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Économie - Travaux publics

Le syndicat des entrepreneurs libanais dénonce « une situation alarmante »

Alors que près de 600 entrepreneurs attendent toujours d'être payés par l'État, le président du syndicat des entrepreneurs de travaux public (Sletp), Fouad el-Khazen, tire la sonnette d'alarme et suggère une refonte de la législation du secteur.

Plusieurs chantiers sont actuellement suspendus dans l’attente d’une réaction de l’État. Photo Bigstockphoto.com

Le Sletp a publié hier un communiqué dressant un état des lieux de la situation du secteur, jugée « alarmante » par son président Fouad Khazen. L'État devrait en effet près de 400 millions de dollars à près de 600 entrepreneurs engagés avec lui dans la réalisation de plusieurs chantiers, dont le coût total atteindra le milliard de dollars. La construction de barrages d'irrigation (pour près de 250 millions de dollars, selon le site Internet el Nashra) ainsi que des travaux de rénovation des infrastructures routières seraient ainsi concernés par cette ardoise vieille « d'une année à une année et demie », selon M. Khazen.
Le communiqué rappelle que le secteur des travaux publics « contribue à hauteur de 20 % du PIB », citant, pour illustrer ce propos, la formule prononcée par le député français Martin Nadaud s'exprimant, en 1850 devant l'Assemblée nationale de la Seconde République : « Quand le bâtiment va, tout va. » Contacté par L'Orient-Le Jour, M. Khazen explique que les « entrepreneurs de travaux publics au Liban sont pris en étau entre l'incapacité de l'État à honorer ses engagements financiers et la pression de leurs propres créanciers ». « Une situation aussi intenable qu'obscure et qui a d'ores et déjà mené à la suspension de plusieurs chantiers », précise-t-il. « Le plus dramatique, c'est que les projets paralysés ont été lancés pour répondre à des problématiques centrales pour l'avenir du pays, comme la gestion des ressources hydrauliques, dont les conséquences ont pu être constatées au courant de cet été. » Rappelons en effet que pendant cette période, plusieurs régions du Liban ont littéralement été privées d'eau courante pendant plus de quatre mois.

Pour une réglementation s'inspirant du droit privé des contrats
La crise politique et sécuritaire dans laquelle se trouve le Liban depuis plusieurs années a beaucoup contribué à aggraver la situation, comme le constate le président du Sletp. « Le blocage présidentiel comme le prolongement du mandat des députés ont eu un effet dévastateur sur l'allocation des crédits destinés à financer les travaux publics », poursuit M. Khazen. Or, dans ce contexte et compte tenu des règles qui régissent le secteur, un entrepreneur n'a presque aucun moyen d'obtenir le recouvrement de sa créance. Qu'il s'agisse en effet des sanctions financières ou administratives, des pénalités de retard, voire des compensations ou même de la résiliation unilatérale d'une concession de travaux publics, « l'entrepreneur fait face à un défendeur qui est en même temps juge et partie », affirme M. Khazen.
Conscients de cette situation, les acteurs du secteur tentent donc de trouver un consensus en proposant un échelonnement de leurs créances ou encore la conversion d'une partie de leur rémunération en bons du Trésor, entre autres moyens envisagés.
« Mais en l'absence de toute perspective d'amélioration sur le moyen terme, toutes ces solutions ne feront que retarder l'effondrement inéluctable d'un secteur en souffrance », explique M. Khazen, pour qui il est nécessaire de s'inspirer des pratiques qui ont cours dans le secteur privé, avec le droit des contrats comme pierre angulaire.
Rappelons que près de 1 500 entrepreneurs sont enregistrés au Sletp.

 

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