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Nos Lecteurs ont la Parole - Gabriel PETITPONT

« L’OLJ » : une autre approche du M-O, de l’écriture et de la francophonie*

Dès ses premières années d'existence, L'Orient-Le Jour a cherché à véhiculer la pensée des plus grands philosophes, écrivains et journalistes libanais contemporains. De nombreuses plumes ont façonné encore le journal.
Les supports digitaux du journal ne servent pas qu'à diffuser l'actualité après la sortie des éditions papier. Cette conception des nouvelles technologies de l'information et de la communication est dépassée et L'Orient-Le Jour semble l'avoir bien compris. Les nouveaux médias sont conçus comme étant avant tout complémentaires. Pour reprendre les mots de Nayla de Freige, administrateur délégué du journal, chaque média « répond à des logiques différentes : sur le Net, on est plus rapide, sur le papier, on est plus dans l'analyse ». Une phrase qui résume bien cela : « Le Web pour savoir et le journal pour comprendre. ». Un credo que semblent s'approprier les journaux les plus prestigieux, en Orient comme en Occident.
L'Orient-Le Jour, comme l'ensemble des organes de presse aujourd'hui, est toujours en recherche d'un modèle économique stable permettant de garantir la rentabilité des activités print et digitales tout en maintenant la qualité de l'information, qualité qui implique des coûts fixes relativement élevés.
Comment s'adapter à la nouvelle donne tout en conservant les ingrédients qui ont fait le succès de L'Orient-Le Jour depuis des décennies ? Comment conserver le même niveau de qualité dans l'information diffusée tout en répondant aux contraintes qu'introduisent les nouveaux comportements du lectorat ? Comment fidéliser le lectorat ? On observe clairement depuis quelques années de véritables efforts pour moderniser le journal aux yeux du lecteur. L'Orient-Le Jour assume désormais une véritable politique offensive pour conquérir les lecteurs sur les nouveaux médias, web et mobile confondus.
L'Orient-Le Jour, respecté et cité dans tous les milieux de la presse mondiale pour la place qu'il occupe dans la politique du Moyen-Orient, couvre l'actualité dans son ensemble, qu'il s'agisse de politique intérieure, de politique internationale, d'économie, de culture, de sport...
Sa ligne éditoriale a toujours été la défense du Liban, de la liberté, de la démocratie et de la langue française. Ses journalistes préservent ainsi l'indépendance du journal qui est aujourd'hui l'un des rares organes de presse francophones au Moyen-Orient. Son impact sur la francophonie est incontournable. Car « ce n'est pas qu'en France qu'on décide de l'avenir du français », écrivait récemment l'ambassadeur de France Patrice Paoli, soulignant ainsi l'importance qu'occupent les médias francophones dans des pays comme le Liban. Pour reprendre les mots d'un autre ambassadeur, Philippe Lecourtier, on peut dire que la spécificité de L'Orient-Le Jour est d'« écrire en français avec une âme libanaise ».
Les différences rédactionnelles entre le journalisme tel que pratiqué à L'Orient-Le Jour et celui qui se pratique actuellement en France sont notoires. On peut affirmer sans connotation péjorative que le style journalistique au Liban est plus littéraire avec des phrases plus longues, des tournures de moins directes, un vocabulaire plus recherché. L'Orient-Le Jour est écrit souvent mieux qu'en France où l'orthographe se perd et où le style s'appauvrit pour s'adapter aux nouvelles technologies et à un public toujours plus pressé. L'Orient-Le Jour contribue à maintenir le niveau de français, et cela est notamment dû à la qualité de l'enseignement transmis dans les institutions éducatives et francophones.
Le plus intéressant concerne l'approche des questions politico-religieuses au Moyen-Orient. Le positionnement de la plupart des médias français reste souvent orienté, peu nuancé et relativement proche de la vision américaine du monde. À l'exception de certains auteurs, journalistes ou contributeurs étrangers, on observe une certaine naïveté dans l'approche de ces questions.
À l'issue de mon voyage au Liban, je dirais sans peur de me tromper que les médias français ont une grande difficulté à regarder objectivement la question israélo-palestinienne. Sans entrer dans la polémique et sans tomber dans un débat polémique, je constate que les journalistes français ont beaucoup de mal à interroger la politique du gouvernement israélien. Il y a comme un malaise à ce sujet.
Au-delà de cette question, des médias français semblent souvent s'aligner sur la vision américaine du monde. Ils ne proposent pas à leurs lecteurs une vision suffisamment nuancée du Moyen-Orient. Face à la diabolisation, pourquoi n'observe-t-on aucune remise en question ? Il y a souvent de la pauvreté dans des médias étrangers lorsqu'il s'agit d'analyser la complexité du Moyen-Orient.
On ne peut pas décrypter le Moyen-Orient comme on décrypte des sociétés occidentales. Les clés de compréhension sont différentes. L'approche occidentalo-centraliste des événements géopolitiques de la région est vouée à l'échec. L'exemple des révoltes arabes, si mal interprétées par des Occidentaux à leurs débuts, est révélateur.
L'Orient-Le Jour apporte une valeur ajoutée à tous les francophones insatisfaits par la lecture des événements de la région dans leurs propres médias.

Gabriel PETITPONT
Étudiant français, Master en sciences politiques, USJ

*Le texte est un extrait d'un rapport de stage soutenu le 1/12/2014 à l'Institut de sciences politiques, USJ, sous la direction de Carole Alsharabati et Antoine Messarra.

Dès ses premières années d'existence, L'Orient-Le Jour a cherché à véhiculer la pensée des plus grands philosophes, écrivains et journalistes libanais contemporains. De nombreuses plumes ont façonné encore le journal.Les supports digitaux du journal ne servent pas qu'à diffuser l'actualité après la sortie des éditions papier. Cette conception des nouvelles technologies de...

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