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Liban - Droits de l’homme

Détenus en Syrie et disparus : un premier pas « concret » vers la vérité ?

Solide, le comité des parents des disparus au Liban et le Comité international de la Croix-Rouge mettent l'accent sur l'importance de la création d'une banque d'ADN.

Wadad Halawani et Ghazi Aad remettant à Fabrizzio Carboni le rapport de la commission officielle d’investigation sur le sort des personnes enlevées et disparues au Liban. Photo Nasser Trabulsi

Après plus de trois décennies d'un combat acharné pour connaître la vérité sur le sort de milliers de détenus en Syrie et de disparus au Liban, ce dossier humain connaît un nouveau tournant, qui pourrait mener enfin à cette vérité. Hier, Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil) et le comité des parents des disparus au Liban ont remis au chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Liban, Fabrizzio Carboni, le rapport de la commission officielle d'investigation sur le sort des personnes enlevées et disparues au Liban, nommée en 2000 par Sélim Hoss, alors Premier ministre, et présidée par le général Sélim Abou Ismaïl.
Le gouvernement Tammam Salam avait remis ledit rapport aux familles des détenus et des disparus en septembre dernier, conformément à la décision émise dans ce sens par le Conseil d'État, le 4 mars dernier, non sans avoir subi des pressions exercées dans ce sens par les familles qui avaient, rappelons-le, lancé la campagne « Hakna Na3ref » (Nous avons le droit de connaître la vérité) accompagnée d'un sit-in observé tous les jeudis devant le Grand Sérail.
La cérémonie s'est déroulée hier à la Maison de l'avocat, sous l'égide du bâtonnier de l'ordre des avocats, Georges Jreige, représenté par le président de la commission pour la défense des libertés publiques et des droits de l'homme à l'ordre des avocats, Abdel-Salam Cheaib. Ce dernier a rappelé le travail qu'a mené cette commission dans ce sens depuis 2001 et qui « avait réussi, malgré tous les obstacles qu'elle avait rencontrés – puisque les responsables à l'époque ne facilitaient pas notre tâche –, à identifier 350 personnes encore vivantes dans les prisons syriennes et israéliennes ». Il a réitéré le soutien de l'ordre des avocats à cette cause, appelant le gouvernement libanais à ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées pour pouvoir aboutir à la vérité.

 

(Pour mémoire : Journée internationale des personnes disparues : les familles poursuivent leur combat)

 

Une banque ADN
De son côté, le porte-parole de Solide, Ghazi Aad, a souligné l'importance de cet événement, d'une part parce que « c'est la première fois que nous nous rencontrons à la Maison de l'avocat » et d'autre part parce que « nous faisons confiance au CICR ». Notant que la société civile continuera à collaborer avec le CICR jusqu'à ce que « l'État assume ses responsabilités envers ses citoyens et œuvre à protéger leurs droits », Ghazi Aad a affirmé que la prochaine étape consistera à former une banque d'ADN des familles des détenus et des disparus.
Même son de cloche chez Wadad Halawani, présidente du comité des disparus au Liban, qui a noté que la création de cette banque « est une reconnaissance de notre cause ». Elle a également souligné que « la solution pratique et institutionnelle » de ce dossier consiste à promulguer une loi « susceptible de clore le chapitre de la guerre ».

 

(Pour mémoire : Les familles des victimes de disparition forcée appellent à une « reconnaissance officielle » de leur cause)


Quant à Fabrizzio Carboni, il a mis l'accent sur la souffrance des familles, qui ne peut être soulagée que lorsque la vérité éclatera au grand jour. « En l'absence d'une institution nationale qui soit chargée de ce dossier, le CICR estime qu'il a un engagement moral envers les familles des disparus et qu'il doit agir », a-t-il noté, expliquant dans ce cadre que le CICR a lancé en 2012 un projet pour collecter des informations sur les disparus à travers leurs familles, s'entretenant à cet effet avec quelque 1 700 d'entre elles. « Ces informations seront soumises à une institution indépendante qui sera chargée du dossier », a-t-il ajouté, soulignant l'importance de la formation d'une telle institution dans les plus brefs délais. La deuxième phase du projet consiste à créer une banque d'ADN, avec la collaboration des Forces de sécurité intérieure (FSI). « Deux échantillons seront collectés, l'un sera gardé au siège des FSI et le deuxième au siège du CICR à Genève, a indiqué Fabrizzio Carboni. Ce projet est prêt, mais n'a pas encore été approuvé, vu la situation politique complexe dans la région. »


