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Lifestyle - Tous les chats sont gris - Nightlife

Solomun aux platines d’Uberhaüs : l’électro choc

Sur le compte Facebook d'Uberhaüs, la boîte de nuit underground libanaise, on annonçait : Home is where the rave is. Le ton est donné. Pour le troisième anniversaire du club, samedi dernier, on a donc enfilé une paire de Stan Smith, un jeans et un tee-shirt pour aller affronter la nuit et les remix rugissants de Solomun.

Il fut un temps où la station de bus de Mar Mikhaël était connue pour être une de ces institutions d'État « naphtalinées » où une horde d'hommes en marcel jouent aux cartes entre des autobus rouillés et ravagés par les herbes folles. Samedi soir, pour le troisième anniversaire d'Uberhaüs, ce lieu a changé de bobines – du moins, le temps d'une soirée.

En arrivant sur place, on a l'impression que la nuit beyrouthine a baladé sa cour dans le futur, à bord d'un gigantesque vaisseau aux airs de Star Wars. C'est à ce genre d'engins fantastiques que ressemble, ce soir-là, la station de bus avec son immense préau parcouru par des rayons colorés, ses cars illuminés et garés en file de part et d'autre de l'enceinte et son plafond en Eternit transformé en pyramide de faisceaux polychromes. Il est 00h20, ça se bouscule à l'entrée. Le son est félin et semble s'échapper de gigantesques turbines.

On donne le code de la table au bonhomme debout à la porte. Bracelet jaune noué au poignet, on est prêt à braver la foule qui bougeotte déjà sur les beats du DJ Romax. Il faudra quarante minutes, montre en main, pour arriver à bon port. Le carré VIP qui surplombe la fosse remplie de fanas d'électro est investi par une crowd inespérée : des hommes en tee-shirt slim ou chemises décolletées, accompagnés de filles brushingées en microtenues, venus dépenser des liasses de billets sur des farandoles de bouteilles de vodka et de champagne. Assez surprenant pour une soirée qui se veut underground. Assez surprenant aussi pour ces quadragénaires en pleine mid-life crisis de se retrouver nez à nez avec les gosses de leurs copains. Une gorgée de vodka/Red Bull (si, si !) et tout ira bien. Plus tard, c'est avec les potes de leurs enfants qu'ils finiront la soirée chez Zaatar W Zeit.

01h10. Comprimée sous le plafond lumineux qui semble peser comme un couvercle, la foule explose littéralement lorsque Solomun arrive pour son set. Claquant des mains comme s'ils étaient en transe, des gens de tous les coins fendent la masse en colonne pour se faire une place au premier rang. Le public est happé dès le début du set grâce aux morceaux planants qui agissent rapidement sur les neurones déjà échauffés par la quantité de substances absorbées... S'il ne paye pas de mine avec son look d'ours mal léché, Solomun s'impose inévitablement comme le chef d'orchestre de la soirée. Sa musique fait sauter, transpirer et onduler. De loin, les stries lumineuses qui inondent les fêtards et les bus, transformés en vestiaires, donnent encore plus à l'endroit les contours d'une espèce de vaisseau spatial prêt à décoller. On s'oublie. Et pendant que le DJ déroule son set excitant avec une précision et un calme de premier de classe, les corps se heurtent, l'air se mouille et les tympans hurlent.

02h30. Seul bémol, Solomun offre sa house en restant concentré sur ses platines. Dès qu'il relève la tête, jette un coup d'œil pour prendre la température de son auditoire, le DJ bosnien revient aux platines et prouve son talent sans en faire trop.

03h30. Le public s'abandonne. Sous l'effet de l'alcool (et autres) ou des beats percutants, les yeux injectés de sang ou inondés de sueur, ils bougent, dansent ou sautent comme des yoyos. Même la copine trentenaire, qu'on croyait sage et pondérée, laisse échapper la bête en elle.

05h00. Imperturbable, Solomun, devenu roi d'Ibiza/Beyrouth, signe l'apothéose de la soirée avec son remix de The ClappingTrack, avant de se retirer sur la pointe des pattes pendant que le parterre enflammé applaudit hystériquement.

05h30. On fraye difficilement notre chemin jusqu'à Solomun pour que notre copine, complètement fan de lui, lui fasse la bise et lui sorte un I love you ! ! ! de tonnerre avant de se faire éjecter par les autres fans qui attendent leur tour. Et puis on s'en va, avec, au compteur : une paire de baskets bousillée, un tympan en moins, beaucoup de sueur ; de l'alcool et des décibels dans la tête. De la très bonne musique.

 

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En arrivant sur place, on...

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