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Liban - Décryptage

L’absence de cohésion interne et son impact sur le dossier des otages militaires

Le dossier des militaires otages continue de peser sur la scène libanaise. Chaque jour y apporte de nouveaux éléments sans que rien n'indique une issue proche. Hier, c'était le tour du ministre de l'Information Ramzi Jreige d'adresser une mise en garde aux médias pour ne pas offrir une tribune aux ravisseurs et à ceux qui pourraient jeter de l'huile sur le feu dans un dossier aussi douloureux et complexe. Mais comment qualifier le dernier tweet du chef du courant du Futur Saad Hariri qui a protesté mercredi contre ce qu'il a qualifié « de blocus de Ersal » par l'armée libanaise ? L'armée s'est bien gardée de réagir officiellement à cette accusation, mais des sources militaires ont exprimé leur étonnement en se demandant comment on demande à l'armée d'exercer des pressions sur les combattants et on l'empêche en même temps de leur fermer les voies d'accès vers Ersal pour qu'ils ne puissent pas s'approvisionner en mazout par exemple ou en médicaments ? Selon ces sources, l'accusation de Hariri montre soit une méconnaissance totale de la nature de la région, soit une complaisance, inconsciente ou non, à l'égard de ceux qui protègent les ravisseurs.


Une fois de plus donc, les autorités libanaises donnent l'image d'un cafouillage et de positions ambiguës dans ce dossier crucial. Certes, les médias assument une partie de la responsabilité dans ce paysage flou et confus, et le ministre de l'Information a eu raison de rappeler tout le monde à l'ordre, mais le gouvernement lui-même ne fait pas beaucoup mieux, et il ne cesse d'exposer ses dissonances et ses divisions dans ce dossier qui devrait pourtant rassembler tous les Libanais. Tous les ministres veulent un règlement rapide de ce problème, mais peu ont une approche nationale. Les ministres qui ont des voies d'accès vers les ravisseurs ou ceux qui en sont proches les utilisent sans se concerter avec leurs collègues et vont même jusqu'à leur faire des promesses qu'ils ne peuvent pas tenir, moyennant la relaxe de certains d'entre eux qui appartiennent à leur propre confession.


Les ravisseurs ont d'ailleurs rapidement compris les points faibles du gouvernement et les utilisent à fond pour augmenter les divisions. Ils exploitent la fragilité de la cohésion gouvernementale, sachant que certains ministres sont tiraillés entre leur condamnation de la prise de militaires en otage et leur souci de ne pas renforcer le Hezbollah. Ils ne souhaitent donc pas enrayer la présence des groupes extrémistes pour ne pas laisser totalement la scène libanaise entre les mains du Hezbollah. Comme, dans cette période particulière, avec la vacance à la tête de la République, chaque ministre a son droit de veto, les décisions du gouvernement restent vagues et peu déterminantes. Les combattants de Daech et d'al-Nosra présents dans le jurd entre la Syrie et le Liban le savent parfaitement et misent sur ce point pour continuer à exercer leur horrible chantage sur le Liban et les familles des militaires pris en otage.


Les milieux militaires sont de plus en plus convaincus que la gestion de ce dossier ne peut plus se poursuivre de la sorte, avec une multiplication de négociateurs et des signaux, parfois contradictoires, envoyés aux ravisseurs par des représentants des autorités libanaises. Ces milieux insistent sur la nécessité absolue de choisir un seul négociateur qui saurait utiliser, à tour de rôle et selon les exigences du moment et des négociations, les cartes entre les mains du Liban. Mais, pour qu'il puisse réussir, ce négociateur devrait avoir les pleins pouvoirs et bénéficier de la discrétion absolue pour ne pas prendre le risque d'être critiqué à chacune de ces décisions car cela affaiblirait sa position et celle du Liban en général. De plus, dans les négociations, le Liban ne doit pas oublier de brandir la carte de l'option militaire. Les milieux militaires sont convaincus que celle-ci n'est ni impossible ni inefficace, l'armée libanaise étant en mesure de lancer une offensive contre les combattants dans le jurd pour libérer les otages militaires. Une telle offensive serait certes coûteuse et pourrait entraîner la mort des otages, mais elle permettrait au moins une solution radicale au problème de la présence des combattants extrémistes dans le jurd. Plusieurs pays ont eu recours à ce genre de solution lorsqu'ils ont été confrontés à une prise d'otages, et même si certains d'entre eux meurent dans l'opération, au moins ils meurent rapidement et dans un combat, non pas égorgés après une torture morale intolérable pour eux et pour leurs proches. En tout cas, cette option mérite d'être envisagée sérieusement, loin des surenchères. Mais au Liban, elle se heurte à plusieurs obstacles : le premier et peut-être le plus pressant est qu'elle n'est plus possible dans les trois mois qui viennent en raison de l'épaisseur de la neige dans le jurd.

