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Moyen Orient et Monde - Turquie

Erdogan à l’UE : « Mêlez-vous de vos affaires »

Vives réactions de toutes parts suite aux perquisitions lancées dimanche contre des médias turcs ; le président fait fi des reproches des Européens à son encontre.

Des employés du quotidien turc « Zaman » manifestant devant leurs locaux, à la suite des arrestations de leurs dirigeants. Murad Sezer/Reuters

Après les arrestations de dimanche qui visaient principalement le quotidien Zaman et une télévision proche du prédicateur islamiste Fethullah Gulen, en exil aux États-Unis, ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan devenu son pire ennemi, l'Union européenne n'a pas tardé à réagir. En effet, la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini et Johannes Hahn, commissaire chargé de la Politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement, ont dénoncé immédiatement ces opérations, les qualifiant de contraires aux « valeurs européennes » et « incompatibles avec la liberté de la presse ».
Le chef de l'État turc, qui réagissait pour la première fois à l'opération de police contre ces médias, a rejeté ces critiques en déclarant que l'UE « hurle à la liberté de la presse, mais les perquisitions n'ont rien à voir avec ça. Ce que l'UE pourrait dire ne nous inquiète pas, qu'elle nous accepte comme membre ou non, nous ne sommes pas inquiets », lui implorant par ailleurs de « garder sa sagesse » pour elle-même. Selon M. Erdogan, l'appareil judiciaire et d'autres institutions de l'État turc devaient être « purgés des traîtres » qui s'y trouvent. Le chef de l'État a estimé que le degré de démocratie augmentait actuellement en Turquie. L'opération lancée contre la confrérie de Fethullah Gülen s'inscrit, selon lui, dans le cadre d'efforts pour déraciner les forces antidémocratiques, et va se poursuivre, assurant être en train de « semer les graines de la nouvelle Turquie ». Après ces déclarations, la livre turque a atteint un plus bas historique à 2,3905 contre un dollar, avant de se reprendre quelque peu à 2,3830. Vendredi soir, la livre s'échangeait au taux de 2,3015 pour un dollar.

Déchaînement des médias
Sans surprise, du côté de la presse nationale, le gouvernement turc a été vivement critiqué. Le quotidien Zaman, perquisitionné dimanche, titrait hier matin, sur fond noir : « Journée noire pour la démocratie », en assurant maintenir sans peur sa ligne pacifique pour la démocratie et la liberté.
Au sein de la presse progouvernementale, Abdulkadir Selvi, l'éditorialiste du quotidien Yeni Safak, s'offusquait lui aussi de ces arrestations. « Je dénonce vivement les arrestations de Ekrem Dumanli et de Hidayet Karaca. Je m'élève contre cette faute d'où qu'elle vienne », écrit Selvi en opposition avec la ligne de sa rédaction qui estime que pour les opposants au président turc il est « temps de rendre des comptes ».
Le quotidien Hurriyet considère dans un éditorial signé Ahmet Hakan que les arrestations de journalistes sont « un coup » asséné à la démocratie et la liberté d'expression.
À côté de ce déferlement médiatique, le Premier ministre Ahmet Davutoglu affirmait lui dans le quotidien national Sabah que les suspects n'avaient pas été arrêtés pour « leurs activités de journalistes » et qu'une enquête judiciaire permettrait d'apporter des explications concernant les accusations portées contre eux. À la question de savoir s'il craignait des « sabotages » de la part de membres de Hizmet, la confrérie de Gülen, d'ici à la tenue des élections législatives en juin prochain, le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, a déclaré que l'État se devait de « prendre des précautions ».
Cependant, pour Kemal Kilicdaroglu, chef de file du parti d'opposition CHP (Parti républicain du peuple, laïc), un doute subsiste sur la légalité de l'opération qu'il qualifie « d'actes de vengeance ».

(Sources : agences)

Après les arrestations de dimanche qui visaient principalement le quotidien Zaman et une télévision proche du prédicateur islamiste Fethullah Gulen, en exil aux États-Unis, ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan devenu son pire ennemi, l'Union européenne n'a pas tardé à réagir. En effet, la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini et Johannes Hahn, commissaire chargé...

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