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Liban - Funérailles

Pour ses funérailles, la fête...

Après la fête populaire, émotion et prière hier soir pour l'enterrement de la « fiancée du ciel ».

La fête, c’est ce dont elle avait rêvé pour ses funérailles. Ses fans et tous ceux qui l’aiment lui ont alors offert la plus belle des fêtes, hier, depuis Hazmieh jusqu’à Bdedoun, où elle repose désormais, auprès de son père et de son oncle. Une façon pour eux de dire merci à celle qui leur a donné tant d’amour et qu’ils considèrent comme « une légende », car elle a porté haut le nom du Liban.

Elle a donné tellement d'amour à son public, qu'il le lui a rendu au centuple hier, transformant ses funérailles en une véritable fête. Une fête comme elle l'avait rêvée, avec feux d'artifice, chansons populaires à tue-tête, fanfares, sons de cloches, youyous et applaudissements. Une fête qui a débuté dans la matinée à Hazmieh, où Sabah a rendu son dernier souffle, et s'est terminée dans la soirée, dans la froideur du cimetière de son village natal, Bdedoun. La chanteuse repose désormais en paix aux côtés de son oncle, Chahrour el-Wadi, et de son père, Gergi Féghali. « Un musée honorera bientôt sa mémoire », promet le président de la municipalité, Élie Hoyek. « Je retourne au village, à cette terre qui m'a élevée, embrasser cette terre que j'ai aimée et qui m'a aimée », disent pour elle les paroles de ses chansons, tracées sur de larges banderoles. Ou encore « Je m'en vais auprès de ceux que j'aime, souvenez-vous de moi en mon absence ».

(Ecouter : Quelques chansons pour se souvenir de la diva)

Elle a porté haut le nom du Liban

C'est accompagnée de milliers de fans, d'admirateurs et de proches, venus en famille des quatre coins du pays, que Jeannette Féghali, devenue la chanteuse libanaise la plus populaire du pays, a parcouru le chemin vers sa dernière demeure. Parmi ces fans, un groupe de 35 personnes dont un handicapé, venues du Sud, de Beyrouth, de Baalbeck et de la Békaa, rendre hommage « à l'humanité » et « l'amour pour tout le monde » de « la meilleure ambassadrice du Liban ». Khaled et Sabah Hafi sont eux venus de Sanayeh lui faire leurs adieux. « Nous sommes musulmans et venons à l'Église prier pour elle. Nous avons grandi en écoutant ses chansons. Elle nous a donné tant d'amour », disent-ils. Deux belles-sœurs qui habitent Baabda, Rita et Hayat Gergès, ont aussi tenu à réaliser en famille les dernières volontés de leur « fiancée du ciel ». « Nous avons fait de cette triste circonstance un jour de joie. Elle a porté si haut le nom du Liban », ont-elles dit.

À Bdedoun, les fans de Sabah attendent patiemment de lui rendre un dernier hommage.


Le parcours a nécessité plusieurs heures, vu la ferveur populaire ici ou là, depuis Hazmieh où vivait Sabah avant sa mort, à Wadi Chahrour où elle est « descendue » jeune, avec ses parents, en passant par la cathédrale Saint-Georges du centre-ville pour un hommage officiel, et jusqu'à l'avant-dernière étape, Houmal, le village voisin. Assis en retrait, à l'abri du froid, Roula Saad et Joseph Gharib affichent un regard triste. « J'ai perdu une personne humaine et une artiste, dit la jeune femme, qui chantait avec Sabah. Mais en même temps, chaque Libanais peut être fier d'elle, la diva du monde arabe. » Elle ne peut s'empêcher de sourire devant la foule qui attend : « Elle voulait tant l'amour des gens. » Coiffeur durant 20 ans et proche de la star disparue, Joseph Gharib pleure celle qu'il considère comme sa seconde mère. « Après elle, il n'y a plus de matin (Sabah). Quel dommage ! Son sourire ne la quittait jamais. Elle a mis de la joie dans le cœur des gens. Mais aujourd'hui, ils le lui ont rendu, dit-il à mi-voix, c'est ma consolation. »