Ensuite, elle exige une coordination avec l'armée syrienne qui encercle sur deux côtés au moins les combattants dans le jurd. Or le gouvernement libanais ne veut pas envisager une telle possibilité car certains ministres refusent toute hypothèse d'ouvrir un dialogue avec le régime syrien quel que soit le prétexte invoqué, qu'il s'agisse du dossier des réfugiés, celui des récoltes que le Liban n'arrive pas à écouler ou encore celui d'une coordination militaire. Par contre, le gouvernement ne refuse pas de demander au général Abbas Ibrahim de parler avec la Syrie pour obtenir la libération de détenus de l'opposition syrienne en échange de la libération des otages... Enfin, l'armée ne peut pas mener une telle offensive si elle n'a pas une couverture politique totale. Or, si des mesures de pression aussi élémentaires que la fermeture des voies d'accès vers Ersal pour les combattants suscite les critiques du chef du courant du Futur, que serait-ce s'il s'agissait d'une vaste offensive militaire ?


Pour toutes ces raisons, les milieux militaires ne cachent pas leur pessimisme quant à une solution rapide du dossier des otages militaires qui est appelé malheureusement à continuer de faire saigner le Liban...

Le dossier des militaires otages continue de peser sur la scène libanaise. Chaque jour y apporte de nouveaux éléments sans que rien n'indique une issue proche. Hier, c'était le tour du ministre de l'Information Ramzi Jreige d'adresser une mise en garde aux médias pour ne pas offrir une tribune aux ravisseurs et à ceux qui pourraient jeter de l'huile sur le feu dans un dossier aussi...

commentaires (5)

Voilà le type de spéculations de sources et de médias qui nuisent à cette affaire des soldats otages et à la sécurité de ces derniers, comme en avertissait hier le ministre de l'Information. Heureusemnt les ravisseurs ne savent pas lire le français.

Halim Abou Chacra

12 h 22, le 12 décembre 2014

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Commentaires (5)

  • Voilà le type de spéculations de sources et de médias qui nuisent à cette affaire des soldats otages et à la sécurité de ces derniers, comme en avertissait hier le ministre de l'Information. Heureusemnt les ravisseurs ne savent pas lire le français.

    Halim Abou Chacra

    12 h 22, le 12 décembre 2014

  • "l'accusation de Hariri montre soit une méconnaissance totale de la nature de la région, soit une complaisance, inconsciente ou non, à l'égard de ceux qui protègent les ravisseurs". Mais Scarlett , ok vous faites votre boulot de journaliste professionnelle , ok , mais vous savez bien que saad est complètement à l'ouest !!! il ne sait rien de ce qui se passe au Liban , il est inconscient , son absence physique et (intellectuelle) prouve qu'avec lui on ira pas bien loin , nous autres libanais . Mais faut faire avec tous les fils et (demi fils) de la nation ! Le problème est qu'avec des attardés on perd beaucoup de temps et du sang libanais ! heureusement que ce n'est qu'une exception libanaise dont vous êtes , vous Scarlett la règle générale !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 13, le 12 décembre 2014

  • .....et si ce n'était que ce satané dossier qui aurait du être traité à chaud.

    Tabet Karim

    08 h 57, le 12 décembre 2014

  • BARATINO... MAKHLOUTINO... AUX QUATRE ÉPICES ! TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD, SI CET ARTICLE (?) MAKHLOUTINO AURAIT ÉTÉ ÉCRIT PAR UN HEZBOLLAHI IL N'AURAIT PAS ÉTÉ ÉCRIT MIEUX ! UNE PHRASE DU HARIRI... CRITIQUÉ ! DES PAGES À REMPLIR DES AUTRES DEPUIS L'ENLÈVEMENT DES SOLDATS OTAGES ... ET... EXPLICATIONS D'INNOCENTINO... CRITIQUER TOUTES LES CONNERIES DE QUI QUE CE SOIT DEVRAIT ÊTRE LA DEVISE ! ALORS ? DÉCRYPTAGE... ÉCLAIRAGE...OU BARATINO ? BONNE JOURNÉE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 50, le 12 décembre 2014

  • vue sous cette optique la looool

    Bery tus

    02 h 35, le 12 décembre 2014

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