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Nos Lecteurs ont la Parole - Mounir El-KHOURY (UL)

Le rêve de Saïd Akl

Il disparaît comme un rêve, mais un rêve qui s'incarne en un héritage philosophique, une école d'excellence, une pensée approfondie, une conception originale de la patrie, un regard qui voit loin, vers des horizons innovateurs et glorieux, une culture inspirée d'une histoire antique qui dépasse les limites de la géographie.
«Le rêve, disait Valéry, est une hypothèse puisque nous ne le connaissons jamais que par le souvenir.» Le souvenir de Saïd Akl se transforme, par sa disparition, non pas en une pensée qui cherche à échapper aux contraintes du réel, mais en une vérité, une justice, une beauté qui tendent vers l'humanité, la lumière, la liberté et la force sereine.
Le Liban rêvé de Saïd Akl, c'est le Liban mère patrie. Il est la splendeur de la beauté, le cèdre millénaire, les vagues déferlantes, les cimes des honneurs, le ciel de cristal, le soleil rayonnant, la noblesse de l'épée, le repos de la tendresse, l'élévation de la prière, l'endroit idéal de la communication spirituelle, la reconnaissance, la gratitude.
Le Liban de Saïd Akl, exprimé par la voix angélique et rebelle de Magida el-Roumi, est le Liban de la hardiesse, de la véhémence, de la vigueur, de l'ardeur. Quant à Feyrouz, la diva majestueuse de la chanson libanaise, appelée par lui «notre ambassadrice auprès des étoiles», ne traduit-elle pas la réalité du rêve, les ambitions, les attentes et les espoirs du grand poète ?
Puisqu'il considère que l'armée libanaise est la seule garante de l'État, puisqu'elle est la colonne vertébrale et le ciment de la nation, qui osait lui adresser le moindre reproche devant Saïd Akl ? Le voici, dans les années 80, qui se dresse, comme la montagne libanaise, pour la défendre. Il va même lancer un appel fervent pour en sauver l'honneur, le sacrifice, la fidélité, le dévouement.
Quant à Zahlé, sa ville natale bien aimée, il avoue avec beaucoup de fierté : « Ana ibn Zahlé. » L'héroïsme, l'honneur, la dignité personnelle, la dignité nationale forment les assises de la personnalité zahléïote. « Je n'ai peur de personne, répliquait-t-il. J'ai suivi mes études primaires et complémentaires au Collège oriental quand il était dirigé par les Frères maristes. » « Là, je me suis initié à la noblesse d'âme, à l'élévation de l'esprit, à la dignité personnelle et par conséquent nationale. » «Savez-vous qu'en 1801, un Zahléïote a écrit l'hymne de Zahlé ? Zahlé ya dar es-salam ? Et aussi Min Bahina ila Sina, nahmi Bayt lahm (de Bahina – coteau surplombant Zahlé – jusqu'au Sinaï, nous défendrons Bethléem).
En linguiste éminent, Saïd Akl élabore, à partir de l'alphabet phénicien, une nouvelle langue. Puisque les Phéniciens ont établi le premier modèle et puisque « la lettre phénicienne est à l'origine de toutes les lettres », il crée une langue, composée essentiellement de phonèmes et de 8 voyelles !
Les trois femmes inspiratrices de Saïd Akl sont sa mère, la Sainte Vierge et Élissa, la fondatrice de Carthage. Pour lui, la femme est synonyme de beauté dans tout l'éclat de son existence. «Les femmes que j'ai aimées étaient très belles » , déclame-t-il. Pour lui, la beauté d'une femme n'est pas dans son apparence uniquement physique, mais aussi, mais surtout morale et spirituelle. « Ma mère, en 1901, connaissait l'arabe, le français et l'anglais », disait-il. La Sainte Vierge, qui symbolise la maternité dans toute sa splendeur et qui incarne le sacrifice par l'offrande de son Fils unique pour le salut des hommes. Et Élissa, la fille de Tyr ! Quel honneur pour la Phénicie que la gloire de Carthage s'apparente à elle !
Saïd Akl croit qu'un homme politique doit être persuadé qu'il va réussir là où d'autres ont échoué. Il est fier qu'un Zahléïote, Chebel Dammous, ait participé avec Michel Chiha et Mohammad el-Jisr à la mise au point de la Constitution libanaise en 1926. « La politique, disait-il, est une science. » Et aussi : « Elle est l'art et la pratique du gouvernement des sociétés humaines. » Saïd Akl s'indigne de la petitesse qui provoque le déshonneur. Puisque les hommes sont libres et égaux, comment peuvent-ils nuire les uns aux autres ? L'attrait de l'argent, et par conséquent du pouvoir, n'implique pas de blesser un être humain dans sa dignité ou dans son honneur par la parole ou par l'action. Francophone, il le fut par excellence. Son œuvre Sagesse de Phénicie reflète sa connaissance approfondie de la langue de Molière. Il fut impressionné par Valéry. « Valéry, disait-il, a exercé sur moi une attraction puissante. Il fut un maître du verbe. » Saïd Akl voulait propager l'héritage phénicien du Liban et faire comprendre au monde que le Liban, ce n'est pas seulement un site et une géographie, mais essentiellement un héritage historique phénicien, grec et romain. Son Liban est lieu de rencontre des civilisations, mais aussi, mais surtout un pôle d'attraction entre Orient et Occident qui produit tout ce qui est juste, vrai et beau. Nous sommes aujourd'hui, comme Saïd Akl se qualifiait, lui-même, « fiers mais pas orgueilleux » de l'héritage poétique, philosophique, patriotique et éthique qu'il nous avait laissé.
Les institutions d'enseignement préparent-elles le terrain apte à donner des hommes et des femmes qui pourront se frayer un chemin vers la gloire de leur pays et, par conséquent, donner une âme, comme le souhaitait Saïd Akl, au Liban ? !
Est-ce là un rêve condamné à se dissiper ou bien appelé à se réaliser ?