Interrogé par L'Orient-Le Jour sur les défis que le CICR doit relever, Fabrizzio Carboni a noté qu'au-delà de la collecte de l'ADN, ce qui est important c'est « de pouvoir commencer les identifications » pour pouvoir donner des réponses aux familles. Or cela n'est pas possible sans le feu vert des autorités libanaises. Nizar Saghiyé, avocat du comité des familles des disparus et de Solide, a quant à lui confié à L'Orient-Le Jour que la remise du rapport au CICR revêt une dimension « pratique, parce qu'il est inutile de proclamer "le droit à la vérité" s'il n'y a pas de procédures concrètes pour consacrer ce droit par le biais de la collecte des informations sur chaque famille et la création de la banque d'ADN ».
Le gouvernement, qui a longtemps failli à ses devoirs dans ce dossier, est aujourd'hui devant une nouvelle épreuve. Assumera-t-il ses responsabilités ou va-t-il parier une nouvelle fois sur une fuite en avant?

 

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Après plus de trois décennies d'un combat acharné pour connaître la vérité sur le sort de milliers de détenus en Syrie et de disparus au Liban, ce dossier humain connaît un nouveau tournant, qui pourrait mener enfin à cette vérité. Hier, Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil) et le comité des parents des disparus au Liban ont remis au chef de la délégation du Comité...

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Le point de presse tenu il y a deux jours par le porte-parole du mouvement de résistance Hamas, Obeida, et au cours duquel il a remercié l’Iran pour son soutien aux Palestiniens, a irrité binsaoudie, voire tous les pays du Golfe.binsaoud a alors immédiatement contacté des dirigeants du Hamas à l’extérieur, et a affiché sa colère face au rapprochement du mouvement avec l'Iran. Un rapprochement dû aux efforts d’un dirigeant du Hamas Zahhar, estiment les binsaouds.Dans une première réaction, le Hamas n’a pas élaboré de réponse claire, à cause des relations avec Riyad pas bonnes actuellement en raison situation en Egypte. Le royaume a ensuite proposé une offre attrayante de son point de vue : Ouverture du passage de Rafah et levée du blocus sur Gaza, à condition que le Hamas s’éloigne de Téhéran. Là encore, le Hamas n’a pas répondu à cette offre « honteuse ». Le mouvement palestinien s’est contenté de dire qu’il étudierait l’offre. Toutefois ses dirigeants réalisent qu’ils ne peuvent avoir confiance des binsaouds, dont les positions étaient en accord avec celles israéliennes au cours de la dernière offensive contre Gaza.De plus, de multiples interrogations sont posées autour du rôle du Caire dans une telle offre. Les sites d’information israéliens ont publié les détails de l’offre saoudienne, divulgués par l’agence de pressegouvernementale al-Raïprétendant que le hamas a gagné la bataille tout seul à Gaza .

FRIK-A-FRAK

14 h 44, le 17 décembre 2014

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Commentaires (2)

  • Le point de presse tenu il y a deux jours par le porte-parole du mouvement de résistance Hamas, Obeida, et au cours duquel il a remercié l’Iran pour son soutien aux Palestiniens, a irrité binsaoudie, voire tous les pays du Golfe.binsaoud a alors immédiatement contacté des dirigeants du Hamas à l’extérieur, et a affiché sa colère face au rapprochement du mouvement avec l'Iran. Un rapprochement dû aux efforts d’un dirigeant du Hamas Zahhar, estiment les binsaouds.Dans une première réaction, le Hamas n’a pas élaboré de réponse claire, à cause des relations avec Riyad pas bonnes actuellement en raison situation en Egypte. Le royaume a ensuite proposé une offre attrayante de son point de vue : Ouverture du passage de Rafah et levée du blocus sur Gaza, à condition que le Hamas s’éloigne de Téhéran. Là encore, le Hamas n’a pas répondu à cette offre « honteuse ». Le mouvement palestinien s’est contenté de dire qu’il étudierait l’offre. Toutefois ses dirigeants réalisent qu’ils ne peuvent avoir confiance des binsaouds, dont les positions étaient en accord avec celles israéliennes au cours de la dernière offensive contre Gaza.De plus, de multiples interrogations sont posées autour du rôle du Caire dans une telle offre. Les sites d’information israéliens ont publié les détails de l’offre saoudienne, divulgués par l’agence de pressegouvernementale al-Raïprétendant que le hamas a gagné la bataille tout seul à Gaza .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 44, le 17 décembre 2014

  • MESSIEURS, LES PRATIQUES DE DISPARITION... D'À CÔTÉ... NE LAISSAIENT POINT D'INDICE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 08, le 17 décembre 2014

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