige d'un État en déliquescence, avant de s'y résigner sur le tard ; on a mis en selle, mais en vain, toute une foule d'intermédiaires pour se retrouver aujourd'hui à la case départ : avec, en prime, de nouvelles et très sérieuses menaces d'exécutions d'otages.


La manière forte alors qui, en désespoir de cause, consisterait par exemple à donner l'assaut au repaire des ravisseurs, quitte à envisager le pire pour les captifs ? Une fois de plus le Liban n'est pas hélas un de ces pays bénis des dieux, où les responsables font preuve... de sens des responsabilités, à chaque fois que s'imposent des décisions cruciales. Où existent des plans B, C et même Z pour parer aux situations les plus impossibles. Où comptent les vies humaines, qu'il s'agisse de civils ou de militaires : misérable chair à canon que l'on paie seulement, après tout, pour se faire réduire en charpie, comme on l'entend dire parfois.
Les militaires qui vivent mille morts à chaque heure qui passe ne sont pas victimes du seul terrorisme. Non moins cruelle est en effet l'incroyable médiocrité de ceux qui ont charge de leurs âmes.

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Même s'il y exporte, baluchon au dos, nombre de candidats à l'émigration, le Liban n'est pas l'Australie, pays sans histoires atteint pour la première fois, lundi, par ce terrorisme qui fait insulte à la religion en prétendant la servir. Le Liban n'est pas non plus le Pakistan, pays à histoires, lui, et théâtre hier d'un épouvantable carnage perpétré par les talibans.
À Sydney, ce...