(Voir : La vie de la diva en images)

Une légende qui ne se reproduira pas

Au lieu d'arriver à Bdedoun à 14h comme prévu, ce n'est qu'à 18h30 que le convoi funèbre a fait son entrée au village, sous une salve de feux d'artifice, précédant le cercueil recouvert d'un drapeau libanais et porté à bout de bras par les proches de la grande dame de la chanson populaire. Mais ni la nuit ni le froid hivernal n'ont refroidi la détermination de la foule qui attendait debout depuis des heures, devant l'église Notre-Dame, bougie à la main, en fredonnant les chansons de « sa chahroura » diffusées par les haut-parleurs. Joe Féghali, 10 ans, a attendu patiemment l'arrivée de son idole. Il savait à peine parler qu'il chantait déjà les chansons de Sabah, avec ses parents. « Je t'aime Sabah. Que Dieu aie ton âme. Tu es une légende qui ne se reproduira pas », lance sans hésiter ce jeune habitant de Broumana, originaire de Bsous. Une légende, non seulement pour ce petit garçon, mais pour tout un chacun ici, déterminé à être de la fête, pour respecter la volonté de Sabah, mais qui verse une larme, néanmoins. « Un membre de notre famille disparaît », dit tristement une vieille dame. « Elle aimait tellement son village. Ça se voyait dans ses yeux », avoue le jeune séminariste Patrick Moubarak.

Arrosé de pétales de roses et de fleurs à sa sortie de la cathédrale, au centre-ville, le cortège funèbre peut enfin entamer son long périple vers Houmal. Photo Ibrahim Tawil


C'est au son de la chanson Tallou Hbabna (Ceux qu'on aime sont arrivés) qu'est arrivé le cercueil de Sabah sur le parvis de l'église. De longs applaudissements ont retenti, accompagnés de youyous et de lancers de fleurs, alors que les hommes faisaient danser le cercueil, une dernière fois, au son du glas. Dans l'église bondée Notre-Dame de Bdedoun, réputée pour être la première et la plus ancienne de la région, lui a été rendu un dernier hommage religieux. Un hommage empreint de ferveur et de piété, non seulement à la grande Sabah qu'elle était, la diva de tous, immortelle et éternelle, mais à la fillette qui, à 12 ans, chantait des cantiques à la Vierge dans cette même église.


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Elle a donné tellement d'amour à son public, qu'il le lui a rendu au centuple hier, transformant ses funérailles en une véritable fête. Une fête comme elle l'avait rêvée, avec feux d'artifice, chansons populaires à tue-tête, fanfares, sons de cloches, youyous et applaudissements. Une fête qui a débuté dans la matinée à Hazmieh, où Sabah a rendu son dernier souffle, et s'est...

commentaires (5)

A voir sur you tube Sabah aux cèdres, chantant à 17 ans Béhyatak qalbi ala nar ! M a g n i f i q u e !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 39, le 01 décembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • A voir sur you tube Sabah aux cèdres, chantant à 17 ans Béhyatak qalbi ala nar ! M a g n i f i q u e !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 39, le 01 décembre 2014

  • Je pense qu'elle aurait adore sa mort auatant que sa vie , tout en fete , rires et beaute ... a un de ces 4 matins Sabbah !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 55, le 01 décembre 2014

  • LE MERLE DU LIBAN N'EST PLUS. QUE DIEU AIT PITIÉ DE SON ÂME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 25, le 01 décembre 2014

  • Oui, cette femme a donné "beaucoup d'amour" au Liban et aux Libanais. Dieu ait son âme.

    Halim Abou Chacra

    04 h 07, le 01 décembre 2014

  • On ne pouvait pas ne pas être ému ! Ferveur et liesse populaires plus que méritées pour notre Sabboûhâ nationale. Rézzallâh ! Vive ce Liban-là !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    01 h 40, le 01 décembre 2014

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