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Lifestyle - Dans la peau d’une femme

Joumana Haddad, femme libre

Photo Lars Krabbe

Poète, à l'époque où le langage le plus courant est celui des SMS et de Twitter, couche-tôt alors que pour être « in » au Liban, il faut être une étoile de la vie nocturne, et militante active pour l'égalité entre les hommes et les femmes, une cause que certains jugent obsolète avec tous les problèmes actuels des Libanais, Joumana Haddad détonne dans le monde clos des élites libanaises. Cette petite femme aux yeux lumineux dégage pourtant une grande énergie. Responsable de la page culturelle du quotidien an-Nahar depuis 2005, elle a plusieurs livres à son actif, dont des recueils de poèmes en différentes langues. Un de ses poèmes a d'ailleurs été sélectionné par l'Onu dans le cadre du projet « la Journée du bonheur », où des écrits sur le bonheur dans ses différentes conceptions seront publiés. Joumana en est assez fière, même si le souci d'être sélectionnée n'était pas un objectif en soi. Pour elle, les mots ont une valeur et ils continuent d'être le meilleur moyen d'expression. Ils lui servent non seulement à exprimer ses émotions, sa vision, ses espoirs et sa révolte, mais aussi ils lui permettent de concrétiser sa lutte pour un monde plus juste envers les femmes. L'envie d'écrire lui vient souvent dans les premières heures qui précèdent l'aube (d'où la nécessité de se coucher tôt). « C'est plus qu'une envie, précise-t-elle, c'est un besoin qui, lorsqu'il est satisfait, illumine ma journée. Peut-on imaginer un monde sans Lorca et Neruda ? » Inutile de lui rétorquer que certains peuvent le concevoir, la poésie occupe dans sa vie une place prépondérante.

Mais comme tous les poètes, Joumana Haddad est une solitaire, une individualiste, qui éprouve une grande méfiance à l'égard de tout ce qui est collectif. Elle a réellement du mal à se fondre dans un groupe, au risque d'être moins efficace dans ses combats. « Je n'aime pas les contraintes et les entraves, dit-elle. Si on m'enferme dans un moule on me perd. » C'est donc en femme libre qu'elle mène sa vie, ayant à son actif deux mariages et deux enfants, une carrière brillante et des écrits qui souvent soulèvent des polémiques. Son seul échec est sa tentative de lancer une revue considérée comme érotique al-Jassad, mais qui à ses yeux mettait en valeur la beauté du corps humain. Cette revue trimestrielle a été rapidement condamnée à ne plus paraître faute de publicités, les annonceurs la considérant « trop osée ».


Mais Joumana Haddad ne désespère pas de faire bouger les mentalités. Elle milite au Liban et dans le monde arabe pour l'égalité entre les hommes et les femmes et s'énerve lorsqu'on lui dit que les femmes au Liban ont tous leurs droits. « C'est vrai qu'elles sont de plus en plus actives au sein de la société, dit-elle, mais combien d'entre elle ont des postes-clés, même dans le monde du journalisme? » Elle prend une pause avant d'ajouter : « Il faut sortir du cercle vicieux qui commence par l'éducation à la maison, selon le principe que la fille doit servir le garçon et qui est bouclé par l'inégalité des salaires entre hommes et femmes et le fait que les mères reproduisent souvent le modèle éducatif qu'elles ont reçu. » Joumana a pris soin d'éduquer ses enfants dans la liberté, le respect de l'autre et la sincérité. Aujourd'hui, elle est très fière de raconter que l'amie de son fils l'a remerciée de l'éducation qu'elle lui a donnée. Une femme heureuse donc, dans un monde en pleine tourmente ? « Chacun trouve son bonheur comme il peut, répond-elle. Le mien est dans les livres. »

 

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commentaires (2)

LA POÉSIE C'EST L'AMBROISIE DE L'ESPRIT ET DE L'ÂME ! BRAVO ET EN AVANT EN POÉSIE COMME EN MILITANTE POUR LES DROITS DE LA FEMME !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 13, le 16 décembre 2014

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Commentaires (2)

  • LA POÉSIE C'EST L'AMBROISIE DE L'ESPRIT ET DE L'ÂME ! BRAVO ET EN AVANT EN POÉSIE COMME EN MILITANTE POUR LES DROITS DE LA FEMME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 13, le 16 décembre 2014

  • Joumana Haddad femme libanaise qui est par ailleurs fort belle , doit savoir qu'être une femme libérée n'est pas facile et que par conséquence on ne la laissera pas tomber !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 14, le 16 décembre 2014

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