Mounir El-KHOURY (UL)

Il disparaît comme un rêve, mais un rêve qui s'incarne en un héritage philosophique, une école d'excellence, une pensée approfondie, une conception originale de la patrie, un regard qui voit loin, vers des horizons innovateurs et glorieux, une culture inspirée d'une histoire antique qui dépasse les limites de la géographie.«Le rêve, disait Valéry, est une hypothèse puisque nous ne le...

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Si certains niais étaient tourmentés par l'échec de leur désir de donner 1 âme au Liban, Äaëél, lui, était si prisonnier de son libanisme, qu'il le développa dans 1 ahurissement qui ressemble + à 1 incantation adressée au seul dieu-Liban ! D’où sa déification : "Pourquoi le Liban ? Non pas parce qu'IL est notre patrie. Mais parce que toute patrie n'est pas Lui." ! Son nom même est "étymologié" avec la mise à profit de la mystification phéniciste. Sa supériorité n'est + définie comme résultat d'1 particularité, car cette extravagance "bala äaëél" le pose comme supérieur à l'Occident (l’Aléééf wé Bééét est né sur sa terre) et diffèrent des Arabes (l'Arabisme étant dangereux pour ses Libanais(h) "vrais"). Ses frontières actuelles ne sont que minimales, bien en-deçà de la Phénicie yîîîh naturelle ! Les Palestiniens sont des ennemis absolus : "Chaque Libanais doit (s’occuper!) d’1 Palestinien" ! Cela le conduit à vouloir substituer le Liban à la Palestine comme Terre Sainte ! En filigrane de ce discours transparaissent les idéologies chréti(e)nnes, exprimées sans retenue dans 1 "pureté formelle limite. La polarité Village-univers s'exprime dans son "il faut Zahlaniser le monde", sa Zahlé(h)-ville mahééék, dont Saïîîîd est originaiiire ! Ce Äaëél a été marqué par sa culture éparse d'autodidacte et par son goût de l'écriture assourdissante. Il s'agit ici, au niveau politique, d'1 épiphénomène dont l'intérêt est de fournir 1 exemple limite du "libanisme" discursif type abrutissant.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 56, le 06 décembre 2014

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Commentaires (1)

  • Si certains niais étaient tourmentés par l'échec de leur désir de donner 1 âme au Liban, Äaëél, lui, était si prisonnier de son libanisme, qu'il le développa dans 1 ahurissement qui ressemble + à 1 incantation adressée au seul dieu-Liban ! D’où sa déification : "Pourquoi le Liban ? Non pas parce qu'IL est notre patrie. Mais parce que toute patrie n'est pas Lui." ! Son nom même est "étymologié" avec la mise à profit de la mystification phéniciste. Sa supériorité n'est + définie comme résultat d'1 particularité, car cette extravagance "bala äaëél" le pose comme supérieur à l'Occident (l’Aléééf wé Bééét est né sur sa terre) et diffèrent des Arabes (l'Arabisme étant dangereux pour ses Libanais(h) "vrais"). Ses frontières actuelles ne sont que minimales, bien en-deçà de la Phénicie yîîîh naturelle ! Les Palestiniens sont des ennemis absolus : "Chaque Libanais doit (s’occuper!) d’1 Palestinien" ! Cela le conduit à vouloir substituer le Liban à la Palestine comme Terre Sainte ! En filigrane de ce discours transparaissent les idéologies chréti(e)nnes, exprimées sans retenue dans 1 "pureté formelle limite. La polarité Village-univers s'exprime dans son "il faut Zahlaniser le monde", sa Zahlé(h)-ville mahééék, dont Saïîîîd est originaiiire ! Ce Äaëél a été marqué par sa culture éparse d'autodidacte et par son goût de l'écriture assourdissante. Il s'agit ici, au niveau politique, d'1 épiphénomène dont l'intérêt est de fournir 1 exemple limite du "libanisme" discursif type abrutissant.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 56, le 06 décembre 2014

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