Les parents des militaires enlevés risquent de bloquer des routes aujourd'hui pour inciter le gouvernement à reprendre les négociations et à effectuer un échange de prisonniers avec les membres de l'État islamique et le Front al-Nosra.
En soirée, les familles ont appris via le compte Twitter de l'État islamique que deux militaires seront exécutés le jeudi soir si le gouvernement ne reprend pas rapidement les négociations. L'affaire a provoqué la colère et la panique des parents des otages. Les familles ont fini par brûler des pneus devant le Sérail. Mais auparavant, les gendarmes chargés de la protection du siège du Conseil des ministres ont frappé et bousculé plusieurs des mères et des épouses des militaires enlevés.
Ghinoua, la femme du soldat Mohammad Youssef, a raconté à L'Orient-Le Jour : « Je portais un pneu pour le brûler. Un gendarme m'a bousculé en appuyant le pneu que je portais sur mon ventre. J'ai fait une césarienne il y a tout juste six mois. Je suis tombée par terre. » « Ma belle-mère, donc la maman de Mohammad, ainsi que la maman de Hussein Ammar ont été frappées, avec les pneus qu'elles portaient par les gendarmes. Elles aussi sont tombées par terre », ajoute-t-elle. « Aucun gendarme n'a calmé l'autre. Au contraire, il y a un qui donnait des ordres à celui qui m'a bousculé en lui disant "empêche-la à tout prix de mettre le feu au pneu" », poursuit-elle.
Ghinoua qui a vu son mari dans le jurd de Ersal il y a un mois, et qui avait amené avec elle son fils âgé de cinq mois declare : « Mon fils avait à peine deux mois quand son père a été enlevé. Vous savez, je n'ai pas reconnu mon mari... Il portait une barbe et ressemblait presque à ses ravisseurs. Je pense qu'il n'a pas changé de vêtements depuis son enlèvement. Il m'a dit et il a dit à sa mère que ç'aurait été mieux pour tous qu'il soit exécuté. Ainsi sa souffrance s'arrêtera et celle de la famille aussi. » « Je ne lui ai pas parlé depuis. Lundi, Mohammad a parlé avec son père, Hussein, pour lui dire que les exécutions reprendront », a-t-elle noté.
« Heureusement que je n'ai pas vu la bousculade », s'exclame Hussein Youssef, un homme d'habitude très réservé. « Il y a un gendarme qui m'a houspillé. Je n'ai rien dit. Il a l'âge de mon fils emprisonné par l'État islamique », dit-il.
Aujourd'hui une délégation des parents des militaires otages devrait visiter le chef du CPL, le général Michel Aoun, pour discuter avec lui du dossier.
Hussein Youssef, qui est le président du comité des parents des militaires enlevés, se rendra prochainement en Arabie saoudite pour voir le chef du courant du Futur, Saad Hariri, qui constitue selon lui « un dernier espoir ».
(Repère : Qui sont les militaires libanais otages des jihadistes?)
Réunion de la cellule de crise
Concernant la cellule de crise, les parents des détenus ont appelé, comme ils le font depuis des mois, le Premier ministre Tammam Salam à intensifier le travail de la cellule et à clore le dossier en échangeant des prisonniers contre les militaires otages. Cette cellule s'est réunie hier sous la présidence du Premier ministre.
À cet égard, le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a estimé que « la cellule de crise devrait user de toutes les cartes dont elle dispose. Il a indiqué que le Mouvement Amal n'a pas boycotté les réunions. Il faut que des positions concrètes soient prises pour libérer les militaires pris en otage », a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk a souligné qu'« il n'y a pas d'enchevêtrement entre le sécuritaire et le politique au sein de la cellule de crise ». « La clé pour reprendre les négociations est d'avoir une promesse écrite des ravisseurs de ne pas tuer les militaires. Et nous ne fermerons jamais la porte à la face de ceux qui veulent aider à résoudre le problème, notamment le comité des ulémas musulmans. Nous sommes aussi tous d'accord que c'est le directeur général de la Sûreté générale qui est le chef du groupe sécuritaire qui mène les négociations », a-t-il poursuivi. Par ailleurs, M. Machnouk a publié un communiqué démentant les rumeurs selon lesquelles il aurait suggéré au gouvernement de considérer les militaires enlevés comme des hommes tués au combat.
De son côté, le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a indiqué que « le gouvernement possède d'importantes cartes pour négocier » et qu'il « existe des médiations étrangères sérieuses ».
Des sources proches du Hezbollah ont indiqué que « le parti est prêt à toutes les négociations qui peuvent mener à la libération des soldats mais cela sans porter atteinte aux droits des simples citoyens » et qu'il « ne s'opposera pas à la libération de fondamentalistes musulmans de la prison de Roumié ».
commentaires (5)
CETTE MANIE DE SE RÉFÉRER À EUX... SURTOUT PAR LES ABRUTIS QUI LES COMBATTENT... COMME "ETAT ISLAMIQUE" DIT QUELQUE CHOSE QUAND MÊME !!!
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 48, le 17 décembre 2014