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À La Une - Liban

Sabah retourne à son village, "à la terre que nous avons aimée et qui nous a aimés"

Cérémonie d'adieux à la Chahroura, à la hauteur de son statut d'icône nationale.

Le Liban a fait dimanche ses adieux à Sabah, la diva de la chanson libanaise. Photo Ani

"Je les veux heureux en permanence, en ma présence mais aussi avec mon départ, comme j'ai toujours réussi à les mettre de bonne humeur. Souvenez-vous toujours de moi et aimez-moi". Elle a demandé à ses fans, dans ce message-testament, de ne pas la pleurer, de rester heureux et de danser la dabké. Dimanche a bien été quand même une journée triste pour le Liban qui a fait ses adieux à Sabah, la diva de la chanson libanaise.

Ravalant leurs larmes en respect pour sa dernière requête, les fans de la chahroura lui ont présenté une dabké, son cercueil porté à bout de bras, sur les airs de "Teela w tetammar ya dar", devant l’hôtel où la diva a vécu ses dernières années, à Hazmieh.

Le cortège funèbre s'est par la suite dirigé vers le centre-ville de Beyrouth pour les obsèques qui se sont déroulées en la cathédrale Saint-Georges des maronites. A l’entrée de l’église, devant des centaines de Libanais accueillant leur diva par les applaudissements, la fanfare de l'armée a joué les airs les plus populaires de Sabah, notamment "Teslam ya Aaskar Lebnan", une autre requête de la chahroura que le commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi, a tenu à respecter.

 


Photo Ani

 

L'office funèbre a été célébré par le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, assisté de l'archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, en présence notamment du Premier ministre Tammam Salam, des ministres de l'Education Elias Bou Saab, de l'Information Ramzi Jreige et de l'Environnement Mohammad Machnouk. Plusieurs députés ainsi que de nombreuses personnalités politiques, l'ambassadeur de Syrie au Liban Ali Abdel Karim Ali, des artistes libanais et égyptiens et une foule d’amis et de fans étaient également présents.

"Nous disons adieu à la chahroura avec joie, comme elle a demandé avant de partir, a déclaré le patriarche dans son oraison funèbre. Sa voix restera immortelle, elle qui avait accompli sa mission de semer la joie dans les cœurs de ses fans." Et de noter : "Sabah a soutenu les pauvres et est morte pauvre".

 

 

Après les obsèques, le cortège funèbre a quitté la capitale sous les applaudissements et les jets de riz et de pétales de roses. Les chansons les plus populaires de Sabah ont également été jouées une deuxième fois par la fanfare de l’armée. Le convoi s'est par la suite arrêté quelques minutes devant l’église Sainte-Thérèse, patronne de Sabah, à Fiyyadiyé.

 

Ultime étape de ces funérailles nationales et populaires, la dépouille mortelle de Sabah a été transférée à Bdadoune, son village natal où elle a été inhumée près de son oncle, chahrour (le merle) el-Wadi. Un accueil populaire a été réservé à la chahroura à Bdadoune ainsi que dans les villages voisins. Un musée qui lui sera entièrement dédié sera également construit, a annoncé le président de la municipalité de Bdadoune.

Les condoléances seront reçues dimanche, lundi et mardi dans le salon de la cathédrale Saint Georges, à Beyrouth, de 11h à 18 heures.

 

 

 

"On ne vit qu'une seule fois"
Sabah (Jeannette Féghali) s’était éteinte, mercredi dernier, à l'age de 87 ans, dans son lit à l'hôtel Comfort. Avec son départ, le monde arabe a perdu l'une de ses icônes, célèbre pour ses chansons expressives, ses rôles dans près de 100 films et sa vie sentimentale tumultueuse.

 

A Bdadoune, le village natal de Sabah. Photo Anne-Marie el-Hage

 

Sabah s'est lancée très jeune dans la chanson, dès 1940, entamant ainsi une longue carrière avec plus de       3 000 chansons et une cinquantaine d'albums. Elle a notamment chanté des airs traditionnels libanais produits en grande partie par les Frères Rahbani ou les compositeurs égyptiens Baligh Hamdi et Mohammad Abdel Aahab. Elle s'est produit dans les plus grandes salles du monde, comme l'Olympia à Paris ou l'Albert Hall à Londres.

 

(Voir : La vie de la diva en images)



Sabah a parallèlement mené une carrière fructueuse au cinéma, essentiellement en Egypte, où elle a tourné dans près de 100 films en compagnie des vedettes masculines égyptiennes comme Rouchdi Abaza, Salah Zoulfiqar, Abdelhalim Hafez et Farid Chawki.

La diva, qui refusait de vieillir, a continué ses dernières années à enregistrer des vidéo-clips et à participer à de grandes émissions de télévision. "L'artiste qui veut se maintenir au sommet ne se repose jamais", déclarait-elle à L'Orient-Le Jour en 2001. "J'ai été très courageuse dans ma vie. J'ai tout décidé moi-même et je n'en fait qu'à ma tête. On ne vit qu'une seule fois".

 

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